Tous les candidats à la reprise de la Banque Franco Tunisienne (BFT) sont des groupes solides financièrement et ont des objectifs divergents en voulant acquérir la banque. Toutefois, ces groupes se bousculent plus pour hériter l’agrément d’intermédiaire agréé (banque) en Tunisie que pour la qualité des actifs de la BFT, qui a connu beaucoup de soubresauts ces dernières années et qui a été quasiment en veilleuse.
Les candidats révélés à la reprise sont : les groupes tunisiens SFBT et Groupe Elloumi, les groupes des Emirats Arabes Unis Dubai Holding et Dubai Investment Group (DIG), les koweitiens KIPCO et Global Investment House, le groupe marocain BMCE, la Banque Française Gabonaise Internationale (BGFI Bank), le groupe bancaire AUDI Liban et la holding publique libyenne LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Company).
En se portant candidat, le groupe tunisien SFBT, véritable machine à cash et l'une des plus importantes capitalisations boursières de la place de Tunis, est dirigé par Monsieur Hammadi Bousbiaa, ancien vice gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie reconverti dans l’industrie et pour qui, donc, le milieu bancaire n’a pas de secret.
Pour sa part, le groupe Elloumi, est le premier exportateur privé tunisien. Ce groupe dirigé par Monsieur Faouzi Elloumi, est une véritable (petite) multinationale tunisienne du secteur des câbles : le groupe a implanté depuis des années des usines à l’étranger (au Portugal, au Maroc, en Egypte et en Roumanie). Le groupe approvisionne en câbles les plus grands constructeurs aéronautiques et automobiles, notamment européens. En se portant candidat au rachat de la BFT (mais aussi à la reprise de Magasin Général), le groupe Elloumi affiche une volonté de diversifier ses activités de manière plus prononcée, signe d’une volonté de repartir les risques et surtout, dans son cas, de bonne santé financière.
Les deux dubaiotes Dubai holding et Dubai Investment Group (DIG) font partie du patrimoine du Cheikh Mohamed Bin Rached Al Maktoum, le Gouverneur de Dubai. Ils sont devenus familiers du paysage économique tunisien depuis que DIG a acquis 35% du capital de Tunisie Telecom et depuis que la filiale immobilière de Dubai Holding, Sama Dubai, a été annoncée pour mettre sur pied le projet du Lac Sud de Tunis. Les deux candidats emiratis ont été les fers de lance du boom économique qu’a connu Dubai ces dernières années et ils touchent à toutes sortes d’activités : finance, télécoms, immobilier, tourisme, gestion des ports, gestion des musées (les fameux musées Tussaud), l’automobile (participation dans Daimler-Chrysler), etc.
Quant à KIPCO, le groupe koweitien est déjà présent dans le paysage bancaire tunisien à travers sa banque off-shore Tunis International Bank (TIB). Une éventuelle reprise de la BFT permettrait à KIPCO d’avoir aussi une carte on-shore (comme cela a été le cas pour la Citi Bank et l’ABC qui cumulent depuis quelques années des licences de banques résidentes et non résidentes).
KIPCO détenait aussi 50% du deuxième opérateur de téléphonie mobile Orascom (Tunisiana) à travers sa filiale Al Wataniya qu’elle vient de céder à Qatar Telecom (Qtel).
Quant à l’autre groupe koweitien, Global Investment House, il a été créé en 1998. Il s’agit d’une banque d’investissement qui gère plusieurs fonds d’investissement et qui est présente dans plusieurs métiers : banque, leasing, courtage, industrie, agriculture, etc. Global I.H a des intérêts dans plusieurs pays du Golfe, du Moyen Orient et d’Afrique : Kuwait, Bahrain, Dubai, Jordanie, Abou Dhabi, Soudan, Yémen, Pakistan, etc. Le groupe G.I.H s’est fait connaître en Tunisie en prenant des participations dans deux sociétés cotées Tunisair et Sotetel et en acquérant 49% de l’intermédiaire en bourse Finacorp.
En se portant candidat à la reprise de la BFT, la 2ème banque marocaine BMCE tente de suivre les pas de son rival intime AttijariWafa Bank qui a acquis le contrôle de l’ex-Banque du Sud. La BMCE a été privatisée en 1995 au profit du groupe Finance.com du grand magnat des affaires marocain Othman Benjelloun qui a internationalisé la banque en acquérant des participations significatives de banques étrangères dont notamment dernièrement 35% de Bank of Africa présente dans 15 pays de l’Afrique subsaharienne. La BMCE compte parmi ses prestigieux actionnaires internationaux. La Caisse d’Epargne, Espirito Santo et Morgan Stanley. Le groupe BMCE est présent dans plusieurs métiers : banque, leasing, factoring, crédit à la consommation, etc. La BMCE est déjà présente en Tunisie à travers sa filiale d’intermédiation boursière et d’ingénierie financière Axis.
Pour ce qui est du groupe Audi (Groupe Saradar), il a été créé en 1830 et a une vocation panarabe : outre le Liban, il est présent en Arabe Saoudite, en Egypte, en Jordanie, en Syrie et au Soudan. Il a également soumissionné pour la reprise de la CPA en cours de privatisation en Algérie. En 2004, Audi a fusionné avec la Banque Saradar. Audi compte parmi ses actionnaires des investisseurs des pays du Golfe et d’Egypte (parmi lesquels Hermés EFG). Parmi les conseillers d’Audi figure l’actuel président du groupe automobile Renault-Nissan, Carlos Ghosn, d’origine libanaise.
Quant à la LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Company), elle est une holding publique de l’Etat libyen. Ce bras financier de notre voisin du sud (géré comme une entreprise privée) s’est illustré en prenant des participations dans plusieurs projets et entreprises au Afrique (projet immobilier important au Maroc) et en Europe, où il détient notamment une participation minoritaire dans le club de football phare de l’Italie, la Juventus de Turin. En Tunisie, la LAFICO a notamment pris le contrôle de la chaîne hôtelière Dar (Dar Djerba, Hôtel Ezzahra, Ulysse Tour, etc.) en 2002. Elle détient également 12% du capital d’El Wifak Leasing, cotée à la bourse de Tunis depuis l’été 2006.
Le dernier candidat (connu jusqu’à présent), la Banque Gabonaise Française Internationale (BGFI Bank), a été créé en 1973. L’Etat gabonais détient 8% du capital de cette banque privée présente dans les activités de banque de détail, de crédit bail, de crédit à la consommation et d’ingénierie financière. Leader du marché gabonais, la BGFI, qui a été gérée par Paribas jusqu’à 1996, est également présente au Congo (2 agences) et en Guinée Equatoriale.
En attendant la révélation des deux derniers candidats (on parle de 12 candidats potentiels), la partie s’annonce serrée entre des investisseurs aux moyens colossaux et aux reins financiers solides au grand bonheur de l’Etat tunisien.
N.B.E.
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