Lors de son intervention dans l'émission Expresso, de ce jeudi 8 février 2024, sur radio Express FM, le professeur universitaire d'économie Ridha Chkoundali à précisé à propos de l'adoption par le Parlement de la loi relative à l'autorisation de la Banque centrale de Tunisie d'accorder des facilités au profit du trésor public, que l'emprunt direct peut être bénéfique à l'économie s'il s'inscrit dans le cadre d'une approche économique globale complètement différente de celle suivie depuis la révolution. Il a ajouté qu’à cause de l’adoption de cette approche en 2023, le gouvernement a perdu plus d'un milliard de dinars de ressources fiscales et ce, en raison du faible taux de croissance, qui est passé de 1,8% à 0,9%.
Dans le même sillage, Ridha Chkoundali a expliqué que les emprunts directs auprès de la BCT doivent obligatoirement financer les dépenses d'investissement dans le cadre d'une collaboration complète entre le gouvernement et l'autorité monétaire. Selon lui, il est nécessaire de réaliser deux modifications pour atteindre cette stratégie économique globale : la première consiste à modifier le statut de la Banque centrale de Tunisie en ajoutant un deuxième objectif à atteindre, en plus de lutter contre l'inflation, celui de la croissance. La deuxième réside dans un article de la loi de finances, qui oblige l'État à utiliser le financement direct de la BCT uniquement pour des dépenses d'investissement.
Ridha Chkoundali a souligné, en outre, que le montant de l'emprunt est excessif et qu'il ne devrait pas dépasser les 2,8 milliards de dinars accordés par la BCT en 2020, ce qui équivaut au montant de la tranche de la dette à rembourser en février courant de 850 millions d'euros, empruntée par le gouvernement Chahed en 2017. Il a souhaité que le gouvernement utilise les 1,3 milliards de dollars (environ quatre milliards de dinars) prévus dans le budget de 2024 en termes d'emprunt extérieur, qui sont suffisants pour rembourser les dettes extérieures pour le premier trimestre de 2024. En limitant le plus possible le montant emprunté, l’invité d’Expresso pense que les effets économiques d'un tel emprunt direct peuvent être minimisés. De plus, si les affirmations de la ministre concernant la manière prévue de dépenser cet emprunt direct sont respectées, cela aura un impact positif sur l'économie. Et de souligner que l'approche économique globale qu'il a proposée garantit la pérennité des finances publiques sans passer à chaque fois par une loi exceptionnelle permettant de financer directement le Trésor par la BCT.
En ce qui concerne les effets de ce financement direct, l'universitaire a déclaré que si cet argent est utilisé pour le paiement des salaires et des indemnités, cela va entraîner une hausse de l'inflation en plus d'un glissement du dinar en raison de l'utilisation des avoirs en devises pour le paiement de la dette. Le montant utilisé à cet effet dépendra du montant total de cet emprunt direct. Et poursuivre que si l'ensemble de l'emprunt est utilisé pour financer l'investissement, cela aura des effets positifs sur l'économie, en encourageant l'investissement privé, en générant de la croissance en plus des recettes fiscales supplémentaires, et en offrant une pérennité au niveau des finances publiques.
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