L’activité économique a connu une évolution positive mais modérée au 3ème trimestre, le taux de croissance du PIB exprimé aux prix de l’année précédente n’ayant pas dépassé les +0,2% en V.T.1 et +1,3% en G.A.2 (soit +0,3% et +1,5% respectivement aux prix de 2010). Cette croissance du PIB3 a été tirée principalement par le rebond de l’activité dans les services marchands contribuant à raison de +0,7 pp à la croissance globale. Cette évolution positive a, toutefois, été contrebalancée par la mauvaise performance des industries non manufacturières (-0,4 pp) et manufacturières (-0,1 pp), ainsi que la quasi-stagnation des activités agricole et non marchande.
En octobre, l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est accru de 3,9%, en glissement annuel contre 4,2% le mois précédent. La détente de l’inflation globale a été tirée principalement par la décélération de l’inflation des produits à prix libres (+4,8% en G.A. en octobre contre +5,2% un mois auparavant) en relation avec la progression modérée de l’inflation des produits alimentaires frais (+3,1% contre +4,5%). Quant à l’inflation des produits administrés, elle a connu une évolution modérée (+1,1% contre +1,2%) sous l’effet principalement, de la baisse des prix du tabac (-2,0% en G.A. contre 0,0%). Néanmoins, des évolutions disparates des principales composantes de l’IPC ont été observées. En effet, le ralentissement du rythme de progression de l’inflation des produits alimentaires (+2,7% contre +3,4%) et des produits manufacturés (+3,8% contre +4,2%) ont contrasté avec l’évolution plus soutenue des prix des services (+5,1% contre +5%).
Au vu de l’exercice de prévision pour le quatrième trimestre de 2016, on s’attend à une légère remontée de l’inflation, pour atteindre 4,2% en moyenne (en G.A.), contre 3,9% en T3-2016. L’inflation des produits manufacturés devrait connaitre une forte accélération pour atteindre 4,0% contre 3,1% un trimestre auparavant. De même, l’inflation des services continuerait à évoluer à un rythme soutenu, soit 5,2%, contre 5,0% en T3-2016.
Coté finances publiques, l’examen des résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat, à fin octobre 2016, fait apparaître une détérioration du déficit budgétaire (3.708 MDT contre 1.527 MDT au cours de la même période de l’année 2015), à cause de l’accélération des dépenses hors principal de la dette à un rythme plus élevé que celui des recettes propres. Les dépenses de fonctionnement se sont accrues de 8,7% durant cette période (contre 7,1% une année auparavant), portant la marque de l’accélération des dépenses de rémunération (+16,8% contre +11,3%). En revanche, les dépenses de subvention se sont établies à un niveau nettement inférieur à celui de 2015 (-30%) et ont concerné exclusivement les produits de base et le transport.
S’agissant des ressources propres de l’Etat, elles se sont accrues durant les dix premiers mois de 2016 (+3,6% contre +1,6%) tout en demeurant en deçà du taux de progression prévu dans la loi des finances 2016 (LF2016), soit 12,4% sur l’ensemble de l’année. Cette évolution émane d’une hausse exceptionnelle des recettes non fiscales (cession de la licence 4G pour un montant de 471 MDT). En revanche, les recettes fiscales ont quasiment stagné (0,1% à comparer au taux de 11,4% prévu dans la LF2016). Cette évolution est, essentiellement, imputable à la faible performance des impôts sur les sociétés (notamment les sociétés pétrolières). Le financement du déficit durant les dix premiers mois de 2016 a été assuré grâce à un recours plus intensif au financement intérieur par rapport à celui prévu par la LF2016.
Après l’amélioration relevée au cours des neuf premiers mois de 2016 (avec 6,4% du PIB contre 6,9% une année auparavant), le déficit courant s’est nettement élargi en octobre pour s’inscrire, au cours des dix premiers mois 2016, au même niveau de l’année précédente, soit 7,5% du PIB, laissant entrevoir un taux avoisinant 8,5 % pour toute l’année 2016. Cette évolution porte la marque, notamment, de la détérioration du solde commercial au cours des dix premiers mois de 2016, avec une balance alimentaire dégageant un déficit de 884 MDT (contre un excédent de 143 MDT une année auparavant), en relation avec la forte régression des exportations d’huile d’olive après une campagne oléicole exceptionnelle en 2015 et une balance énergétique qui, en dépit de la contraction de son déficit, ne semble pas avoir profité pleinement de la baisse des cours internationaux, du fait de la diminution de la production nationale.
Pour ce qui est des perspectives à moyen terme, la croissance économique devrait se maintenir sur une trajectoire ascendante quoiqu’à un rythme plus lent que celui estimé en juillet dernier. Les récentes projections tablent sur une progression du PIB, aux prix constants de 2010, de 1,4% en 2016, 2,2% en 2017 et 2,8% en 2018. Hors agriculture, la croissance s’établirait autour de 1,8% en 2016, 2,2% en 2017 et 2,6% en 2018. La faible croissance économique attendue s’explique par les perspectives sectorielles disparates. La production agricole serait freinée par la baisse de la récolte des olives en 2017. La production des industries exportatrices se maintiendrait sur une tendance haussière, sans pour autant revenir à son potentiel passé, en relation avec les perspectives modérées de l’activité dans la Zone Euro. Le redressement de la production minière et chimique serait modéré et fortement tributaire de l’apaisement des troubles sociaux dans le bassin minier. Le redressement des activités dans le secteur des services marchands serait plus lent qu’attendu précédemment en raison, notamment, de la faiblesse de la demande de consommation. En revanche, le renforcement graduel de l’activité touristique devrait contribuer à un rétablissement progressif des activités de services d’hôtellerie et des activités connexes. La contribution de l’administration publique à la croissance du PIB devrait baisser sur l’horizon de prévision, vu l’orientation du Gouvernement vers plus de maitrise de son équilibre budgétaire à travers, notamment, la compression des dépenses de fonctionnement. Après une contribution historique moyenne de l’ordre 0,8- 1% à la croissance annuelle du PIB, on s’attend à une contribution avoisinant 0,2% entre 2017 et 2018.
La croissance potentielle a été revue légèrement à la baisse pour 2017 (de -0,1%), pour se situer au même niveau estimé pour 2016, soit 2,5%, avant de passer à 2,6% en 2018. Les perspectives d’une croissance du PIB hors agriculture au-dessous de la croissance potentielle, entre 2016 et 2017, impliquent un élargissement de l’écart de production négatif durant ladite période, avant de se stabiliser et se serrer très graduellement, en 2018, lorsque la croissance réelle dépasserait la croissance potentielle.
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