La nouvelle équipe dirigeante de Maghreb International Publicité, en les personnes de Maher Ben Salem, Président Directeur Général de la société et Antonio Vincenti, CEO du groupe Yellow Spirit, a réuni hier en communication financière, les analystes et médias au siège de la Bourse de Tunis pour faire le point sur la situation de la sociétés, qualifiée de catastrophique par le PDG, et ses perspectives d'avenir après son acquisition par le consortium libano-tunisien d’un bloc de contrôle de 2 918 967 actions et droits de vote représentant 66,36% du capital de la société. Les sociétés Yellow Spirit et Lawhat Tunisie détiennent respectivement 38,65% et 27,71% du capital de MIP acquis auprès des fondateurs historiques de MIP hédi et Mehdi Chariha au prix unitaire de 1 DT, soit à la valeur nominale de l’action. Rappelons qu’en août 2014, la société a été introduite sur le marché alternatif de la bourse de Tunis par l’intermédiaire MCP, MENA CAPITAL PARTNERS, à 4,7 DT. En deux ans, le titre a perdu prés de 78% de sa valeur. Un véritable désastre boursier pour les investisseurs qui ont cru dans un business plan qui prévoyait une marge nette de 19% pour 2017 alors qu’elle venait tout juste d’afficher une marge négative de -5% en 2013.
Antonio Vincenti est tout d'abord revenu sur les motivations de Yellow Spirit, créé il y a 30 ans et qui depuis s'est implanté dans plusieurs pays du Moyen Orient, et plus récemment au Mali, au Niger et en Cote d'Ivoire. Le groupe Libanais voulait mettre un pied en Tunisie, c'est en ce sens le seul intérêt qu'il pouvait avoir pour Maghreb International Publicité, une société certes en difficulté mais qui reste bien positionnée sur plusieurs secteurs de la publicité extérieure en Tunisie, du moins au moment où le deal prenait forme. MIP réalisait en 2010 un CA de 8,161 MDT pour un bénéficie net de 1 MDT. Cet historique plaidait en quelque sorte en faveur de la société qui comptait parmi les leaders du secteur.
Revenant sur l'opération, Ben Salem, conseiller du groupe libanais, a affirmé que le processus avait pris plusieurs mois de retard, le groupe souhaitait finaliser la transaction au mois de février, il a fallu ensuite attendre jusqu’en août 2016, période durant laquelle MIP a perdu plusieurs client importants dont des concessions municipales, dans un contexte où le marché a connu une flambée de l'affichage anarchique ce qui affecter le paysage urbain déjà atteint par une forte pollution visuelle depuis la révolution, ce qui s'est traduit par une hausse de l'offre allant jusqu’à 35%, alors que les investissements publicitaires ont enregistré un fléchissement important, crise oblige, autant de facteurs qui ont conduit à une baisse des prix de vente. Rappelons que les indicateurs d'activité au 30 juin de la société faisaient état d'une baisse de 43,59% des revenus, le résultat d’exploitation s’est ainsi situé à -1,3 MD alors que le résultat net s’est établi à -1,7 MD.
Les premières actions consisteront pour Vincenti à dresser un bilan exhaustif de la situation de MIP, il faudra ensuite beaucoup d’efforts pour redresser la barre, à commencer par d’importants investissements en panneaux pour remplacer ceux qui ne répondent pas aux standards de qualité du groupe, de nouvelles provisions seront également constituées, autant dire qu’il faudra plusieurs années pour remettre la société sur les rails, selon le numéro 1 de Yellow Sprit. Une autre façon de dire que l’actionnaire minoritaire risque fort d’être dilué par les multiples augmentations de capital à prévoir ; Seule certitude, le nouveau management n’a pas une idée claire sur le plan de restructuration financière à envisager ni les montants à engager, et ce à quelques jours du dépôt du projet de l’offre et la fixation de ses modalités ; Les acquéreurs affirment par ailleurs que les filiales cachent leurs lots de surprise, d’où la volonté du consortium de se défaire de certaines structures sous-capitalisées sans intérêt stratégique, et se situant en dehors de la communication outdoor. La société MIME Energy spécialise dans les ventes et installation de kit d’assemblage photovoltaïque sera probablement destinée à la vente. L’option d’un cash-in conséquent semble plausible puisque le groupe libanais compte remettre l’affaire à flot afin de rassurer les annonceurs et les partenaires commerciaux; Cela passera par une restructuration en dehors de la bourse selon la vision de M Vicenti qui incite les détenteurs des 34% du capital restant à proposer leurs actions dans le cadre de cette OPA. MIP devra être retiré de la cote si l’opération réussit ; Par ailleurs, les protagonistes n’en donnent aucune information sur les pourparlers avec les banques créancières sur une éventuelle opération de refinancement. L’adhésion des banques tunisiennes se résument à ce stade à se garantir de nouvelles cautions auprès des nouveaux actionnaires et leurs partenaires financiers après la sortie des Cheriha ; Il est prématuré donc de statuer sur le sort des 11 MDT de dettes bancaires dans le bilan du groupe.
Un analyste a déploré le manque d’informations sur la stratégie de développement de la part du nouvel acquéreur qui aurait guidé les petits porteurs dans leur arbitrage dans le cadre de l'OPA obligatoire, le management a répondu que de toutes les façons l’OPA sera une très bonne occasion pour les 200 petits porteurs pour « s’en sortir » à temps, vu la situation de la société. Une seule façon permettra aux acquéreurs de convaincre les petits porteurs de vendre, c’est de leur offrir une prime intéressante par rapport au cours boursier actuel et au prix de la transaction de bloc. Toutes les OPA qui ont eu lieu, récemment, se sont soldées par un résultat infructueux en raison de la faiblesse de la prime offerte, a renchérit le même analyste. En effet, il semble que les petits porteurs tunisiens préfèrent rester avec les nouveaux managers, croyant fermes qu’ils ne peuvent être pires que les précédents.
Khaled Zribi, avait auparavant pris la parole pour rappeler que le marché alternatif était dès le départ destiné aux investisseurs institutionnels avertis, déplorant que 13% du flottant soit détenu par des particuliers. Deux gros investisseurs institutionnels semblent disposés à offrir leurs titres, selon les repreneurs ; Reste à savoir, à quel prix.