L'Assemblée Générale Extraordinaire de Tunis Re, a approuvé aujourd'hui, 10 mars 2015, l'annulation de l'augmentation de capital réservée au partenaire stratégique, et son remplacement par une augmentation en numéraire qui portera le capital à 100 MD, en appliquant une quotité d'une action nouvelle pour trois anciennes. A défaut de réaliser pleinement les objectifs de l'opération telle qu'initialement prévue, il s'agit là pour Tunis Re de garantir au moins la consolidation de ses fonds propres pour s'aligner aux standards de la région, où la compagnie occupe le 18 ème rang, et de se conformer aux dispositions du nouveau code des assurances en préparation, qui a relevé à 100 MD le capital minimum pour les réassureurs.
Comme lors de la communication financière, Lamia Ben Mahmoud est revenue longuement sur le non aboutissement du processus d'augmentation réservée, qu'elle refuse de qualifier d'échec, dans la mesure où le processus a été interrompu sur décision de Tunis Re, par refus d'augmenter la part alloué à plus de 25%, voire 35%, un point sur lequel ont butté les candidats présélectionnés car ne permettant pas leurs adossement à un partenaire technique compte tenu de la nouvelle réforme européenne Solvency II, qui impose le provisionnement à hauteur de 60% du capital investi dans les participations minoritaires. A cela s'ajoute le détournement de l'intérêt au profil d'opérations similaires et quasiment simultanées, à l'image de l'ouverture du capital du SCR Maroc et d'Africa Re, et la création de nouvelles sociétés en Algérie, le tout dans un secteur où en fin de compte, tout investisseur peut opérer sans contrainte d’investissement capitalistique via une LPS.
Pour le management une chose est sure, l’entrée dans le capital d’un partenaire stratégique reste nécessaire, pour alléger l’impact du risque pays et améliorer la notation technico-financière de Tunis Re, qui se heurte à la note souveraine. Un changement de stratégie sera toutefois nécessaire en faveur d’une démarche moins large et plus restreinte, voire de gré à gré, cela permettra de réduire les délais et d’offrir plus de souplesse aux pourparlers une fois débarrassé de l’obligation d’égalité des chances.
Un long débat a porté sur le prix d’émission qui sera fixé ultérieurement par le Conseil d’Administration, si le management insiste sur le décalage entre le cours actuel et la juste valeur de l’action Tunis Re compte tenu des fondamentaux de la compagnie, les petits porteurs réclament un prix d’émission réaliste qui prend en considération avant tout la réalité du marché, Tunis Re se traite actuellement à 7,960 DT (-20% en 2015). La problématique du prix d’émission est un point d’achoppement à ne pas en douter, selon un petit porteur, qui met en relief le rapport entre un dividende faible de 0,350 DT par action et le coût de la nouvelle sortie de Tunis Re sur le marché boursier. Si jamais le conseil d’administration songe à appliquer une prime assez forte par rapport au nominal, le dividend yield sera alors moins attrayant. Une prime de l’ordre de 10% est assez acceptable d’après le même actionnaire. Les petits actionnaires ont ainsi soulevé un débat éternel en ce qui concerne le droit préférentiel de souscription toujours d’actualité en Tunisie et désormais délaissé par plusieurs places boursières. Les actionnaires de référence représentés par la STAR ont une perception autre de la juste valeur de Tunis Re, considérant que le cours actuel ne reflète guère les fondamentaux de l’entreprise. Le management est rassuré de l’accompagnement indéfectible des actionnaires de référence.
Il est vrai que ces actionnaires qui sont des insiders, bien avisés et informés avaient du mal aujourd’hui à faire raisonner certains petits porteurs dépités par certains abus de majorité qui deviennent de plus en plus fréquents sur le marché tunisien. Tunis Re présente des fondamentaux très robustes et une profitabilité réconfortante. Son CAC l’a affirmé en citant une marge de solvabilité de trois fois le minimum réglementaire et un ratio de couverture des provisions très confortable. Cela n’a, semble-t-il, aucun effet palpable sur le cours depuis quelques temps. La plupart des petits porteurs s’attendaient à une envolée du titre suite à la conclusion de cette augmentation de capital. Leur déception ne pourrait être compensée que par une prise en compte accrue de la réalité du marché. Beaucoup blâment certains intermédiaires de vendre massivement le titre alors qu’ils le recommandaient dans leurs notes de recherche. Un prix d’émission assez bas devrait inciter le marché à réviser sa position sur la valeur et donc à ranimer la cote du premier réassureur tunisien par le simple jeu de l’offre et de la demande. L’objectif d’un cours entre 13 et 14 DT reste un objectif à terme qui ne peut être atteint qu’à travers la préservation du capital confiance des actionnaires dans leur société. Tout ce débat n’aurait pas eu lieu si Tunis Re avait trouvé son partenaire stratégique. Une chose est sûre, les dirigeants et membres du conseil d’administration gagneront beaucoup en tenant compte de la psychologie du marché. Théoriquement, un actionnaire Tunis Re, qu’il soit gros ou petit, doit savoir que ses capitaux propres par action vont être dilués si la capitalisation boursière de sa société est inférieure au montant comptable de ses capitaux propres. Un compromis doit être trouvé dans les plus brefs délais sinon la valeur tombera dans les filets des spéculateurs.