Madame Nadia GAMHA, Vice-Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a clôturé, mercredi 25 mai 2022 à Tunis, les travaux du colloque international de l’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (IFID) ayant pour thème « financement de l’Economie Post-Covid par les banques et les assurances : une nouvelle problématique ».
A cette occasion, Mme Gamha a estimé que le contexte géopolitique et économique régional et international compliqué exige « une remise en cause de plusieurs des certitudes économiques ». A cet effet, a-t-elle expliqué, la succession des chocs économiques incite, respectivement, gouvernements, banques centrales et autorités de régulation à repenser les mécanismes de financement de l’économie. L’objectif étant « d’assurer les conditions d’une croissance soutenable et inclusive », a-t-elle insisté tout en estimant « inéluctable de considérer ces chocs comme un catalyseur de changements difficiles mais nécessaires ».
Abordant le sujet du financement, Mme Gamha a souligné que « les solutions financières ne peuvent être efficaces que si elles sont accompagnées par des réformes profondes de la sphère réelle ». Par conséquent, il est nécessaire de repenser l’actuel modèle économique tout en tenant compte des priorités de stabiliser les grands équilibres macroéconomiques, de maitriser l’inflation et de créer un climat des affaires propice pour le développement de l’investissement et la création d’emplois ». Ainsi, toute reprise sera tributaire non seulement de la faculté d’adaptation et de résilience « mais aussi de l’accélération du processus de rapprochement économique et financier entre les pays de la région et ce, afin de transformer cette crise en véritable opportunité », a-t-elle précisé.
Selon la Vice-Gouverneur de la BCT, l’exacerbation des risques, requièrt d’accorder la priorité absolue à la préservation et la structuration du tissu économique existant à travers « une vision économique et financière fondée sur le renforcement du haut du bilan ». Et de préciser que « la BCT considère que les entreprises tunisiennes ont besoin d’un mécanisme de sauvetage de taille conséquente opérant dans le cadre d’un partenariat public-privé et adossé à un programme économique de relance d’envergure ».
Pour Mme Gamha, le diagnostic des répercussions de la pandémie sur le secteur financier et sur ses modes de financement et d’organisation constituerait un bon point de départ pour engager une réflexion profonde sur les fonctions du système financier qui devrait intégrer « les enjeux posés par les changements d’ordres technologiques, environnementaux et comportementaux ainsi que par les impératifs de relance économique. Cette relance économique impose l’adoption de solutions de financement innovantes ».
Par ailleurs, elle a relevé que d’une part, les schémas classiques de financement axés quasi exclusivement sur l’endettement bancaire ont atteint leurs limites et que d’autre part les entreprises sont, pour la plupart, des entités familiales sous capitalisées, souffrant d’un déficit de gouvernance et de transparence entravant leur accès au marché financier.
Par ailleurs et en dépit des progrès réalisés, le développement de la finance directe via le marché financier n’a pas encore atteint le niveau escompté. D’où la nécessité de poursuivre les réformes entreprises. L’objectif étant « de mettre en place de nouvelles incitations et de créer de nouveaux produits permettant de capter l’épargne longue, notamment institutionnelle, afin de conférer plus de profondeur et de liquidité au marché ». D’autre part, le développement d’instruments de financement adaptés aux start-ups et aux projets innovants et de promotion des nouvelles technologies via le capital- risque et le Crowdfunding « constituent des sources alternatives au financement bancaire de nature à développer la finance directe ».
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