Parmi les articles qui ont traité la dernière sortie de la Tunisie sur le marché obligataire international, notre confrère américain Learnbonds, que nous remercions pour nous avoir donné la possibilité de publier un article fort intéressant sur la question, a présenté une analyse par un expert en la matière, Paul Shea, qui suit les marchés internationaux de la dette.
Dans son analyse consacrée à l’émission tunisienne, Paul Shea considère que celle ci démontre un soutien fort du marché aux réformes démocratiques en Tunisie.
L’auteur souligne que la Tunisie n'avait jamais effectué une telle sortie de manière indépendante, recourant auparavant au soutien des Etas Unis et du Japon. L'expert rappelle que Moody's a attribué la note Baa3 à l'obligation tunisienne, un rating qui la place dans la catégorie Junk bond ou obligations à haut risque. Selon lui, les investisseurs ne se sont pas apparemment découragés par cette note. L’auteur attribue l’acceptation par les investisseurs d’un faible rendement pour ce papier à haut risque au besoin de fuir l'Europe.
L’expert ajoute dans son argumentaire que le bon déroulement des élections a certainement ravivé la confiance des investisseurs, d'autant plus que la comparaison à d’autres pays voisins qui ont enclenché des processus similaires laisse croire que le caractère pacifique des élections tunisiennes est une chose rare. L’expert prévient toutefois que des yields (taux de sortie) aussi bas peuvent constituer un danger et pas seulement pour les souscripteurs.
La Tunisie est actuellement en train de capitaliser sur sa transition démocratique pour avoir la faveur du marché, les officiels affirment que l'élection d'un gouvernement stable conduira à des rendements baissiers. Il est vrai que les investisseurs internationaux sont affecté par les rendements négatifs en Europe cherchant à assurer un peu de rentabilité sur leurs placements à revenus fixes.
Hakim Ben Hammouda, alors ministre des finances, avait fait part au Financial times du feedback positif reçu auprès des investisseurs, impressionnés par le progrès accompli en 2014 et le succès des élections, a-t-il ajouté, soulignant les défis politiques et économiques auxquels la Tunisie est confrontée.
Paul Shea rappelle pour l'exemple, que des pays voisins ayant connu pareilles révolutions sont confrontés à des taux d'intérêts bien plus élevés, à l'image de l'Egypte qui paie 15% sur ses emprunts à 10 ans, la Tunisie a montré plus de stabilité et les investisseurs en mal de rentabilité sont prêts à prendre tous les risques, y compris les plus élevés possibles.
Les taux d’intérêts sont capricieux. Dans un environnement de taux bas qui se maintient aussi longtemps, les investisseurs cherchant des gains à travers les rendements obligataires commencent à agir d’une façon tolérante. La BCE avait créé une atmosphère que beaucoup croient qu’elle va exercer une pression à la baisse sur les taux obligataires à l’échelle internationale.
Le 10 ans allemand avait un rendement similaire à celui tunisien en fin des années 90. Le Bon américain de même maturité traitait à 5% immédiatement avant la crise économique de 2008. Il n’y a pas d’équivalence entre rendement et risque, du moins à travers le temps. Il y aura toujours des investisseurs en instruments à taux fixe qui cherchent le meilleur deal possible dans les mauvais contextes et des spéculateurs qui cherchent à acheter et vendre des obligations sur la base de la volatilité.
Enfin l’expert avertit qu’un environnement de taux bas peut constituer un très mauvais contexte pour le développement de pays, comme la Tunisie, peu habitués aux marchés de la dette et qui sont attirés par le faible niveau des yields car quand les taux remontent ils peuvent se retrouver en situation périlleuse qui se transforme en cercle vicieux, une situation dans laquelle se trouve l’Egypte à titre d’exemple.
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