Intervenu ce matin de mardi 8 octobre 2024, au micro de radio Express FM, le conseiller fiscal et membre du Conseil national des impôts, Mohamed Salah Ayari, a déclaré que la tendance au cours des trois dernières années était en l’occurrence politique, ajoutant que durant la nouvelle phase, il doit y avoir une approche purement économique en vue de sortir le pays de la crise économique étouffante dont souffre. Il a estimé, à ce titre, qu'il y a des signes positifs et bons, mais ils restent insuffisants. En effet, d’importants efforts doivent encore être déployés indiquant, par là même, que le Conseil national de la Fiscalité n'a pas été invité à discuter du projet de loi de finances au titre de l’exercice de 2025, puisque la dernière date limite pour soumettre ledit projet au Conseil des représentants du peuple est le 15 octobre.
Par ailleurs, Mohamed Salah Ayari a souligné qu'atteindre des taux de croissance qui n'ont pas dépassé 0,6% au deuxième trimestre 2024 signifie qu'il y a des projets majeurs qui ne sont pas encore terminés et que l'exécution des dépenses de développement n'a pas dépassé les 34%. S’ajoute à cela la faiblesse des investissements. Et de poursuivre qu’il est nécessaire d'accélérer la mise en œuvre des projets bloqués soulignant que l'absence d'investissement conduit à l'absence de croissance. Le conseiller fiscal a estimé, en outre, que la législation est considérée comme un obstacle au développement en général et les autorisations doivent être complètement supprimées à l’exception de certains secteurs sensibles. Il faut libéraliser l’initiative privée et passer à l’application concrète sur le terrain.
Dans le même ordre d’idées, l’invité d’Expresso a évoqué la réduction des impôts, notamment en ce qui concerne les personnes physiques, à même de donner confiance aux investisseurs. En outre, il ne faut pas exagérer la crainte d'une inflation élevée, d’autant plus que la banque centrale doit réduire le taux d'intérêt, qui est encore élevé et n'encourage pas à l'investissement et au lancement de nouveaux projets.
Dans un autre registre, Mohamed Salah Ayari a évoqué des hypothèses de la loi de finances pour l'année 2025, indiquant que le prix du baril de pétrole fixé à 81 dollars en 2024 était raisonnable. Pour 2025, le prix de 77,4 dollars est également considéré à priori comme raisonnable. S’agissant de la deuxième hypothèse, elle concerne le taux de change qui sera d’environ 3,1 dinars, indiquant ainsi que le maintien de la valeur du dinar aura un impact positif significatif sur le budget de l’Etat et sur l’économie du pays. Le conseiller fiscal a expliqué, de plus, que la troisième hypothèse concerne la masse salariale, soulignant l'importance de la maintenir sous contrôle autant que possible et de la réduire à moins de 12% du produit intérieur brut. La quatrième hypothèse, selon Mohamed Salah Ayari, concerne le poste de la compensation, pour lequel des sommes importantes sont allouées : 8,8 milliards de dinars en 2023, mais elle a atteint 11,4 milliards de dinars à la fin de l'année, et 11,3 milliards de dinars en 2024, soit des montants élevés. Un travail doit être fait en vue de contrôler les dépenses alimentaires essentiellement.
Par ailleurs, l’invité d’Expresso a souligné que les tendances économiques de la Tunisie nécessitent de maîtriser le poste des subventions et de l'orienter vers ceux qui le méritent réellement, et ce, en l'augmentant progressivement et en orientant les transferts financiers vers les groupes concernés afin de combler la différence, sans pour autant affecter le pouvoir d'achat des citoyens. Cette manœuvre permettra de réduire le fardeau supporté par le budget. Il a souligné également la nécessité d'augmenter les dépenses de subvention dans le cadre du budget et d'œuvrer pour réaliser des investissements afin que les montants alloués soient investis pour stimuler la croissance et créer de la richesse.
S’agissant de la question portant sur les impôts, Mohamed Salah Ayari a indiqué que l'hypothèse table sur 44 milliards de dinars en 2024, indiquant que l'amnistie fiscale a généré un apport important et a contribué à l'augmentation des recettes fiscales, à hauteur de 1.750 millions de dinars. Et de poursuivre que les recettes s'élevaient à 20,8 milliards de dinars au mois de juin, soit 47,2%, et pourraient encore augmenter à la fin de l'année, soulignant que la fiscalité représente environ 57%des ressources totales du budget de l'Etat.
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