Après plus de dix ans d’attentisme, de grande instabilité politique, d’un cadre fiscal qui pénalise l’initiative et l’investissement (plus de 800 nouvelles mesures fiscales ont été introduites visant essentiellement le secteur organisé), de perturbation du cycle de production par de mouvements sociaux souvent non encadres et sauvages, la Tunisie risque de perdre une grande partie de ses investissements extérieurs. De grands groupes étrangers qui ont créé des filiales en Tunisie sont en train de perdre leurs repères, leur confiance dans un site qui aurait pu tirer grand profit du mouvement de relocalisation des entreprises européennes de la Chine vers des destinations de proximité offrant des avantages compétitifs probants.
Dans ce contexte, loin de chercher à investir, les chefs d’entreprise se demandent dans quelles conditions ils peuvent, dans le meilleur des cas, maintenir une activité normale ou, le cas échéant, envisager un plan B. La multiplication des cris de détresse des chefs d’entreprise ne constitue nullement un phénomène marginal qui ne concerne que des cas isolés. Les derniers sondages réalisés par les différentes chambres mixtes confirment bien leur inquiétude quant à la dégradation de l’environnement de l’investissement dans le pays.
En effet, outre l’impact négatif du COVID-19 qui a affecté sérieusement les capacités productives d’un nombre considérable de secteurs d’activité, les chefs d’entreprise déplorent l’instabilité politique qui constitue à leurs yeux un facteur à risque et un véritable goulot d’étranglement et soutiennent que malgré leur bonne volonté le site tunisien des affaires est devenu de moins en moins attractif.
D’ailleurs, l’attentisme et l’inquiétude qui prévalent se déclinent à travers la propension importante des entreprises qui hésitent encore à décider des extensions ou un développement futur de nouveaux investissements en Tunisie. Manifestement, l’absence de tout message clair de la part des autorités publiques, à même de restaurer la confiance des opérateurs étrangers implantes en Tunisie, risque d’exacerber davantage les difficultés du pays en cette période de transition cruciale.
Le conseil des chambres mixtes continue malgré ce contexte difficile à croire en la Tunisie et à soutenir toutes les initiatives et tous les efforts qui visent à réaliser des améliorations significatives de l’environnement administratif et règlementaire des affaires et à regagner la confiance des investisseurs.
Dans ce cadre, le conseil réitère son appel pressant à tous les acteurs responsables, de part leur statut dans la gouvernance du pays, de lancer un vaste et ambitieux plan de relance des investissements nationaux et internationaux capable de générer une croissance durable, de contribuer à la création d’emplois permanents et d’intégrer les zones prioritaires dans une dynamique de développement territorial.
Le Conseil des Chambres Mixtes appelle à prendre des mesures urgentes pour améliorer le climat d’investissement à travers notamment :
- Un programme de digitalisation des procédures administratives en rapport avec l’activité économique (investissement, commerce extérieur, emplois et formation)
- Une stabilisation de la fiscalité appliquée aux investissements extérieurs.
- Une accélération des processus de traitement des dossiers d’investissement nouveaux ou d’extension.
- Une révision de la règlementation des changes.
- Un interlocuteur unique au cabinet du chef de gouvernement auprès duquel Les Chambres Mixtes pourrait intervenir pour proposer des solutions aux difficultés potentielles que peuvent rencontrer les investisseurs étrangers.
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