L’économiste Hechmi Alaya a proposé l’ancrage momentané du Dinar tunisien à l’Euro pour faire face à l’inflation importante en Tunisie. Alaya, qui s’exprimait mardi sur Express FM, a affirmé que les mesures prises par le gouvernement Essid en matière de maitrise des prix ne pouvaient être des solutions durables et ne pouvaient constituer qu’une sorte de calmants face à la « fièvre » des prix.
Hechmi Alaya ajoute que ce qu’il propose a été une solution appliquée avec succès dans plusieurs pays qui ont connu une inflation galopante tels que, à titre d’exemples, l’Argentine au début des années 1990 et la Bulgarie suite à la transition politique et à son passage d’une économie communiste à une économie de marché.
Le choix de l’Euro en tant que monnaie d’ancrage du Dinar découlerait du fait que les échanges de la Tunisie s’effectuent à prés de 75% avec le marché Européen. Cette opération aurait, selon Alaya, un impact rapide sur l’inflation en Tunisie, dont une grande partie est une « inflation importée » due à la détérioration du taux de change du Dinar engendrée par l’accroissement des déficits commercial et de la balance des paiements de la Tunisie ces dernières années.
L’arrimage du Dinar à l’Euro ne serait pas l’imposition d’une parité fixe entre les deux monnaies mais plutôt la fixation d’une marge réduite de fluctuation à la hausse et à la baisse de la monnaie nationale face à la monnaie européenne. Selon Hechmi Alaya, une telle décision serait « politique » et « provisoire », le temps de revenir à des taux d’inflation mieux maitrisés.
Il est à signaler que l’inflation a été de 5% en rythme annuel à la fin de 2014, 5,5% en janvier 2015 et 5,8% en février 2015. Elle a même frôlé les 8% pour certains produits de première nécessité. Ces taux contrastent avec une inflation de moins de 1% en Europe et de 2% au Maroc ainsi qu’avec une baisse à l’échelle internationale des cours des produits alimentaires et des matières premières, dont notamment ceux des hydrocarbures.
L’économiste Hechmi Alaya insiste sur le caractère non durable de l’ancrage du Dinar à l’Euro et sur la nécessité de prendre d’autres mesures d’accompagnement pour tenir compte du différentiel de productivité entre les deux monnaies telles qu’une convertibilité du Dinar.
La proposition de Hechmi Alaya d’arrimer le Dinar à l’Euro ne manquera pas de susciter certainement le débat voire la polémique dans les prochains jours. Néanmoins, elle a le mérite de mettre le doigt sur le symptôme d’un mal qui ronge l’économie Tunisienne depuis plus de quatre années.
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