Libye : Le FMI appelle à des réformes urgentes face aux déséquilibres économiques persistants

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Stephanie Eble, a visité Tunis du 10 au 14 novembre pour discuter des récentes évolutions économiques en Libye, des perspectives macroéconomiques et des priorités de réforme des autorités. À l’issue de la visite, Eble a déclaré que la croissance du PIB en 2025 est soutenue par une augmentation de la production pétrolière, mais les dépenses budgétaires restent élevées. Les divisions politiques persistantes ont empêché l’adoption d’un budget unifié, entraînant la poursuite de dépenses incontrôlées venant s’ajouter à un niveau de dépenses déjà très important en 2024, a ajouté l'économiste du FMI. Cela a maintenu les déficits budgétaire et du compte courant à des niveaux élevés, exerçant une pression sur les réserves de la banque centrale et alimentant l’écart entre les taux de change officiel et parallèle. Malgré ces pressions, les réserves internationales demeurent à des niveaux confortables. L’inflation déclarée reste faible.
 
Les perspectives sont marquées par une forte incertitude, avec des risques orientés à la baisse. Les déficits jumeaux — budgétaire et du compte courant — devraient persister à moyen terme. Les risques concernent principalement la poursuite des dépenses incontrôlées et la fragmentation politique actuelle. Par ailleurs, étant donné la dépendance de la Libye à l’égard des recettes pétrolières tant que l’économie ne diversifie pas ses sources de croissance, des investissements adéquats dans le secteur pétrolier sont nécessaires pour maintenir les niveaux actuels de production.
 
Par conséquent, parvenir à un accord sur un cadre de dépenses budgétaires cohérent avec les équilibres interne et externe constitue la priorité politique absolue de la Libye. Cela doit se faire dans le cadre d’un budget unifié.
 
Un budget unifié doit être soutenu par des réformes globales des dépenses. À cet égard, la récente mise en place d’une plateforme centralisée de paiement instantané des salaires constitue une avancée bienvenue pour renforcer la transparence, réduire la corruption et améliorer le contrôle de la masse salariale. Les autorités sont encouragées à faire de cette plateforme le principal canal de paiement des salaires et à étendre cette réforme à d’autres catégories de dépenses. Il est également important que les futurs investissements soient guidés par un plan d’investissement pluriannuel transparent et hiérarchisé, aligné sur la marge budgétaire disponible et la capacité d’absorption de l’économie. Aborder la réforme longtemps retardée des subventions demeure également une priorité politique essentielle.
 
La Banque Centrale a pris des mesures pour limiter les pressions exercées par les dépenses publiques élevées sur le taux de change. Elle a injecté des liquidités en devises étrangères et délivré de nouvelles licences aux bureaux de change pour formaliser le marché. De plus, le retrait des billets contrefaits a été achevé en septembre, ce qui contribue à préserver l’intégrité du système de paiement.
 
Elle a également relevé les réserves obligatoires à 30 %, les ratios de liquidité à 35 % et introduit de nouveaux certificats d’investissement conformes à la charia pour absorber l’excès de liquidité. Des instruments monétaires supplémentaires sont essentiels pour permettre à la banque centrale de gérer cet excès de liquidité et de réagir de manière proactive à l’évolution de la situation macroéconomique. Le personnel du FMI attend avec intérêt la stratégie d'inclusion financière, qui soutiendra les efforts de la CBL pour développer davantage les paiements numériques. Il est important de souligner que, dans un contexte économique difficile, préserver l’indépendance de la banque centrale est essentiel pour maintenir la stabilité financière et la confiance des marchés.
 
Le FMI reste déterminé à fournir un appui au renforcement des capacités aux autorités libyennes pour relever certains de ces défis, notamment en matière de comptes nationaux, de statistiques des prix, d’instruments de politique monétaire, de gestion des finances publiques et de supervision bancaire. Le personnel se félicite particulièrement de l’initiative de la CBL de participer au Code de transparence des banques centrales du FMI, qui peut contribuer à renforcer son cadre de transparence et de responsabilité conformément aux bonnes pratiques internationales.
 
L’équipe de mission se réjouit des prochaines consultations au titre de l’Article IV, qui devraient avoir lieu au printemps 2026.
 

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