La directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde a dressé mercredi 9 septembre 2015 à Tunis un bilan de l’économie tunisienne, compte tenu des atouts du pays, de ses faiblesses et du contexte économique international.
Elle a indiqué que la Tunisie devrait au mieux réaliser « un petit 1% » de croissance de son PIB en 2015, suite aux attentats enregistrés à Tunis et à Sousse et au vu de la détérioration des indicateurs économiques dont une baisse de l’ordre de 50% des recettes touristiques. Elle a souligné l’importance de la situation économique en Europe, principal partenaire de la Tunisie. Elle a précisé, à cet égard, qu’un taux de croissance de 1% en Europe aurait un impact de 0,6% sur la croissance en Tunisie.
Elle a ajouté que la baisse des cours des matières premières à l’échelle mondiale devrait impacter positivement l’économie tunisienne en soulageant le budget de l’Etat. Pour Lagarde, une baisse de 10$ dans le cours du pétrole est de nature à réduire le déficit budgétaire de 0,6% du PIB du pays.
Elle a estimé que la Tunisie n’a pas profité de la baisse enregistrée ces derniers mois dans les cours des hydrocarbures pour investir mais elle a choisi d’augmenter les salaires de la fonction publique !
Tout en rappelant les atouts du pays (situation géographique stratégique, ouverture, culture, population jeune, etc.), elle a pointé du doigt le chômage important (34%) qui touche 200.000 jeunes diplômés et les déséquilibres régionaux en matière de développement.
Même si elle se défend d’imposer une feuille de route au pays, Christine Lagarde a indiqué que, pour sortir l’économie tunisienne de la crise aigüe qu’elle traverse, trois réformes s’imposent : un budget orienté vers la croissance, un système financier robuste et efficace et une amélioration du climat des affaires.
Pour ce qui est du budget, Lagarde a pointé du doigt la faiblesse des dépenses d’investissement par rapport aux dépenses de fonctionnement, et notamment la masse salariale, dont le rapport sur le PIB est « l’un des plus élevés au monde » !
En ce qui concerne le système financier, la DG du FMI considère qu’il a « été un des principaux freins à la croissance ». Elle a appelé à « un contrôle strict » (des institutions financières) doublé d’une plus grande ouverture à la concurrence. Elle a estimé que la recapitalisation en cours des banques publiques (40% du secteur bancaire) est « un pas » dans le sens de la consolidation du système financier.
S’agissant du climat des affaires, Lagarde n’y est pas allée par quatre chemins et a accablé l’administration tunisienne, jugée « tatillonne et complexe ». Elle a évoqué, à titre d’exemple, un délai moyen de 94 jours pour obtenir un permis de construire !
Elle a appelé l’administration tunisienne à « simplifier, éliminer, clarifier et changer les habitudes » et à « faire preuve de créativité ». Elle a ajouté que l’amélioration du climat des affaires ne signifie pas nécessairement la mobilisation de moyens financiers importants.
Lagarde a souligné, en outre, l’importance à ses yeux de deux textes législatifs majeurs : le nouveau code des investissements et la loi sur la concurrence et les prix.
Tout au long de son intervention, Christine Lagarde a réitéré l’engagement du FMI à soutenir la Tunisie dans sa phase de transition et dans l’engagement des réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise.
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