L'Opep a finalement décidé après quelques hésitations jeudi
à Abuja d'envoyer un signal fort aux marchés en programmant une nouvelle baisse
de sa production et a déroulé le tapis rouge à l'Angola, qui deviendra le 12e
membre du cartel au 1er janvier 2007.
A l'issue d'une réunion très attendue dans la capitale
nigériane, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a confirmé
jeudi dans son communiqué final qu'elle réduira sa production de 500.000 barils
par jour à partir du 1er février.
Si l'Opep a finalement choisi d'envoyer ce signal fort,
elle court malgré tout le risque de se voir reprocher par les pays consommateurs
de fermer encore un peu plus le robinet au moment même où l'hiver battra son
plein en hémisphère nord.
Cette baisse s'ajoutera en effet à celle de 1,2 million de
barils par jour (mbj) décidée fin octobre à Doha.
Au total, l'Opep (hors Irak, qui n'est pas concerné) ne
produira donc plus que 25,8 mbj à partir de février. Quant au quota officiel de
l'Opep, devenu largement symbolique ces derniers mois, il demeure fixé à 28 mbj.
Les ministres ont justifié leur geste -qui a immédiatement
fait grimper les cours du brut de plus d'un dollar à New York- par l'abondance
des stocks de pétrole dans les pays consommateurs, le ralentissement attendu de
la croissance économique mondiale et le fait que les pays non-Opep ont beaucoup
investi pour accroître leur production.
Ils estiment en outre que la décision de Doha "a réussi à
stabiliser le marché et à l'amener à l'équilibre, bien que les cours demeurent
volatils, reflétant l'excédent d'offre du marché", selon le communiqué. D'où la
poursuite d'une politique similaire.
Les analystes sont plus sceptiques et rappellent que la
baisse de Doha n'a en réalité été appliquée que mollement, car les pays membres
rechignent à devoir renoncer à une partie de leurs recettes pétrolières.
Quoiqu'il en soit, cette décision n'est pas franchement une
surprise car de nombreux ministres de l'Opep avaient plaidé pour une baisse de
production ces dernières semaines, tout en semblant hésiter tant que les cours
dépassaient les 60 dollars.
"Jusqu'ici, de nombreux opérateurs étaient encore
sceptiques sur la détermination de l'Opep, mais elle vient de prouver son
sérieux quant à sa volonté de garder le contrôle des prix", a réagi Phil Flynn,
d'Alaron Trading.
L'Opep a par ailleurs "admis à l'unanimité la République
d'Angola en tant que douzième membre de plein droit, avec effet au 1er janvier
2007".
Il s'agit de la première adhésion depuis celle du Gabon
(qui s'est retiré depuis) en 1975. C'est un "événement historique", s'est réjoui
le président de l'Opep, le Nigérian Edmund Daukoru, qui a beaucoup oeuvré pour
attirer l'Angola dans le cartel.
L'Angola est le deuxième producteur de pétrole d'Afrique
sub-saharienne derrière le Nigeria. Sa production de brut se situe actuellement
autour de 1,4 mbj et devrait bondir à 2 mbj d'ici à la fin de 2007.
Le cartel a aussi décidé de nommer le Libyen Abdallah
al-Badri, ancien patron de la compagnie pétrolière nationale libyenne, au poste
de secrétaire général pour trois ans. Ce poste très convoité faisait l'objet de
disputes récurrentes entre pays membres depuis plus de deux ans.
La prochaine réunion de l'Opep aura lieu le 15 mars à
Vienne. L'Arabie saoudite devrait également accueillir le troisième sommet des
chefs d'Etats des pays membres de l'Opep en septembre 2007 à Ryad. Le précédent
avait eu lieu à Caracas en 2000.