L’Institut National de la Statistique (INS), en collaboration avec IFC –un membre du Groupe de la Banque Mondiale-, a lancé la deuxième phase de son enquête portant sur l’étude et le suivi de l’impact du Covid-19 sur le secteur privé en Tunisie. Cette enquête, en trois phases, est administrée par téléphone auprès d’un panel de 2,500 entreprises représentatives du secteur privé formel.
Cette enquête a permis d’interroger les entreprises sur les thématiques suivantes : l’état de fonctionnement des entreprises tunisiennes pendant la crise du COVID-19, l’évolution des facteurs impactant l’activité des entreprises, les mesures destinées aux entreprises pour faire face à la crise, les mécanismes d’ajustement mis en place par les entreprises, la durabilité des activités des entreprises, et l’existence et l’utilisation des Plans de Continuité d’Activité. Elle comporte également une partie « Benchmark » comparant la situation en Tunisie avec un certain nombre de pays : l’Algérie, l’Italie, la Jordanie, le Maroc, la Roumanie et la Turquie.
La deuxième phase de l’enquête BPS s’est déroulée entre le 15 septembre et le 15 octobre et a porté sur l’activité du secteur privé pendant le mois de Juillet. Il est à noter que, durant ce mois, la plupart des restrictions liées à la Covid-19 avaient été levées et qu’une légère reprise de l’économie avait commencé.
La crise COVID-19 a continué à perturber significativement le secteur privé, qui a enregistré une forte augmentation des fermetures définitives au 3 ème trimestre (T3) par rapport au 2ème trimestre (T2). En effet, au 3ème trimestre :
▪ 86,9% des entreprises étaient ouvertes : 12,2% des établissements sont restés ouverts sans interruption (24,5% en T2) et 74,7% des entreprises ont réouvert après une interruption.
▪ 7,7% des entreprises étaient temporairement fermées : 7,0% sur décision de l’entreprise et 0,7% sur celle des autorités.
▪ 5,4% des entreprises étaient définitivement fermées : 1,5% à cause du COVID-19 (0,3% en T2) et 3,9% pour d’autres raison (0,1% en T2).
Le document nous apprend que 11,1% des entreprises du secteur des services d’hébergement et restauration et cafés (5,6% à cause de la Covid-19), 6,3% des entreprises du secteur des industrie chimique et pharmaceutiques (5,0% à cause de la Covid-19) et 5,2% des entreprises du secteur du commerce (0,8% à cause de la Covid-19) ont déclaré avoir définitivement fermé.
Les jeunes entreprises ont été plus nombreuses à avoir fermé définitivement 6,9% contre 5,6% pour les entreprises matures et 3,8% pour les entreprises établies.
Les entreprises exportatrices ont enregistré 3,5% de fermetures définitives contre 5,4% pour les entreprises non-exportatrices.
Parmi les entreprises ayant déclaré être définitivement fermées en T2, 74% de celles fermées à cause du coronavirus et 57% de celles fermées pour d’autres raisons ont réouvert en T3.
L’étude démontre également que 99,5% des grandes entreprises ont affirmé qu’elles étaient en activité en T3 de même pour 95,4% des PME et 89% des micro-entreprises.
Par ailleurs, le risque perçu de fermeture des entreprises a augmenté de deux points entre la fin du 2ème trimestre et le 3ème trimestre passant de 35% à 37,2%. Le document nous apprend que 57,8% des micro-entreprises redoutent une fermeture ou sont incertaines quant à leur avenir. Il en est de même pour 49,5% des PME et 41,9% des grandes entreprises.
Le risque de fermeture combiné avec l’incertitude est supérieur à 60% pour les jeunes entreprises et les entreprises matures contre moins de 50% pour les entreprises établies. Il est supérieur à 50% pour tous les secteurs mis à part celui de la santé avec seulement 31,8% en T3 en légère augmentation par rapport à T2, 27,2%. Il est particulièrement élevé dans 4 secteurs spécifiques : l’information et communication, le bâtiment, les industries mécaniques et électriques et les services d’hébergement, restauration et cafés. Ce dernier a, par ailleurs, été marqué par une diminution du risque de plus de 5 points en T3 par rapport à T2. Seules 42,2% des entreprises affirment pouvoir maintenir leurs opérations pendant une période supérieure à 12 mois en T3. Elles étaient 45,5% en T2.
Toujours selon la même étude, l’impact sur les ventes reste toujours significatif malgré un léger recul. En effet, 82,3% des entreprises ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires annuel en juillet contre 88,8% en avril.
85% des entreprises établies ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires en juillet contre 79% pour les jeunes entreprises.
Les micro-entreprises et les PME sont les plus affectées par les baisses de chiffres d’affaires malgré une diminution d’environ 7 points en juillet par rapport à avril.
Le secteur des industries chimiques et pharmaceutiques s’est distingué avec 10,2% des entreprises du secteur ayant enregistré une augmentation de leurs ventes.
Concernant l’impact sur l’emploi, au mois de juillet 2020, 59% des entreprises ont déclaré avoir procédé à des ajustements liés à l’emploi contre 53,7% en avril. Par ailleurs, celles qui ont effectué des ajustements, sont plus nombreuses à avoir eu recours à des licenciements qu’en avril. 17,7% des entreprises ont procédé à des licenciements en juillet contre 8% en avril.
Par ailleurs, les entreprises ont, également, eu moins recours aux congés payés et sans salaire qui sont respectivement passés de 27,7% et 14,3% en avril à 18,2% et 7,2% en juillet. Il ressort aussi que 10,9 % des entreprises ont procédé à des réductions salariales en juillet contre 13,3% en avril.
Aussi, il est a noté que 4,8% des entreprises ont embauché en juillet contre 1,6% en avril.
Le secteur des services d’hébergement et restauration et café est celui qui a effectué le plus d’ajustements liés à l’emploi avec 30,5% des entreprises du secteur qui ont eu recours à des licenciements, 22,1% à des congés payés, 21,5% à des réductions du nombre d’heures de travail, 21,2% à des congés sans salaires tandis que le recrutement a concerné seulement 8% des entreprises du secteur. Le secteur du bâtiment a été celui qui a enregistré la plus grande proportion d’entreprises ayant recruté en juillet.
Sur la question du soutien de l’Etat et son appréciation, les politiques de soutien les plus souhaitées par les entreprises durant le troisième trimestre sont les exonérations/ réductions d’impôt (42,7%), les injections directes de liquidité (37,6%), et les reports d’impôts (27,9%).
Le top 3 des mesures de soutien souhaitées par les entreprises est resté inchangé entre T2 et T3 Ces mesures restent les plus appréciées par les entreprises quelques soient leur âge, leur taille et leur statut exportateur. Au niveau sectoriel également, l’appréciation de ces mesures restent globalement inchangée que ce soit pour les industries ou les services.
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