L'euro est nettement remonté
lundi face à un dollar sous pression sur tous les fronts, alors que les marchés
financiers parient de plus en plus sur une réduction du différentiel de taux
d'intérêt entre les deux rives de l'Atlantique.
Vers 22H00 GMT (23H00 à Paris),
la devise européenne cotait 1,2302 dollars contre 1,2133 dollars vendredi à
22H00 GMT. Le dollar reculait également face au yen, à 114,49 yens contre 115,27
yens vendredi soir.
L'euro a dépassé les 1,23 USD
en fin d'échanges américains, atteignant son plus haut niveau depuis septembre.
Il avait déjà pris jusqu'à 1,3% pendant les échanges européens, sortant enfin de
la marge étroite qui le contenait depuis le 4 janvier.
La monnaie européenne était
soutenue par les anticipations de hausses de taux en zone euro.
"La Banque centrale européenne
(BCE) semble bien décidée à continuer ce qu'elle a commencé en décembre", c'est
à dire à relever ses taux, ont ainsi remarqué les analystes de la banque Ixis,
citant les propos d'un des gouverneurs de la BCE, Klaus Liebscher.
Celui-ci a jugé qu'un taux à
2,25% (le niveau actuel du taux directeur de la BCE) était "très très bas" et
"très accommodant".
"Dans le même temps, William
Poole (président de la Fed de Saint Louis), réputé être un faucon parmi les
faucons, se dit moins concerné par l'inflation et estime que la Fed pourra
bientôt arrêter d'augmenter les taux", notent-ils.
Les perspectives de politique
monétaire aux Etats-Unis, où la fin de la hausse des taux d'intérêt est proche,
continuent en effet à peser sur le billet vert. Il a touché un plus bas depuis
le 27 octobre contre la livre sterling et depuis le 15 septembre contre le franc
suisse.
Lors de sa première réunion de
2006, le 31 janvier, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait relever les
taux d'intérêt de 25 points de base à 4,50%, ce qui pourrait être le point final
du cycle de resserrement monétaire.
"Le marché des changes est plus
conscient du fait qu'on s'approche potentiellement de la fin de la hausse des
taux de la Fed", a indiqué John Rothfield, analyste à Bank of America.
Steven Saywell, économiste à la
Citibank, va même plus loin en pronostiquant que "la Fed pourrait procéder à un
assouplissement monétaire avant la fin de l'année".
Les économistes tablent en
effet en moyenne sur des taux à 3% en zone euro fin 2006, contre 2,25%
actuellement, ce qui réduirait l'avantage que le dollar tire du différentiel de
taux d'intérêt.
Aussi, alors qu'en décembre
2005 le différentiel de taux d'intérêt entre Etats-Unis et zone euro était de 2
points, il pourrait n'être que de 1,50 point à la fin 2006.
Pour Divyang Shah, économiste
chez IdeaGlobal, "il n'y a plus de doute que les opérateurs ont le regard tourné
vers le seuil de 1,25 USD, voire plus".
AFP