Le vendredi 19 juin, le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën a annoncé officiellement son installation au Maroc à travers l’ouverture d’une importante usine ayant une capacité de 90 000 véhicules. Cette usine prévoit également la fabrication de moteurs au Maroc. Selon les chiffres annoncés, l’installation de l’usine de PSA Peugeot-Citroën réalisera un taux d’intégration de l’ordre de 60% environ vers le départ et 80% à terme. Ces taux sont considérés comme très proches de ceux qui sont réalisés dans les pays développés. Ce projet occupe la deuxième place en termes de grands projets installés au Royaume suivant celui de l’autre constructeur automobile français Renault.
L’annonce de l’installation de PSA Peugeot-Citroën au Maroc a fait réagir plus d’un sous nos cieux et pour cause ! Ce projet dont l’impact sur l’économie marocaine sera de grande conséquence notamment en matière de création d’emploi, aurait pu être installé en Tunisie. Rappelons à juste titre que la France, considéré comme un pays ami, est le premier partenaire économique de la Tunisie, et a fait part à plus d’une fois de son intention à soutenir la relance économique tunisienne. Pourquoi alors les investisseurs de PSA Peugeot-Citroën ont-ils préféré le Maroc à la Tunisie ?
Le critère de la stabilité et de la situation politique :
L’avènement du 14 janvier 2011 a apporté son lot d’instabilité sécuritaire, politique et sociale en Tunisie. Tandis que de l’autre côté des frontières au Maroc le vent des révoltes ayant touché également la Libye et la Syrie a poussé le roi du Maroc, Mohamed VI à opérer une série de réformes et de les mettre en place rapidement. Ces réformes portant sur la Constitution ont propulsé les islamiste au pouvoir et installé un nouveau gouvernement garantissant la stabilité et apportant un éventail de réformes économiques et sociales.
En revanche, en Tunisie, les gouvernements se sont succédés après les élections du 23 octobre conduisant à une situation d’instabilité criarde et ce, à plus d’un titre. L’anarchie s’est installée et les mouvements de protestation se sont proliférés. Dans le même temps, les réformes politiques et économiques ont accusé un long retard pour être mises en place en plus de l’insécurité ayant fait des ravages. Cette série de facteurs a fait que le Maroc ait attiré les investisseurs étrangers en leur démontrant l’efficacité et la perspicacité de son système de gouvernance politique et économique en accordant les garanties nécessaires pour la réussite des projets d’envergure. A contrario, la Tunisie n’a eu de cesse d’essuyer des échecs en matière de gouvernance politique et économique n’encourageant guère les bailleurs de fonds à s’y installer. Pis ! Certains investisseurs étrangers déjà installés en Tunisie ont dû la quitter pour le Maroc en raison de la multitude des mouvements de protestation et de l’insécurité.
Le critère de l’infrastructure :
L’infrastructure est l’un des principaux critères du choix d’une destination d’investissement. Or en Tunisie, ce critère fait encore défaut, en l’occurrence si l’on établi une comparaison avec le Maroc. Dans ce dernier, le choix a été porté sur la qualité de l’infrastructure et non la quantité, citons les plateformes portuaires et logistiques à l’instar de Tanger Med, les lignes ferroviaires installées sur des axes stratégiques et notamment des prestations de services de télécommunication et d’Internet de haute performance. En Tunisie, cependant, dans les régions intérieures où l’Etat incite à l’investissement étranger, l’infrastructure est quasiment absente, ce qui est à même de faire reculer les bailleurs de fonds qui ne peuvent faire fleurir leurs projets sans s’appuyer sur une infrastructure performante.
Le critère de l’administration :
Le système de l’administration publique en Tunisie est devenu obsolète et très peu fiable. Il en ressort que les négociations et les traitements qui sont engagés entre le gouvernement et les investisseurs étrangers s’allongent sur le temps et sont surtout acculés par la bureaucratie. Au Maroc, cependant, l’administration publique s’est dotée de cadres hautement qualifiés déclinant de grandes capacités de négociation pour décrocher les marchés les plus en vue.
La Tunisie déplore depuis quatre années une conjoncture politique, sociale et économique des plus désastreuses. La relance économique tarde de plus belle tandis que des pays voisins tels que le Maroc n’a de cesse de marquer des points dans ce domaine au travers des investissements étrangers. Le cas de PSA Peugeot-Citroën illustre objectivement les points de faiblesse qui entravent cette relance ainsi que l’incitation à l’investissement étranger.
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