Intervenu dans le cadre de l’émission Ecomag sur radio Express FM, le professeur d’économie Ridha Chkoundali a commenté le dernier chiffre publié à propos du déficit énergétique de la Tunisie au cours du premier trimestre 2024. Il a été estimé à 4 milliards de dinars sur un déficit commercial total estimé à 4,8 milliards de dinars, et ce, selon les indicateurs de l'Institut national de la statistique. A ce titre, il a qualifié ce chiffre de “très effrayant” et aura de très mauvaises répercussions, notamment sur la valeur du dinar ainsi que l’inflation financière. La hausse continue des prix mondiaux de l’énergie aura de fâcheuses conséquences.
Le professeur d’économie a souligné, en outre, qu’il est temps de revoir la politique adoptée, qui a des répercussions négatives sur les moteurs de la croissance économique, notamment l'investissement et la consommation. Le poids du déficit énergétique pèse très lourd sur le déficit commercial, face auquel, il doit y avoir beaucoup de réserves en devises étrangères. Il est donc nécessaire de s’orienter vers l’adoption des énergies alternatives ainsi que de l’énergie photovoltaïque. Il a précisé, à cet effet, qu'un citoyen tunisien qui souhaite utiliser l'énergie photovoltaïque dans son logement (4 kilowatts) doit payer 5 000 dinars d'autofinancement qui représente au taux estimé de 30%, tout en obtenant un crédit d’un montant de 10 000 dinars à verser en plusieurs fois à la Société tunisienne d'électricité et de gaz “STEG” et ce, sur une période de 7 ans. Soit un montant de 324 dinars et 180 millimes sur chaque facture, de sorte que le montant payé en final devient 13 mille 615 dinars et 560 millimes. Cela aboutit au paiement d’un intérêt estimé à 3 mille 615 dinars et 560 millimes, soit 36% du montant alloué par la STEG.
Dans le même registre, Ridha Chkoundali a estimé que le taux d'autofinancement est élevé et n'est pas à la portée des citoyens tunisiens de la classe moyenne, notant que le montant que le STEG emprunte auprès des banques, est assorti d’un taux d'intérêt estimé à 9,2%. Il s’est interrogé de savoir si l'adoption des énergies alternatives est réellement encouragée au regard du taux d'intérêt élevé et de son dépassement du taux d'intérêt directeur.
L’invité D’Ecomag s’est également demandé pourquoi les banques n'encouragent-elles pas l'adoption des énergies renouvelables, et pourquoi la Banque centrale ne le fait-elle pas non plus en prêter de l’argent directement ? Il a également souligné que le secteur bancaire prête à l'État “sans risque”, ce qui lui permet de réaliser d'importants bénéfices, notant que la contribution des banques à l'inflation financière est très importante, puisque celle réalisée au niveau des services bancaires est de trois fois plus que le taux général d’inflation financière.
De plus, Ridha Chkoundali a souligné que le rôle de la Banque centrale est de lutter contre l'inflation, et avancer vers la proposition d'emprunter à la "STEG" sans taux d'intérêt entraînera une réduction des factures du citoyen tunisien. D’un autre côté, il s’est demandé pourquoi le ministère de l’Industrie avait imposé une autorisation aux investisseurs dans les énergies alternatives, ajoutant qu’il est temps de suivre une nouvelle politique monétaire.