Le ministre du développement et de la coopération internationale, Yassine Brahim est intervenu ce matin pour commenter entre autres le nouveau code des investissements, et revenant brièvement sur la dernière participation tunisienne au forum économique de Davos, écourtée en raison des contestations sociales qui ont secoué le pays, Néanmoins les rencontres ont été de bon augure pour l'image de la Tunisie, selon Brahim, en vue de remonter la pente après la forte contraction des investissements qu'à connu le pays, dont la croissance moyenne sur les 5 dernières années s'est limitée à 1,6%, essentiellement tirée par la demande intérieure, ce qui à long terme n'est pas saint, a-t-il insisté.
Yassine Brahim a rappelé, sur les ondes d'Express Fm, que la note d’orientation stratégique du plan de développement 2016-2020 prévoyait une croissance de 10% des investissements cette année, avant de retrouver progressivement un rythme de croissance de 24 à 25% à l‘horizon 2020. Pour cela, outre les incitations et les législations, la croissance des investissements nécessite la stabilité, tout d’abord politique, compromise aujourd’hui, note le ministre, mais aussi sociale et sécuritaire. A ce niveau, Yassine Brahim a indiqué qu’une cellule mise en place au sein du ministère se chargeait depuis quelque temps du suivi des blocages et mouvements de contestations qui surviennent sur certains sites de productions, et est en contact quotidien avec les ministères concernés. Il y a lieu de signaler un effet moutonnier selon les termes de Yassine Brahim, qui fait que les mouvements de contestations se multiplient et dont certains sont abusifs et dépassent la simple aspiration au travail, fait remarquer le ministre.
Outre la situation politique, que Yassine Brahim qualifie de tempête et qu’il espère passagère, le ministre a relevé certaines améliorations dans le cadre général pour l’amélioration de l’attractivité des investissements en Tunisie, notamment sur le plan des infrastructures avec une accélération des investissements publics en 2015, du moins au niveau des approbations de nouveaux projets, qui s’est améliorée de 70% pour une enveloppe de 5 milliards de dinars, selon Yassine Brahim qui reprend les chiffres fournis par la Commission Supérieure des Marchés (CSM). Il faudra ensuite travailler sur le climat des affaires et les incitations, d’où le rôle du code des investissements, en gestation depuis 2007, rappelle Brahim, très attendu vue que le dernier code remonte à 23 ans. L’économie tunisienne est marquée par la faiblesse relative de l’investissement privé qui ne représente que 60% du total, indique Brahim, loin derrière des pays comparables comme le Maroc (78%) ou l’Egypte (75%), ceci est du à la non libéralisation de certains secteurs toujours aux mains de l’Etat et les complications procédurales qui ralentissent certaines activités, il a rappelé à ce titre que depuis 2008 aucune autorisation n’a été accordée dans la grande distribution, allusion aux hypermarchés alors que les opportunités existent aussi bien dans les zones côtières qu’à l’intérieur du pays. Le nouveau code des investissements consacre la création d’une cellule anti-bureaucratie déployée à un niveau régionale et défendant les investisseurs au niveau front office, d’autant plus que les complications à ce niveau sont une origine directe de la corruption. C’est sous le poids des procédures compliquées et de la bureaucratie omniprésente que la Tunisie s’est donné une mauvaise image, explique Brahim, ce qui est souvent reflété dans les divers classements, à l’image de Doing Business ou le dernier classement sur la liberté économique du Wall Street Journal.
Le code d’investissement de 25 articles sera examiné à partir de vendredi par la commission des finances, de la planification et du développement relevant de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a annoncé Yassine Brahim, il sera opérationnel en mars avec un gain de temps substantiel vu que les décrets d’applications sont à leurs tours prêts. L’ARP examinera aussi sous peu le projet de loi relatif au nouveau statut de la Banque Centrale, puis la loi bancaire et le code unique de la fiscalité qui sera prêt au cours du 1er semestre 2016, autant d’éléments qui montrent un rythme de réformes soutenu, se félicite le ministre, il faudra ensuite soigner la vitesse d’exécution de tout ce qui a été décidé, a-t-il insisté. S’agissant de la lenteur administrative, Yassine Brahim a affirmé que l’administration était trop pointée du doigt, alors que le problème se situe souvent dans les zones grises des lois qui poussent les agents de l’administration à la prudence par craintes des sanctions, il faudra donc clarifier les lois au maximum. Par ailleurs, et au niveau régional, l’administration est confrontée à un manque de moyens qui la soumet à des pressions très fortes.
Interrogé sur les privatisations, en l'occurrence éventuellement celle de Tunisair, le ministre a indiqué que ce n'était pas une priorité en l'état actuel des choses, la priorité actuelle étant de relancer l’investissement sur les 5 prochaines années. Il a néanmoins indiqué qu'il n'y avait aucune raison de ne pas privatiser la compagnie, d’autant plus que l’éventualité de partenariat avec des compagnies aériennes internationales ouvrirait la voix à la Tunisie pour devenir un véritable Hub pour la région méditerranée.
Pour la promotion du code des investissements, l’idée est d’organiser un événement d’envergure à l’image de ce qui a été fait à Marrakech ou à Charm El Sheikh, explique Yassine Brahim, un évènement rayonnant qui de ce fait nécessitera parmi les organisateurs de grandes firmes pour un vrais travail de lobbying, d’où l’appel à manifestation d’intérêts pour la désignation d’un consortium regroupant l’organisateur et la Banque d’Affaires qui l’accompagne. Cinq Banques d’Affaires ont d’ores et déjà répondu à l’appel, dont Arjil, Rothshild et Lazard, a annoncé le ministre. Le choix pour le timing reste à faire a-t-il ajouté, ce sera probablement en septembre.