Le siège de la Bourse de Tunis a accueilli aujourd'hui, 5 juin 2017, Khalil BEN AMMAR, le nouveau Directeur Général de la société Adwya, et son Directeur marketing, Amine Harzallah, dans le cadre d'une communication financière consacrée aux réalisations de la société et les perspectives pour l'année 2017.
L'année 2016 a été marquée par l'annonce de la cession des parts de l'Etat, représentant 35,529% du capital, qui a quelque part alimenté l'incertitude autour du titre et affecté son comportement boursier, d'autant plus en l'absence de communication financière, a reconnu le DG, nommé rappelons le, en octobre 2016. Le même directeur a insisté à ce propos que le dossier de la privatisation n’est pas dans ses prérogatives. Des informations sur une possible OPO portant sur la participation publique ont été reprises au cours de cette réunion. Le DG sans vouloir trop s’attarder sur cette information, a précisé que cela pourrait constituer une bonne option pour le marché.
La société a évolué dans un environnement économique difficile qui a fini par toucher toutes les classes thérapeutiques au niveau du secteur, en raison de la croissance faible et de la baisse du pouvoir d'achat qui a poussé le consommateur tunisien à s'orienter vers les produits génétiques qui ont augmenté de 20%, au détriment des produits sous licences beaucoup plus chers et fortement exposés au risque de change au niveau de leurs intrants , qui ont reculé de 20%. Le marché tunisien a, par ailleurs, perdu une bonne partie de la clientèle libyenne estimée à un million voire plus, a expliqué Ben AMMAR, qui a également souligné les difficultés de la CNAM dont le système de remboursement parait essoufflé. A cela s'ajoute le glissement du dinars de 13% face au dollar US et de 10% face à l'euro, la société important pratiquement la totalité des intrants, l'effet de change a donc beaucoup touché l'activité sous licence qui représente 65% du chiffre d'affaires, et dans une moindre mesure l'activité génériques qui résiste mieux au choc monétaire au vu des niveaux de la marge pratiquées. Face à cette situation, la société a procédé à l'achat d'options, à un prix d’exercice de 2,4 DT pour l’euro, couvrant l'équivalent de 40% de ses achats, pour limiter la casse, notamment en 2017. Une décision qui revient au Conseil d’Administration de la société, qui a permis d’anticiper cette envolée spectaculaire des parités de change.
D'autre part, le contexte social n'a pas non plus été favorable puisque la société a vécu des périodes houleuses en mars, avril et mai 2016, avec deux mois d'arrêts de production et des perturbations très pénalisantes au niveau de l’approvisionnement du marché notamment au niveau de l’un des médicaments phare de la société à savoir le Glucophage fabriqué sous licence de Merck. Les pourparlers ont récemment abouti à un accord sur trois ans avec l'UGTT pour des augmentations annuelles autour des 6%. La nouvelle direction a pu instaurer un dialogue régulier avec les partenaires sociaux, a insisté le DG. La société souffre d’une moyenne d’âge assez avancée de ses employés dont l’ancienneté moyenne s’établit à 21 ans. Sur ce plan, une étude est en cours avec la participation d’experts de GIZ pour réaliser un diagnostic approfondi du facteur humain.
Côtés performances, 2016 a été assez mauvaise notamment au niveau de l’EBITDA qui a flanché de 22% conduisant à une rentabilité insuffisante par rapport aux années passées. Cela s’explique par le niveau élevé des coûts fixes, précise le DG. Ainsi, le total des produits d'exploitation de la société a baissé de 4,4% à 85,8 millions de dinars contre 89,8 millions un an plus tôt. Le résultat net s'est situé à de 2,7 MD, soit une diminution de 57% en glissement annuel.
Pour 2017, le chiffre d’affaires total à fin mars 2017, s'établit à 21,36 MDT contre 20,81 MDT pour le 1er TR 2016, soit une augmentation globale de 2,6% l'équivalent de 548 mille dinars.
Pour l'année en cours, la société mobilisera 4 MD d'investissement vs 3,3 MD en 2016, un montant qui ne prend pas en compte le projet gamma, a rappelé Ben AMMAR, qui a débuté effectivement en mars 2016 après une large révision de ses composantes, et coûtera au total plus de 15 MD. Le projet consistera en la mise en place de 2 unités pour les produits pour inhalation d'une part, et les produits ophtalmiques et solutions nasales d'autre part. Les nouvelles unités auront une capacité installées de 5 millions de boîtes annuellement, et seront certifiées au niveau européen pour s'ouvrir des perspectives pour le façonnage à l'export à l’image de ce qui se fait au niveau d’UNIMED, a fait remarquer le DG. Le démarrage de la commercialisation est prévu pour 2018 après les préparatifs de pré-lancement. D'un autre côté, 6 nouveaux lancements sont programmés pour l'année en cours. Des améliorations au niveau de l'outil industriel sont également en cours selon un programme du ministère en partenariat avec la JAICA (agence de coopération japonaise internationale). Par ailleurs, le travail de fonds sur la promotion médicale pour booster certaines gammes devrait porter ses fruits cette année a assuré le dirigeant.
Pour ce qui est des prévisions, le management espère porter la production a 22 millions de boîtes, et table sur une hausse de 4% du chiffre d'affaires, pour revenir au niveau de 2015. La marge sur coût matière devrait progresser de 11% et l'excédent brut d'exploitation de 18%. Ben AMMAR prévoit une hausse de 40% du résultat opérationnel et de 40% du résultat net, pour atteindre 4 MD, prévisions établies sur la base d'un euro à 2,6 dinars et un dollar à 2,5 DT.