L’emploi, priorité des priorités des pouvoirs publics tunisiens, fait l’objet, ces jours-ci, d’un débat généralisé.
La Banque mondiale s’en est mêlée. Elle a diagnostiqué, à sa manière, la situation et balisé des pistes pour réduire le chômage dans le rapport sur son partenariat avec la Tunisie pour la période 2010-2014.
Globalement, la Banque estime que « le modèle de croissance économique en Tunisie n’a pas généré, jusqu’à présent, suffisamment d’emplois pour une population de mieux en mieux instruite ». Conséquence : le chômage a été constamment élevé en Tunisie, atteignant 14,1% en 2008. Les catégories les plus touchées sont les jeunes et les personnes instruites.
Le chômage scanné
La Banque mondiale explique la situation par quatre facteurs.
Premièrement, la Tunisie se prévaut, démographiquement, d’un grand nombre de diplômés du supérieur. 57% des arrivants sur le marché du travail ont un diplôme universitaire. Pour la Banque ces diplômés sans emploi viennent gonfler l’offre de main d’œuvre de personnes instruites.
Deuxièmement, la Banque relève que les secteurs économiques existants (textile-habillement, agriculture, agro-industrie, composants automobiles, tourisme…), sont demeurés, essentiellement, intensifs en main d’œuvre à faibles qualifications et ne génèrent pas une demande suffisante de travailleurs avec un niveau post baccalauréat.
Troisièmement, la capacité des secteurs innovants à créer des emplois à forte intensité de savoir est insuffisante, et ce, en dépit l’intégration avancée à l’économie de marché et à l’attraction d’importants flux d’investissements directs étrangers.
Quatrièmement, la Banque estime que la participation de la femme sur le marché du travail demeure faible malgré les hauts niveaux d’éducation des femmes (qui s’inscrivent dans la majorité des diplômés du supérieur).
La solution : l’économie du savoir
Pour pallier cette situation, la Banque Mondiale propose une conversion de l’économie tunisienne en une économie à forte intensité de savoir. L’objectif est de faire basculer la demande de main d’œuvre vers les plus instruits.
Pour y arriver, la Banque recommande d’agir sur deux fronts : le marché du travail et la disponibilité de compétences en nombre suffisant et en qualité.
S’agissant du marché du travail, la Banque mondiale pense qu’il est relativement rigide. Cette rigidité est perceptible à travers la distribution des emplois entre travail formel et informel laquelle affecte négativement la productivité et la tendance des entreprises tunisiennes à créer des emplois informels.
Cette même rigidité est liée à la protection sociale des travailleurs. La Banque estime que cette protection, fournie actuellement par les entreprises, devrait être assurée par des dispositifs généraux neutres
Elle suggère au gouvernement tunisien de simplifier au maximum les règles et procédures régissant le recrutement et le licenciement, la compression des dépenses et la restructuration des entreprises.
Le deuxième préalable à réunir est de mettre à la disposition des entreprises des compétences à leurs besoins. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. L’enquête des entreprises menée par l’Institut des Etudes quantitatives (IEQ) a révélé que 60% des entreprises enquêtées ne trouvent pas les profils d’ingénieurs, de techniciens et de travailleurs qualifiés qu’ils souhaitent.
La solution proposée par la Banque mondiale passe par une réorientation de l’enseignement supérieur aux secteurs techniques et scientifiques, outre, une focalisation sur la formation de compétences englobant le recyclage des travailleurs dans les secteurs traditionnels et l’adaptation de la formation dans le supérieur aux besoins d’une économie fondée sur le savoir.
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