L’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ), relevant du Ministère du Développement de L’investissement et de la Coopération Internationale, a publié son dernier rapport sur la dette publique pour le mois de mars 2020.
Le document établi par Zouhair El Kadhi, directeur général de l'ITCEQ, et Mohamed Haddar, président de l'Association des économistes Tunisiens, souligne le recours croissant à l'endettement : après les 9953,9 MD contractés en 2019, le niveau des nouvelles dettes est attendu à 11 248 MD cette année. La dette publique est passée de 25639,9 MD en 2010 et atteindra les 94068 MD au terme de l'année en cours, frôlant les 80% du PIB.
Les auteurs évoquent également une évolution risquée de la structure de la dette publique : la proportion de la dette externe passera de 60 à 75% en 2020 selon les estimations. La répartition de la dette en devises donne 48% en euros en 2020 (contre 43% en 2014), 11% en dollars en 2020 (contre 16% en 2014), 28% en Yen japonais cette année (contre 27% il y a 6 ans), et 13% pour les autres devises (stable depuis 2014).
Distribuée par bailleurs de fonds, la part des marchés financiers passera de 29 à 36% entre 2014 et 2020, celles des sources bilatérales de 22% à 16%, et celles des sources multilatérales de 49 à 48%.
Le service de la dette extérieure verra son poids sur le budget de l'Etat s’accentuer en 2020 à 3,9% contre 3,7% en 2019, malgré une réduction du pourcentage du principal de la dette extérieure sur le Budget de l'Etat, de 12,4% en 2019 à 10,1% prévus pour la fin de l'année en cours. Cette situation pousse la Tunisie à s'endetter pour rembourser sa dette, le service de la dette extérieure/nouvelle dette extérieure reste élevé, malgré une baisse prévue en 2020 par rapport à 2019, de 93 à 84%.
Le rapport revient, par ailleurs, sur les conséquences lourdes de la dépréciation du dinar. L'effet change dans la hausse de la dette publique entre 2014 et 2020 est évalué à 17 MD. La facture en devises pèse sur la balance des paiements. L'échéancier du service de la dette extérieure prévoit 6617 MD, et connaitra un pic de 7978 MD en 2024.
Pour affronter cette situation et stabiliser la dette, l'ITCEQ, donne la priorité à la maitrise des dépenses, dont l'ampleur réduit aujourd'hui les marges de manœuvre, principalement en raison de la domination de la masse salariale dans la structure du Budget de l'Etat. Elle représentera en effet 40,3 MD en 2020, contre 24,7 MD pour le service de la dette publique dans sa totalité.
Il faudra aussi impérativement relancer la croissance, qui s'est arrêtée à 1% en 2019, contre 2,5% en 2018 et 1,9% en 2017.
Autre élément primordial, la mobilisation du potentiel fiscal, surtout avec les 32,3% des acteurs économiques qui opèrent dans l'informalité, et le cinquième des emplois salariés non imposés, selon l'ITCEQ, et en fin les contribuables en défaut, soit 63 mille entreprises. Le premier groupe représente à lui seul 3,4 MD.
Dans le même contexte, l'ITCEQ constate le coût élevé pour l'économie d'un système fiscal "complexe, instable, et non transparent", malgré les 530 dispositions fiscales, sur la seule période 2011-2016. L'autre anomalie est, selon le rapport, la faiblesse du taux de couverture du control fiscal approfondi, qui reste à seulement 1%. La fraude fiscale représentait 1200 MD en 2015, selon les chiffres estimés par l'ITCEQ.
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