La 34ème édition des Journées de l’Entreprise s’est tenue sous la thématique majeure « L’entreprise et le nouveau rôle de l’Etat, cet événement, organisé par l’IACE, a été l’espace de présence de personnalités éminentes du monde politique et économique national et international. Les JES 2019 ont été l’occasion de débattre de diverses questions dans le cadre de trois panels à savoir : Crise politique : pour un Etat efficace, Crise économique et le rôle de l’Etat ainsi que Crise sociale : quel modèle d’inclusion à adopter. Comme à son accoutumance, les Journées de l’Entreprise ont été conclues par l'énoncé des recommandations de l’IACE.
De multiples questions ont été au coeur des débats entre intervenants sur le podium des JES. Lumière a donc été faite sur le rôle de l’Etat dans la régulation du marché et son intervention dans un contexte de crise économique. A ce propos, la balance a penché pour une tendance du juste milieu entre interventionnisme et non interventionnisme. Néanmoins, l’action de l’Etat n’a pas manquée d’être sujet à critiques de la part de Nefaa Ennaifer, coordinateur général des JES. En effet, il a indiqué que le gouvernement tunisien a gaspillé 9 années à évoquer les réformes de restructuration ainsi que de l’amélioration de la situation du citoyen sans que rien ne soit fait concrètement. Nefaa Ennaifer a de même attiré l’attention sur le fait que la Tunisie sera confrontée à des défis bien plus importants que ceux passés. De son côté, Mohamed Ennacer, ancien député et président de l’ARP, a expliqué que l’Etat ne peut se charger de tout exécuter en ce qui regarde la création d’emploi. Il a ajouté qu’il est indispensable de mettre en place des politiques sur une période de plus de 5 ans.
Par ailleurs, il a été question de la crise politique que connaît le pays depuis des années maintenant et qui a de fâcheuses répercussions sur la situation économique. A cet effet, Nefaa Ennaifer a souligné que cette crise survient du fait que le système électoral est défaillant, ce qui est à même d’entraîner une inefficacité du pays ainsi que son incapacité à mener à bien les réformes requises. Il a ajouté également qu’il est impératif de mettre en place des stratégies garantissant de suivre le rythme des transformations technologiques rapides ainsi que celles du marché du travail, et ce, afin de pouvoir faire face à la concurrence internationale en la matière. En outre, la lumière a été faite sur la question du cadre légal stimulant pour l’investissement. Une question soulevée par le PDG de la Cap Bank Tunisie, Habib Karaouli qui a, à ce titre, estimé que nombreuses réglementations sont déjà mises en place. Il a ajouté qu’il existe un cadre légal pour le Partenariat Public Privé depuis des années sans qu’il ne soit réellement engagé. Selon M. Karaouli, la multiplication des lois ne fait qu’imposer un blocage à l’investissement. S’y ajoute des procédures administratives lourdes sur fond de mode de gouvernance loin d’être optimal et efficace.
A ce propos, la présidente de la Chambre de commerce tuniso-canadienne, Souad Siala a expliqué que l'administration tunisienne est très lente et doit être développée davantage. Dans un autre registre, elle a ajouté qu’il existe un grand nombre d'entreprises canadiennes qui ont décidé de s’installer en Tunisie afin de tirer profit des talents tunisiens, notant que le Canada souffre d'un énorme manque de main-d'œuvre. De son côté, Bilel Sahnoun, PDG de la Bourse de Tunis, a déclaré, à propos des sociétés tunisiennes, que le marché financier a mis en place des programmes spécifiques pour permettre aux entreprises d'améliorer leurs performances. Il n’a pas manqué de noter la nécessité d'une volonté politique qui améliorerait la contribution du marché financier au financement de l'économie. Par ailleurs, Bilel Sahnoun a indiqué que plusieurs entreprises étaient en train de préparer des dossiers pour s’introduire en bourse au début de l'année 2020 soulignant qu'il existe des entreprises de gros calibre dont l’introduction générera plus de capital à la Bourse de Tunis. Bilel Sahnoun a regretté la faible capitalisation de la Bourse de Tunis qui ne représente aujourd'hui que 22% du PIB.
En termes de conclusion, le Directeur exécutif de l’IACE, Majdi Hassan a fait part des recommandations réfléchies à l’issue des JES. Il a indiqué que les structures de l’Etat doivent être plus efficaces et effectives en matière de mise en œuvre des décisions, en plus de reconsidérer le mode de mise en application des différentes réglementations. Majdi Hassan a de même reconnu la nécessité de restaurer le rôle de l'administration et de lui donner des responsabilités en lui assurant une certaine protection lors de l'application des lois.
En ce qui concerne la question des investissements en Tunisie, le Directeur exécutif de l’IACE a déclaré que la politique d'investissement en Tunisie devrait être basée sur des politiques sectorielles. En effet, il s’agit de choisir des secteurs spécifiques et de leur apporter le soutien nécessaire. En outre, il a souligné l'importance de préparer les générations futures et de les sensibiliser au développement technologique par l'éducation, de maintenir la souveraineté économique et de définir une politique claire de lutte contre l'ignorance numérique, en plus d'activer le rôle du troisième secteur, à savoir : l'économie sociale et solidaire. Majdi Hassan a évoqué la nécessité de mettre en place un système de valeurs fondé principalement sur l'affiliation, la citoyenneté et la lutte contre la corruption.
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