Le rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) montre une progression du volume de l’investissement de 14,8% en 2008, son taux atteignant 24,9% du PIB, et ce à la faveur de la poursuite des réformes, notamment, aux plans de l’amélioration du climat des affaires, de l’encouragement de l’initiative privée et de la création d’entreprises.
Le rapport remis vendredi au Président Zine El Abidine Ben Ali par M. Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), indique que l’économie nationale a pu réaliser, l’année écoulée, un taux de croissance de 4,6% grâce au dynamisme des services marchands, notamment, dans les domaines des communications, du transport et du tourisme, alors que le secteur industriel a enregistré une certaine décélération de son rythme de croissance surtout au niveau des industries mécaniques et électriques, du textile et habillement et de l’énergie et des mines.
Sur le plan national, en dépit de l’ampleur de cette crise, l’année 2008 a été marquée par la poursuite de l’activité économique à un rythme satisfaisant, tout en préservant les équilibres financiers.
Compte tenu de l’évolution de la conjoncture, l’Etat n’a pas tardé, selon le rapport, à mettre en place une panoplie de mesures en vue d’accompagner les besoins de financement des entreprises et les aider à faire face aux éventuelles difficultés engendrées par la crise.
Poursuite de la maîtrise des équilibres intérieurs et extérieurs
Pour sa part, la BCT a procédé, en appui à ces mesures conjoncturelles, à la réduction de son taux directeur de 75 points de base et a introduit de nouvelles facilités en faveur des banques dans le but de dynamiser davantage le marché monétaire et d’assurer les conditions adéquates pour soutenir l’activité économique des entreprises et des particuliers.
L’investissement direct étranger a enregistré une progression importante, son volume s’étant accru d’environ 64 % en 2008 pour atteindre 3.400 MDT. Cette évolution a concerné la plupart des secteurs, notamment l’énergie, les industries manufacturières et les services.
Au plan financier, l’année 2008 s’est distinguée par la poursuite de la maîtrise des équilibres intérieurs et extérieurs, en dépit des pressions dues à l’instabilité de la conjoncture internationale. Les efforts de consolidation de l’épargne nationale ont porté son volume à 11,7 milliards de dinars, soit 23,3 % du RNDB, contribuant ainsi au financement adéquat de l’économie.
Consolidation des réserves en devises
En ce qui concerne les paiements extérieurs, les échanges commerciaux ont connu une croissance soutenue, due en partie à la forte hausse des cours des produits de base et un élargissement du déficit commercial et partant, du déficit courant qui a atteint 4,2 % du PIB, contre 2,6 % en 2007.
Ce déficit a néanmoins été judicieusement couvert par les flux importants des investissements directs étrangers. La balance générale des paiements a dégagé un excédent important de 2.053 MDT, ce qui a permis de consolider les réserves en devises qui ont atteint 11.656 MDT contre 9.582 MDT au terme de l’année 2007.
Parallèlement, les indicateurs de l’endettement extérieur se sont améliorés.
Au plan monétaire, le marché interbancaire a enregistré, au cours de l’année 2008, une forte activité en raison de l’abondance des liquidités, provenant essentiellement de la consolidation des avoirs en devises et de la croissance notable des concours à l’économie de l’ordre de 13,5 %. La masse monétaire M3 a augmenté de 14,4 %, au terme de l’année 2008.
Dans ce contexte et afin de maîtriser les pressions inflationnistes, la Banque centrale de Tunisie a relevé courant 2008 à deux reprises, les taux de la réserve obligatoire, tout en assurant un suivi plus rapproché de l’évolution du marché monétaire et en procédant aux interventions nécessaires pour réguler la liquidité, ce qui a contribué graduellement à maîtriser l’inflation.
Réduction du taux d’endettement à 47,5 % du PIB
Parallèlement, les efforts se poursuivent pour développer les instruments de la politique monétaire et préparer les préalables techniques nécessaires au passage à l’étape de ciblage de l’inflation.
En ce qui concerne les finances publiques, les ressources propres de l’Etat se sont accrues de 19,8 % en 2008 contre 6,7 % pour les dépenses, ce qui a ramené le déficit budgétaire à 1,2 % du PIB contre 2,9 % en 2007, en dépit de la hausse importante des charges de la Caisse générale de compensation et des subventions des carburants.
En effet, les réformes du système fiscal et la rationalisation des dépenses publiques ont permis d’améliorer sensiblement les indicateurs des finances publiques et, en particulier, de réduire le taux d’endettement à 47,5 % du PIB contre 50 % en 2007.
Dans le domaine du financement, l’encours des concours à l’économie a atteint environ 32,6 milliards de dinars à la fin de 2008, enregistrant une hausse de 13,5 %, en comparaison avec l’année 2007.
Également, les banques ont poursuivi leurs efforts visant à consolider leurs assises financières. Ainsi leurs fonds se sont élevés à 3,9 milliards de dinars enregistrant une hausse de 12,6 % pour porter l’indicateur de couverture des risques à 11,7 %.
En ce qui concerne la qualité portefeuille des crédits, les efforts des banques se sont renforcés dans le domaine de la maîtrise des risques, du traitement dynamique des créances classées et de la constitution des provisions nécessaires, ce qui a permis de ramener la part des créances classées à 15,5 pc contre 17,6 en 2007 et de porter le ratio de couverture de ces créances par les provisions à 56,8 %.
Ces efforts se sont répercutés favorablement sur les résultats financiers des banques, dont le produit net a augmenté de 13,3 % en 2008, relevant ainsi la rentabilité de leurs fonds propres à 11,2%.
Le marché monétaire national a maintenu un niveau d’activité soutenu et les banques ont continué à financer l’économie à un rythme supérieur à celui enregistré durant la dernière décennie.
Ainsi, le marché financier tunisien a continué à bénéficier de la confiance des intervenants et des investisseurs grâce à la solidité de ses assises et la conjugaison des efforts qui ont permis d’éviter les graves perturbations ayant touché la plupart des marchés financiers.
Sur le plan international, le rapport fait ressortir que la crise financière, qui a pris en 2008, une ampleur sans précédent, s’est transformée en une crise mondiale dont les retombées ont touché tous les secteurs.
Net ralentissement de l’économie mondiale
Ainsi, l’économie mondiale a enregistré un net ralentissement en 2008, réalisant un taux de croissance qui n’a pas dépassé 3,2% contre 5,2% en 2007 et un rythme du commerce international en baisse.
Les flux des investissements directs étrangers se sont contractés d’une manière significative et leur volume global a régressé d’environ 15% par rapport à l’année 2007. La situation des finances publiques a de son côté connu une détérioration notable en particulier dans les pays développés.
Face à cette situation, les autorités monétaires et les gouvernements, notamment, dans les pays avancés, se sont empressés d’intervenir, individuellement ou de façon concertée, par des injections massives de liquidités dans le système financier, des réductions des taux d’intérêt, des rachats d’actifs à haut risque et l’extension du champ des garanties sur les dépôts et les prêts bancaires ainsi que par une contribution massive dans la recapitalisation des banques.
Ces mesures non conventionnelles ont constitué un précédent dans les politiques économiques libérales.
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