Selon le dernier bulletin d’information économique de la Banque mondiale sur la région MENA « Commercer ensemble : vers une relance de l’intégration de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’ère post-COVID », il en ressort que le commerce et l’intégration, au sein de la région et avec le reste du monde, seront déterminants pour réduire la pauvreté, renforcer les moyens d’action des personnes démunies et stimuler la croissance économique après la COVID.
Les chocs économiques provoqués par la pandémie et la baisse des prix du pétrole
Le double choc économique induit par la pandémie de COVID-19 et la baisse des prix du pétrole a des répercussions sur tous les aspects des économies de la région MENA, lesquelles devraient se contracter de 5,2 % en 2020 — ce qui est inférieur de 4,1 points de pourcentage aux prévisions d’avril 2020 et de 7,8 points de pourcentage à celles d’octobre 2019. Les données les plus récentes laissent entrevoir une vision de plus en plus pessimiste de la situation de l’économie régionale, qui ne devrait se redresser qu’en partie en 2021.
Les perspectives du compte courant et des soldes budgétaires de la région MENA se sont également détériorées. Poussés à la fois par la diminution des recettes d’exportation pétrolière, la chute d’autres recettes budgétaires et les dépenses requises pour faire face à la pandémie, le compte courant et les soldes budgétaires de la région devraient s’établir respectivement à -4,8 % et -10,1 % du PIB en 2020, ce qui est nettement inférieur à ce qui avait été prévu en octobre 2019. La dette publique devrait augmenter considérablement dans quelques années, passant d’environ 45 % du PIB en 2019 à 58 % en 2022.
Commerce et intégration régionale
Selon le rapport, l’intégration de la région MENA ,tant entre ses pays qu’avec le reste du monde, laissait à désirer avant la pandémie pour plusieurs raisons d’ordre économique, telles que de mauvaises performances en matière de logistique, l’inefficacité des services douaniers, le niveau élevé des coûts d’infrastructures, l’inadaptation des cadres juridiques à l’investissement et l’hétérogénéité des réglementations, qui s’ajoutent au coût élevé des opérations commerciales et représentent désormais des obstacles non tarifaires au commerce. Les obstacles liés à l’économie politique limitent aussi la coopération, tandis que les conflits et la violence ont des conséquences qui entravent les échanges commerciaux et freinent la croissance économique.
Les défis relatifs à la logistique et l’environnement des entreprises empêchent l’intégration de la région MENA dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. En dépit des améliorations observées ces dernières années, la région MENA affiche de piètres résultats en ce qui concerne l’accès au crédit, pour lequel elle est à la traîne du reste du monde. Le commerce transfrontalier coûte cher et prend du temps : il faut en moyenne 442 dollars et 53 heures pour se conformer aux formalités à l’exportation, ce qui est trois fois plus cher et quatre fois plus long que les moyennes des économies à revenu élevé de l’OCDE. La région est aussi l’une des plus restrictives au monde s’agissant du commerce des services.
Le rapport propose un nouveau cadre d’intégration qui va au-delà de la réduction des tarifs douaniers. Certaines de ses propositions semble indiquer que la libéralisation des échanges doit être globale et profiter à tous les secteurs, y compris l’agriculture et les services. À moins d’améliorer l’environnement des entreprises et de renforcer le rôle du secteur privé, la région ne tirera pas avantage de l’ouverture commerciale. Concernant la mise en œuvre, un meilleur équilibre entre les objectifs politiques et économiques sera nécessaire pour faire en sorte que les accords n’échouent pas. L’adoption simultanée de réformes intérieures — au sein de la région MENA et en collaboration avec l’Europe et l’Afrique — va nécessiter des règles claires et des mécanismes de mise en œuvre efficaces.
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