A l’initiative des autorités tunisiennes, une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Amine Mati a séjourné à Tunis du 6 au 24 mars 2014 dans le cadre de la troisième revue du programme économique et de réformes appuyé par un accord de confirmation de 24 mois approuvé en faveur de la Tunisie par le Conseil d'administration du FMI le 7 juin 2013. La mission a eu des échanges fructueux avec plusieurs hauts responsables du Gouvernement et de la Banque Centrale de Tunisie. Elle s’est également entretenue avec des représentants du secteur bancaire, du secteur privé, des syndicats, des partis politiques, des bailleurs de fonds, et de la société civile. A la fin de son séjour, M. Mati a rendu publique la déclaration suivante :
« Au vu des efforts mis en œuvre pour préserver la stabilité macroéconomique dans un contexte national et international difficile et de l’engagement ferme des autorités tunisiennes à poursuivre les réformes économiques nécessaires pour générer une croissance plus inclusive, les services du FMI et les autorités tunisiennes ont trouvé un accord sur la troisième revue du programme économique du gouvernement appuyé par un accord de confirmation. Cet accord entre les deux parties reste sujet à l’approbation du Conseil d’Administration qui prévoit l’examen de la revue à la fin avril 2014. La conclusion de cette revue permettrait un décaissement de 145 millions de DTS (soit environ 225 millions de dollars).
« Les avancées importantes sur le plan politique ouvrent la voie à des perspectives claires à même de réduire l’attentisme des investisseurs. Toutefois, la situation économique demeure encore très fragile avec un taux de croissance qui reste insuffisant pour répondre aux attentes sociales très importantes de la population.
« La reprise de l'économie tunisienne demeure timide, avec un taux de croissance réel estimé à 2,6 % en 2013, tiré essentiellement par les services publics et privés, et qui resterait proche de 2,8% en 2014. L’inflation globale s’est réduite à 5,5% à fin février 2014, et devrait rester stable suite à un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires et grâce à une politique monétaire prudente. Le déficit des transactions courantes s’est creusé à 8,4% en 2013, suite à la faiblesse des exportations des phosphates et au faible niveau des recettes touristiques conjugué à la demande extérieure déprimée de biens tunisiens qui le maintiendra à 7,2 % du PIB en 2014. La performance budgétaire s’est nettement améliorée en 2013 avec un déficit budgétaire (sur base caisse, hors dons et produit des privatisations) de 4,5% du PIB, contre 5% du PIB en 2012, mais principalement en raison du report à 2014 du paiement de certaines dépenses ordonnancées en 2013 et à une sous-exécution importante des projets d’investissements liés à des contraintes de capacité d’absorption. Pour l’année 2014, le report des dépenses creusera le déficit budgétaire (base caisse) à plus de 8% du PIB, comblé principalement par des financements extérieurs.
«Les risques à court terme pour les perspectives de l’économie tunisienne restent importants, particulièrement en cas de prolongement de la transition politique, d’un regain de tensions sécuritaire ou d’une baisse de la conjoncture économique des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Pour faire face aux défis importants que traverse la Tunisie, des actions immédiates sont nécessaires pour maitriser les déficits budgétaire et extérieur, réduire les vulnérabilités croissantes du secteur bancaire, et générer une croissance plus élevée et inclusive qui puisse absorber le chômage et réduire les disparités sociales et économiques.
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« La poursuite d’une politique monétaire restrictive, et d’une politique de change plus flexible sont essentielles pour préserver la stabilité macroéconomique. La maitrise de la masse salariale, une réforme fiscale alliant simplicité et équité, un meilleur suivi de la performance des entreprises publiques, ainsi qu’un remplacement progressif des subventions énergétiques par un système de protection sociale mieux ciblé permettraient de créer l’espace budgétaire nécessaire pour générer une croissance forte et plus inclusive. La réduction des vulnérabilités de l’économie tunisienne requiert aussi une accélération de la réforme du secteur bancaire, et un effort soutenu et renouvelé pour accélérer les réformes structurelles à même de créer l’emploi, telles que le nouveau code d’investissement, la loi sur la concurrence, la loi sur les faillites commerciales, ou la facilitation des échanges commerciaux.
« Protéger les populations vulnérables de l’impact des réformes et des politiques de consolidation budgétaire continue à être une priorité pour les autorités tunisiennes et le FMI. Dans ce contexte, la mission a noté les efforts faits pour mettre en place un identifiant social unique et l’engagement des autorités à mettre en place un programme d’appui aux ménages vulnérables.
« La mission tient à remercier les autorités et ses différents interlocuteurs pour l’accueil chaleureux, l’excellente organisation des rencontres, et des entretiens francs et fructueux».