La Réserve fédérale (Fed) américaine a sans surprise relevé
d'un quart de point, à 4%, son principal taux directeur mardi, jugeant que la
hausse des prix de l'énergie pouvait alimenter les pressions inflationnistes,
qui devraient cependant rester "contenues" à long terme.
Les dix membres du comité de politique monétaire ont voté à
l'unanimité en faveur de cette hausse des taux, la douzième consécutive.
Cette décision ne constitue pas une surprise pour les
économistes, qui étaient davantage curieux de connaître les termes employés par
la Banque centrale dans son communiqué final, particulièrement sur le terrain de
l'inflation.
La Fed a ainsi estimé que les coûts de l'énergie, qui se
sont envolés dans le sillage du passage des cyclones Katrina et Rita sur le sud
des Etats Unis à la fin de l'été, pouvaient "accroître les pressions
inflationnistes".
Mais elle a souligné que "l'inflation de base a été
relativement basse au cours des derniers mois" et que "les perspectives
d'inflation pour le plus long terme restent contenues".
Elle a ainsi estimé que le caractère accommodant de sa
politique pourra être abandonné "à un rythme mesuré", comme elle a pris
l'habitude de le qualifier dans ses communiqués.
Evoquant l'impact direct des cyclones sur l'économie
américaine, la Fed s'est également montrée rassurante.
Outre la hausse des prix de l'énergie, les interruptions
d'activité après le passage des cyclones "ont temporairement déprimé la
production et l'emploi", a-t-elle estimé.
Mais sa politique monétaire accommodante, ainsi qu'une
croissance "robuste" de la productivité, ont permis de "soutenir l'activité",
qui trouvera un soutien supplémentaire dans l'effort de reconstruction attendu.
Sur les marchés, ces remarques n'ont pas créé de grosse
surprise.
Les derniers chiffres macro-économiques, notamment
l'accélération de la croissance au troisième trimestre, pourtant marqué par le
passage des cyclones, plaidaient en faveur d'un nouveau relèvement du principal
taux de la Banque centrale.
Les membres de la Fed avaient par ailleurs très largement
préparé le terrain au cours des dernières semaines, multipliant les discours sur
les thèmes des prix de l'énergie, de l'inflation, de la "résistance" de
l'économie américaine ou bien encore de l'impact des cyclones.
"En termes de changement de langage, il n'y a pas grand
chose. L'inflation de base reste sous contrôle et les risques sont dans
l'ensemble équilibrés", a-t-il résumé.
Pour l'avenir, les économistes tablent sur la poursuite du
resserrement monétaire, dans un environnement où l'évolution de l'inflation
restera un facteur-clé.
La Fed devrait continuer à relever ses taux, qui seront
probablement à 4,75% à la fin du premier trimestre 2006.
A ce moment-là, un nouveau président aura succédé à
l'actuel président Alan Greenspan, qui prendra sa retraite le 31 janvier après
18 années passées à la tête de la Banque centrale américaine.
Ben Bernanke, actuel président du Conseil économique de la
Maison Blanche, a été nommé le 24 octobre par le président Bush pour succéder à
M. Greenspan. Sa nomination doit encore être confirmée par le Sénat. Son arrivée
ne devrait pas avoir beaucoup d'effet sur la politique monétaire de la Fed. Il
pourrait simplement se montrer un peu plus dur que son prédécesseur, étant donné
qu'il est partisan de politiques monétaires fondées sur un objectif d'inflation
chiffré.