Lors de l’examen des dernières évolutions de la conjoncture économique internationale, le Conseil a noté le ralentissement du rythme de la croissance de l’économie mondiale en 2012 avec un taux de 3,2% contre 3,9% une année auparavant et ce, en rapport, surtout, avec les retombées de la crise de l’endettement public dans la Zone Euro. Concernant l’année 2013, la Banque mondiale et le F.M.I ont révisé, en janvier courant, leurs prévisions du taux de croissance attendu pour l’économie mondiale à 2,4% et 3,5%, respectivement et ce, en raison du faible rythme de l’activité dans les pays industrialisés alors que l’expansion économique continuera à se consolider dans les pays émergents et en développement. Par ailleurs, les marchés financiers internationaux ont connu globalement une évolution positive au début de l’année en cours sous l’effet de l’apparition de signes d’atténuation des difficultés budgétaires dans les pays avancés et du maintien par les Banques centrales de ces pays de politiques monétaires propices à relancer l’activité économique.
Concernant l’économie nationale, elle a pu sortir en 2012 de la situation de récession qu’elle avait connue un an plus tôt et amorcer une reprise économique progressive ayant concerné la plupart des secteurs d’activité, notamment l’agriculture et les services, en particulier le tourisme et le transport aérien avec un accroissement des recettes touristique et du nombre de passagers de 30% et 32%, respectivement, ainsi que le secteur des industries non manufacturières dont l’indice de la production minière a connu une progression de 11,2% à fin octobre 2012, et à un degré moindre pour l’énergie. Par contre, les industries manufacturières orientées vers l’exportation ont enregistré une baisse de cet indice de 1,1% pour les industries mécaniques et électriques et de 3,6% pour le textile et habillement.
Au niveau des équilibres financiers, le Conseil a constaté qu’un ensemble d’évolutions négatives enregistrées au cours de l’année dernière imputables tant de l’évolution défavorable de la conjoncture internationale qu’au climat intérieur des affaires a contribué à exacerber les pressions sur le balance des paiements courants, la hausse du niveau général des prix et l’aggravation du déficit du Budget de l’Etat.
Concernant les paiements extérieurs, les exportations ont subi l’effet du repli de la demande extérieure provenant des pays partenaires européens qui ont connu une récession l’année dernière, alors que les importations ont augmenté, surtout pour l’énergie, les biens d’équipement et les biens de consommation, à un rythme plus rapide. Ces évolutions ont entraîné un élargissement du déficit commercial de 35% en 2012, contribuant à l’aggravation du déficit de la balance des paiements courants qui a atteint 8,1% du PIB contre 7,3% une année auparavant. Le financement de ce déficit a été assuré grâce à l’accroissement des flux d’investissements directs étrangers (+85,4%), d’une part, et à la mobilisation accrue des crédits extérieurs à moyen et long termes, d’autre part, ce qui a favorisé la consolidation des avoirs nets en devises pour atteindre 12.576 MDT ou l’équivalent de 119 jours d’importation au terme de l’année 2012 contre 10.582 MDT et 113 jours à fin 2011.
Pour ce qui est de l’évolution des prix, le taux d’inflation a atteint 5,9% en termes de glissement annuel et 5,6% en moyenne au terme de l’année 2012 contre 3,5% enregistré en 2011. Cette hausse a concerné tous les groupes de produit, surtout les produits alimentaires dont les prix ont augmenté de 8,4% à la fin de l’année précédente.
Sur le plan monétaire, le besoin des banques en liquidités s’est progressivement atténué au cours du dernier trimestre de l’année, ce qui a entrainé une baisse de l’intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire. Il en est résulté, avec la décision de la Banque centrale de relever son taux d’intérêt directeur à fin août 2012, une hausse du taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire passant de 3,16% en janvier 2012 à 3,98% en décembre de la même année. Au début de l’année en cours, l’intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire a été ramenée à 3.663 MDT en janvier (contre 4.786 MDT le mois précédent), en rapport avec la rationalisation du refinancement, d’une part, et l’amélioration de la liquidité bancaire suite surtout à la hausse sensible des dépenses de l’Etat, d’autre part. Aussi, le taux d’intérêt moyen sur ce marché a-t-il augmenté pour atteindre 4,25% au cours du même mois.
Concernant l’activité du secteur bancaire, elle a été marquée par la hausse de l’encours des dépôts en 2012 à un rythme plus rapide que celui enregistré l’année précédente (10,8% contre 5,1%) concernant, surtout, les certificats de dépôts et les dépôts à vue. Par contre, les concours à l’économie ont connu une décélération de leur rythme de progression (8,7% contre 13,4% en 2011) notamment pour les crédits à moyen terme en relation avec le ralentissement des investissements privés.
A la lumière de ces évolutions, et tout en observant les signes de reprise de l’activité économique à un rythme encourageant dans certains secteurs, d’une part, et la persistance des pressions sur les équilibres financiers intérieurs et extérieurs, d’autre part, le Conseil insiste sur la nécessité d’en combattre les sources et recommande plus de vigilance et de mettre en œuvre les mesures indispensables au maintien de ces équilibres à des niveaux soutenables, conditions nécessaires à la relance de l’investissement, de la croissance et de l’emploi, ainsi qu’au rétablissement de la stabilité économique et financière, et décide de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque centrale.
(Communiqué)