Riadh Ben Jelili , auteur du livre "les réformes économiques en Tunisie : Une urgence en quête de leadership", était l'invité d'Express Fm ce matin pour parler du livre, écrit en collaboration avec le centre Joussour, Think Tank indépendant spécialisé dans l’élaboration de politiques publiques, focalisé sur les aspects stratégiques de la « Tunisie nouvelle ».
Le titre du livre est déjà assez expressif explique son auteur, qui a essayé de faire le tour de la question des réformes, passant du politique au social, en mettant l’accent d’un coté sur le retard qu’a pris la Tunisie pour mettre en œuvre les réformes prioritaires, mais aussi sur l’absence d’un leadership institutionnel capable d’impulser des réformes structurelles douloureuses qui visent à la fois la croissance et l’aspect toujours sensible de redistribution des richesses, le tout dans un contexte de transition démocratique, qui reste un objectif principal.
Sur la question du leadership, le livre aborde plusieurs problématiques dont la question du rôle de l’Etat, ainsi que le gaspillage et la corruption que subissent les marchés publics, en l'absence d'administration centrale forte qui constitue un centre de décision. Riadh Ben Jelili cite par exemple la note d’orientation stratégique du plan quinquennal de développement à laquelle il manque une vision préalable, plus large et à plus long terme, qui dépasse la sphère politique et à laquelle tout le monde doit adhérer : société civile, secteur privé….C’est le même principe que pour la constitution, selon Ben Jlili, qui explique que tout plan de développement doit reposer sur une conception commune de ce que devrait être le pays pour les prochaines générations, le rôle du leader ainsi que le fait de rassembler le maximum de gens autour de cette conception, y compris parmi ceux qui ont un penchant pour le statut-quo. Il est désormais plus aisé de concevoir une vision à long terme, explique l’auteur, car tout le travail sera axé sur l’économique et le social, maintenant que le cadre constitutionnel et institutionnel existe, ajoute-t-il.
Le livre défend la notion de « capabilité », inspirée d’Amartya Sen, prix Nobel d’économie 1998, et qui donne comme rôle premier à l’Etat, celui du soutien aux initiatives individuelles qui elles devront être le moteur du développement et de l’impulsion de l’investissement et de la croissance. Pour commencer à jouer son rôle, l’Etat tunisien devra procéder à plusieurs réformes, en donnant la priorité à tout ce qui touche au climat des affaires dont le cadre réglementaire et administratif, mais aussi concurrentiel. Les réformes doivent également se pencher sur la question des marchés publics, qui représentaient 17,7% du PIB à fin 2015, pour qu’ils offrent plus de débouchés aux PME et leur permette d’alimenter leur carnets de commandes. D’un autre coté, Riadh Ben Jelili fait remarquer que les tunisiens ont tendance à lier les problèmes de corruption au secteur public et aux institutions étatiques, or il se trouve que l’intégrité du secteur privé est aussi un facteur fondamental pour la lutte contre la corruption et la concurrence déloyale. Un autre élément stratégique, celui de la politique industrielle d’investissement, souffre encore d’une vision étroite estime Ben Jelili, comme le fait de se focaliser sur le tourisme en tant que secteur stratégique alors qu’il dépend de plusieurs facteurs exogènes en dehors de notre champs d’action, alors qu’il faudrait se concentrer d’avantage sur les secteur dont nous contrôlons les facteurs clés...
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