Le Conseil a passé en revue, au début de ses travaux, les évolutions récentes de la conjoncture économique internationale et en particulier les prévisions de croissance de l’économie mondiale actualisées par la Banque Mondiale et le FMI dans leurs rapports respectifs sur les perspectives économiques dans le monde, parus en janvier dernier. Ces deux institutions ont signalé une légère amélioration attendue de la situation de l’économie mondiale en 2015, malgré la persistance de risques inhérents à la divergence des trajectoires de l’activité économique entre les principales zones dans le monde et ce, en raison de la morosité affectant les économies de la Zone Euro et de certains pays émergents, outre les pays exportateurs de pétrole qui pourraient être affectés par la chute des prix de ce produit.
A l’échelle nationale, le Conseil a noté le succès des autorités tunisiennes dans l’achèvement de l’émission d’un emprunt obligataire, portant sur un montant de 1 milliard de dollars pour une durée de dix ans (2015-2025), ce qui permettrait de couvrir une bonne partie des besoins financiers du Budget de l’Etat, au titre de l’année courante, et de consolider les réserves en devises de la Banque Centrale, tout en saluant le regain de confiance des marchés financiers internationaux dans le pays surtout avec l’embellie des perspectives de la notation financière de la Tunisie auprès des agences internationales concernées et ce, en rapport avec la détente de la situation politique dans le pays, ce qui devrait renforcer à l’avenir sa capacité à mobiliser les ressources financières extérieures nécessaires au financement de l’économie.
Le Conseil a également pris connaissance des dernières actualisations du taux de croissance économique pour l’ensemble de l’année 2014, qui a été légèrement révisé, au cours du mois précédent, de 2,4% à 2,5%, sachant que le taux de croissance prévu pour l’année 2015 devrait se limiter à 3%, soit un taux qui demeure modeste compte tenu de l’importance des défis en matière de relance de l’investissement et de l’emploi.
Sur le plan sectoriel, le Conseil a constaté la poursuite du ralentissement de l’évolution de l’indice général de la production industrielle, au cours des dix premiers mois de l’année 2014 (+0,3% contre 2,1% au cours de la même période de l’année précédente), en rapport avec la baisse de la production non-manufacturière d’une part, et le ralentissement de la production manufacturière d’autre part.
En revanche, une hausse des exportations a été enregistrée dans les principaux secteurs orientés à l’export, au cours du mois décembre, surtout pour les industries mécaniques et électriques et les industries des textiles, habillement, cuir et chaussures, parallèlement à une reprise des importations des matières premières et demi-produits et à une accélération du rythme des importations des biens d’équipement, ce qui augure de perspectives positives de croissance dans l’avenir.
Toutefois, le Conseil a exprimé ses inquiétudes concernant la situation du secteur des services qui a vu ses principaux indicateurs d’activité poursuivre leur repli en décembre dernier, surtout dans les secteurs du tourisme et du transport aérien.
Pour ce qui est du secteur extérieur, le Conseil a signalé la persistance de l’évolution négative, illustrée par l’accroissement du déficit courant en 2014 par rapport à l’année 2013, qui s’est élevé à 7.385 MDT où l’équivalent de 8,9% du PIB, contre 6.302 MDT et 8,3% en 2013. En particulier, le Conseil a examiné de près le dérapage continu du déficit commercial qui a atteint un niveau record (13,6 milliards de dinars), alors qu’il n’a pu être couvert par l’excèdent de la balance des services qu’à hauteur d’environ 23%. Néanmoins, et malgré ces évolutions, le niveau des réserves nettes en devises a été consolidé, atteignant 15.055 MDT où l’équivalent de 129 jours d’importation, à fin janvier 2015, contre 112 jours au terme de l’année dernière, et ce, grâce à l’intensification des efforts de mobilisation des financements extérieurs, où les entrées nettes de capitaux étrangers se sont élevées à 9 milliards de dinars au cours de l’année 2014.
S’agissant de l’évolution des prix, le Conseil a relevé une tendance positive reflétée par le ralentissement continue de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, depuis le début du mois de juillet dernier, pour atteindre 5% en glissement annuel, en décembre 2014. En conséquence, le taux d’inflation a enregistré une baisse sensible durant toute l’année 2014, soit 5,5% en moyenne annuelle, contre 6,1% en 2013. Cette tendance a concerné aussi bien, les prix des produits libres, que ceux des produits encadrés.
Lors de l’analyse des récentes évolutions de l’activité du secteur bancaire, le Conseil a relevé une amélioration de l’évolution des dépôts au cours de l’année 2014 (8,2% contre 7,4%), en relation surtout avec la consolidation des dépôts à vue. De leur côté, les concours à l’économie ont enregistré, également, la même tendance, au cours de la même période (9,4% contre 6,8%), suite notamment, à l’évolution accélérée des crédits à court terme avec un taux de 18,3%, soit le rythme le plus élevé depuis quatre ans.
Au niveau monétaire, le Conseil a noté une poursuite de la tendance à la baisse des besoins de liquidité des banques, au cours du mois de janvier 2015, où les opérations de politique monétaire de la Banque Centrale se sont repliées pour revenir à 3.418 MDT, en moyenne quotidienne, contre 4.352 MDT en décembre 2014. Pour sa part, le taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire a connu une quasi-stabilité, pour se situer à 4,89%, au terme du mois de janvier.
Quant au taux de change, la parité du dinar a enregistré une appréciation de 3,3% face à l’euro, contre une dépréciation de l’ordre de 4% vis-à-vis du dollar, le 29 janvier courant et par rapport à la fin de 2014, pour atteindre respectivement, 2,1908 dinars et 1,9384 dinar.
A la lumière de ces évolutions, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
Egalement, le Conseil a été informé de la décision de la Banque Centrale relative à la suppression de la réserve obligatoire au taux de 30% sur les crédits à la consommation octroyés par les banques, et ce, en vue d’atténuer les pressions sur la liquidité bancaire.
Enfin, le Conseil tient à souligner l’importance des défis qui s’imposent à l’économie nationale et qui exigent de toutes les parties prenantes de valoriser le climat politique propice à mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires à l’impulsion de la croissance et de l’emploi. Ce qui requiert, en outre, une maitrise des risques pesant sur les équilibres financiers globaux dont, en premier lieu, l’équilibre du secteur extérieur, et l’intensification des efforts visant la rationalisation de la consommation et de l’importation, le renforcement des secteurs productifs et l’amélioration de leur compétitivité en leur fournissant l’appui nécessaire à même d’assurer la reprise du rythme des exportations.
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