Les quatre premières séances de la première semaine de Septembre ont été réellement cauchemardesques pour la Bourse de Tunis. La bourse a dévissé de plus de 6% en se délestant d’environ 500 points et engendrant une baisse de la capitalisation boursière de plus de 1500 Millions de Dinars. Cette baisse a été principalement causée par la lourde chute des valeurs bancaires dans le sillage des nouvelles dispositions de la BCT dont les analystes redoutent les effets sur les résultats futurs. Le durcissement de la politique de refinancement, l’édiction de nouveaux ratios de liquidité, de solvabilité, de concentration de risques rendent les banques très vulnérables à un retournement de la très belle tendance haussière de leurs activités.
L’indice bancaire a perdu plus de 10% après avoir pris certes depuis le début de l’année plus de 50%. La question toujours lancinante repose sur la vraie qualité de leurs risques dans un contexte économique de plus en plus fragile. Pris dans écheveau inextricable de cadre conceptuel comptable obsolète, d’inertie de normes comptables, de pratiques bancaires désuètes, d’enchevêtrement des textes et circulaires de la BCT, d’interférences politiques diverses, d’évaluations fantaisistes de la valeur des biens donnés en garantie, l’exercice de l’évaluation de risques devient un casse tête et constitue un vrai point d’interrogation quant à la santé financière réelle des banques.
La publication des indicateurs trimestriels des banques (un cadre qui n’a plus été actualisé depuis son lancement en 2006) ne fournit qu’une image incomplète de la solidité des banques puisque ne mettant en exergue le CA des banques en l’occurrence leurs Produits Nets Bancaires. Corollaire de cela, une image de croissance à deux chiffes qui est véhiculée depuis plusieurs trimestres de banques hyper solides et rentables mais tronquée voire même trompeuse car ne comportant pas l’autre pilier de l’activité bancaire « le risque ».
Le plus important à signaler aujourd’hui c’est que malgré tout la croissance des banques surtout en termes d’octroi de crédits, au cours de ces dernières années, a été faramineuse et ce en dépit de la morosité économique et de l’assèchement de la liquidité. La hausse des taux a été globalement très bénéfique aux banques mais clairement pose avec le ralentissement économique un grand risque quant à la pérennité de la solvabilité des emprunteurs. Deux forces contradictoires qui vont encore s’affronter au cours des prochains mois pour déterminer l’issue finale de cette grande bataille.