La Banque Mondiale vient d’actualiser ses prévisions de croissance pour les différentes parties du monde. Pour la Tunisie, l’institution de Bretton Woods a estimé la chute du PIB en 2020 à 9,1% et a prévu sa croissance de 5,8% en 2021 et de 2% en 2022. Il est à noter que la baisse de 2020 serait la quatrième plus importante dans toute la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord (MENA) devant le Liban (-19,2%), l’Irak (-9,5%) et Oman (-9,4%). La moyenne pour toute la région est estimée à -5% avec des disparités importantes entre les pays producteurs et non producteurs du pétrole (voir http://www.tustex.com/international-mena/l-activite-economique-dans-la-r... ).
Ces prévisions pour la Tunisie différent assez sensiblement des attentes officielles à -7,3% en 2020 (contre une croissance positive de 4% en 2021) et celles du FMI qui prévoit une baisse de la richesse nationale de -7% en 2020 et sa progression de 4% en 2021, comme l’a fait remarquer l’économiste Hachemi Alaya dans la première livraison de Ecoweek de cette année. L’économiste va même plus loin et prévoit une baisse encore plus profonde du PIB à -10,2% en 2020 contre une croissance chétive de seulement 2% en 2021 malgré l’ampleur de la chute de l’année précédente. Tous ces écarts indiquent la difficulté que rencontrent les prévisionnistes pour jauger la croissance dans ce contexte difficile inédit où le monde navigue à vue en attendant la fin de la pandémie du COVID.
En ce qui concerne la Tunisie, le COVID n’explique pas tout dans la chute de la création des richesses par le pays. Le virus n’a fait qu’enfoncer le clou pour l’économie Tunisienne, en dérive depuis une décennie. Sans revenir sur les détails, cette dégringolade se résume en deux mots : mauvaise gouvernance !
Cela dit, dans le contexte actuel, une seule urgence absolue doit être mise en exergue : la vaccination de la population tunisienne. Sans cette vaccination, il serait inutile de parler de croissance dans les exportations, les investissements et la consommation. Sans cette vaccination, l’économie ne pourrait pas redémarrer : pas de développement régional, pas de tourisme, pas d’événementiel et la liste est longue ! Et, même parler de l’avenir du pays dans un Dialogue national, n’aurait pas de sens sans cette condition sine qua non qu’est la vaccination. Autant dire que cette campagne de vaccination, tant attendue, a un coût mais n’a pas de prix ! Les pays qui font la course pour s’approvisionner en vaccins le plus tôt possible n’ont pas tort car le rétablissement de conditions normales de travail passe par une neutralisation totale du virus.
Ces derniers jours, en Tunisie, on a enregistré des records des nombres des décès (le cap d’un total de 5000 décès a été dépassé )et des nouveaux cas COVID ainsi que des records dans les admissions dans les services de réanimation. Selon les services de la santé, 18 gouvernorats sur 24 sont classés zones rouges et le pays est passé au palier 4 de la pandémie.
Les dirigeants du pays doivent user de tout leur poids et de tout leur pouvoir d’influence pour accélérer l’approvisionnement de la Tunisie en vaccins car cela serait le point de départ pour toute relance ou tout sauvetage économique et surtout parce que la vie des citoyens n’a pas de prix.
Naoufel Ben Rayana
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