Dans sa note périodique de janvier 2016, la Banque Centrale de Tunisie analyse la conjoncture actuelle, marquée sur le plan international par la reprise fragile de la croissance économique mondiale attendue en 2016 et 2017 et le repli des prix internationaux de produits de base, (sixième baisse mensuelle consécutive en décembre soit 7,1%, d’un mois à l’autre, en relation surtout avec la chute des prix de l’énergie en repli de 12,9%), mais aussi par l'appréciation du dollars et l'amorce de resserrement prudent de la politique monétaire de la Fed, contrairement aux autres grandes banques centrales. Le Fonds Monétaire International (FMI) avait révisé à la baisse ses prévisions de la croissance économique mondiale attendue pour 2016 qui devrait s’établir à 3,4% et à 3,6% pour l’année suivante, contre des prévisions précédentes de 3,6% et 3,8% respectivement, et 3,1% enregistrés en 2015.
En Tunisie, l’activité économique pour l’année 2015 aurait enregistré une stagnation voire même une récession dans les principaux secteurs productifs à l’exception de celui de l’agriculture et pêche qui a bénéficié de la récolte exceptionnelle de l’huile d’olive. En effet, les retombées des évènements terroristes ont lourdement pesé sur l’activité dans les services marchands, en particulier sur le tourisme et le transport dont les principaux indicateurs ont connu une forte détérioration même par rapport à ceux réalisés en 2011. Egalement, les principales branches des industries manufacturières, hormis les industries agroalimentaires, ont connu une contraction malgré la reprise modérée de la croissance économique dans la Zone Euro. Pour leur part, les principaux secteurs des industries non manufacturières, notamment l’activité minière et à un degré moindre l’activité énergétique, ont affiché un fléchissement.
Le secteur extérieur a évolué, en 2015, dans une conjoncture nationale marquée par l’atonie de l’activité économique et la dégradation de la situation sécuritaire à l’échelle nationale et régionale. Les paiements courants ont continué, dans ce contexte, à subir davantage des pressions liées, surtout, aux contreperformances des secteurs exportateurs stratégiques en l’occurrence les industries extractives et à un degré moindre les industries manufacturières. De surcroît, l’activité touristique, qui connait déjà des difficultés structurelles, a été sensiblement affectée par un climat d’insécurité occasionné par les attaques terroristes, les flux y afférents ont, en effet, reculé de près de 1,3 milliard de dinars par rapport à leur niveau enregistré en 2014. En se situant à 7,6 milliards de dinars ou 8,7% du PIB en 2015, le déficit courant a, ainsi, poursuivi son dérapage relevé depuis 2011. Néanmoins, le niveau appréciable des entrées nettes de capitaux extérieurs, qui ont atteint près de 8,4 milliards de dinars au cours de l’année 2015, ont permis de financer le déficit courant et dégager un excédent de 783 MDT au niveau de la balance générale des paiements. Le niveau des avoirs nets en devises s'est, ainsi, situé à 14.102 MDT, soit l’équivalent de 128 jours d’importation, au terme de 2015, contre 13.097 MDT et 112 jours à la fin de l'année 2014.
Le déficit commercial (FOB/CAF) s’est contracté en 2015 de près de 1,6 milliard de dinars ou 11,6% pour se situer 12.048 MDT en relation avec la baisse des importations à un rythme plus accentué que celui des exportations, soit -5,7% et -2,8% respectivement, entrainant ainsi une amélioration du taux de couverture de 2 points de pourcentage pour se situer à 69,6%. L’amélioration relevée au niveau de la balance commerciale trouve son origine, essentiellement, dans la forte atténuation du déficit de la balance alimentaire qui est revenu, d’une année à l’autre, de 1.381 MDT à 91 MDT tirant profit du net affermissement des exportations d’huile d’olive. Par ailleurs, la baisse des prix des hydrocarbures sur le marché international ne s’est traduite que par une légère diminution du déficit de la balance énergétique (-6,8%) qui demeure, toutefois, élevé soit 3,4 milliards de dinars.
La BCT s’attend à une reprise économique modeste en 2016, avec une baisse prévue de la production d’huile d’olive pour la campagne 2015-2016 et la poursuite du repli de la production industrielle. Les s prévisions initiales tablent sur une reprise économique modeste avec un taux de croissance de 2,5%. Cette performance semble insuffisante pour faire face aux défis majeurs pour l’économie tunisienne, notamment en matière de création d’emploi. Il y a lieu de signaler que le taux de chômage a atteint, au cours du troisième trimestre de 2015, 15,3% correspondant à 612,1 mille chômeurs dont 242 mille de diplômés de l’enseignement supérieur.
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