Pour sa huitième édition, le rapport sur « Les perspectives économiques en Afrique » a étendu sa couverture à 47 pays, représentant 99% du PIB et 97% de la population du continent. Le rapport établi par les services de la Banque Africaine de Développement, en collaboration avec les organismes gouvernementaux des pays concernés et les consultants de l’OCDE, et dont le thème cette année concerne les nouvelles technologies de l’information et l’innovation en Afrique, a été largement imprégné par la crise internationale.
Après les mots d’ouverture de Mr Louis Kasekende, économiste en chef au sein de la BAD puis Mr Odoardo Como, représentant de la Commission Européenne, et Mme Moufida Jaballah Srarfi représentante du Ministère du développement et de la coopération, il a été procédé à une revue d’ensemble de la situation économique du continent. La crise commence sérieusement à affecter les pays de manière décalée dans le temps ; les premiers effets ont été modérés en raison de la faible intégration du continent dans l’économie mondiale, puis sont allés crescendo, touchant de manière disparate les différentes zones du continent à travers le commerce extérieur, les pays les plus touchés sont en effet ceux dont les économies sont les plus ouvertes. A titre d’exemple, l’Afrique du Sud est en récession pour la première fois depuis 1994, note Mr Kasekende. Concrètement ceci amène une baisse des recettes fiscales et une dégradation de la balance commerciale dans plusieurs pays ; Avec un taux de croissance de 2,3% en moyenne prévu pour 2009, les revenus par tête vont baisser. La Tunisie est jusque là dans la frange la plus résistante avec une baisse de croissance qui ne dépassera pas, selon les prévisions actuelles, 1,9%. Le rapport divise les pays africains en plusieurs catégories, selon la solidité des fondamentaux, la capacité à s’endetter et surtout la dépendance vis-à-vis d’un produit ou d’un partenaire commercial.
Prenant la parole, Mr Enock Yonazi, ingénieur principal en télécommunications au sein de la BAD, a effectué un survol des principaux indicateurs en matière de TIC, un domaine ou l’Afrique affiche un retard important et qui l’empêche « d’intégrer le village mondial comme le note le rapport 2009. A la lecture du graphique qui présente l’évolution de l’accès aux nouvelles technologies de l’information, la disparité est frappante entre les sous régions du continent : Si l’Afrique du nord dépasse l’Amérique du sud et le Moyen Orient, la région subsaharienne abaisse considérablement la moyenne les taux de pénétration des ordinateurs personnels, des abonnements Internet et de la téléphonie fixe et mobile, ce qui donne des taux moyens nettement inférieurs à 10% pour l’ensemble du continent. Les investissements ne manquent pourtant pas dans le domaine, prenant parfois de vitesse les donateurs : câble sous marins prévu pour l’Afrique subsaharienne d’ici 2011, extension des réseaux en fibre optique d’ici 2012, etc.Le rapport souligne enfin, que malgré la crise, le marché africain séduit les gros opérateurs comme le sud africain MTN, l’égyptien Orascom et le Koweitien Zain.
Enfin, Mme Audrey Verdier-Chouchane et Mme Natsuko Obayashi ont présenté les perspectives économiques en Tunisie
, les atouts et surtout les défis qui s’imposent en cette période de crise. Avec une croissance positive par moment supérieure à la moyenne continentale, la Tunisie commence à ressentir les effet de la crise, avec un taux de croissance de 4,6% en 2008 contre 5,1% attendus, et des prévision révisées pour 2009 à 2,5% contre 4,1% initialement annoncées ; une relance est toutefois attendue pour 2010. Avec une politique macroéconomique prudente, l’inflation a été maintenue dans une fourchette étroite. Le pays jouit d’une position extérieure solide avec une balance commerciale en voie d’amélioration même en temps de crise, la baisse des importations dépassant celle des exportations, profitant également d’un transfert de fonds de plus en plus importants des ressortissants à l’étranger. La réserve de change est également importante et tourne autour de 9 milliards de dollars et la dette extérieure ne représente que 40% du PIB.
Mr Verdier-Chouchane a évoqué l’amélioration du climat des affaires avec un gain de 15 places au classement mondial entre 2007 et 2008, pour figurer au 37éme rang, et une amélioration significative notamment pour ce qui est de la création d’entreprises et de l’obtention de prêts.
Pour sa part, Mme Obayashi a exposé les défis auxquels fait face la Tunisie, la crise internationale appelant à plus d’effort en matière d’emploi pour réduire le taux de chômage, actuellement à 14,2%, qui touche fortement les diplômés des études supérieures. La diversification des partenaires commerciaux est également une nécessité, avec 72% des échanges effectués avec la zone euro, eux même dominé à plus de 50% par la France puis l’Italie ; la récession dans ces pays s’est retournée contre les exportations tunisiennes, notamment les secteurs du textile, des industries mécaniques et électriques qui représentent à eux trois 60% des exportations. Le point d’interrogation reste le secteur touristique, et l’on pourra mesurer les effets de la crise à la fin 2009, avec pour le moment une baisse de 7% des principaux marchés européens, compensées jusque là par les entrées libyennes et algériennes. Les chiffres officiels évoquent une légère hausse de 3% des recettes en devises. Cette présentation reprend les grandes lignes de la note de recherche détaillée sur la Tunisie.
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Enfin, en guise de mot de clôture, messieurs Jacob Kolster et Guillaume Grosse se sont félicité de cette initiative. Le rapport 2010 espère porter sur 50 pays et couvrir tout le continent dans un avenir proche.
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