Le Gouverneur de la Banque Centrale, Marouane El Abassi, est intervenu ce matin, devant les députés de l'ARP, pour faire le point sur la situation économique en Tunisie, la plus difficile depuis 1962 selon le patron de la BCT, après la plus forte contraction du PIB de son histoire, de 9% en 2020. La situation économique ne peut pas être plus difficile, a déclaré Le Gouverneur, qui a ajouté que rien n'est fait pour soigner les défaillances qui enfoncent l'économie tunisienne, qui est une économie ouverte, a insisté El Abassi. En l'absence de ressources naturelles comme le pétrole, si la Tunisie ne produit pas et donc n'exporte pas les conséquences ne peuvent qu'être catastrophiques, notamment sur le déficit courant, le plus grand danger sur la Tunisie, a expliqué El Abassi, rappelant qu'il avait auparavant insisté sur ce point, lors de sa toute première intervention à l'Assemblée, lorsque le déficit n'était qu'à 8%. Le patron de la BCT a évoqué, dans ce sens, l'ouverture néfaste sur des marchés comme la Chine ou la Turquie.
Selon El Abassi, la détérioration des performances de l'économie tunisienne vient principalement de la faiblesse des recettes de l'Etat, couplée avec une aggravation du déficit courant, qui a atteint 11,2%, a réitéré le Gouverneur, ce qui explique le recours à l'endettement pour rembourser les dettes antérieures auprès des bailleurs internationaux. Le Gouverneur a d'ailleurs appelé à une trêve politique pour retrouver la confiance des institutions internationales, entre autres le FMI. Il a également déploré le climat des affaires morose qui bloque l'investissement. Le FMI est aujourd'hui le seul recours selon El Abassi, l'échec des pourparlers pour un nouveau programme compromettrait les futurs accords avec les plus grands soutiens traditionnels du pays, particulièrement les Etats Unis et le Japon. Les deux prochains mois seront également cruciaux pour la prochaine notation par FItch Rating, qui pourrait placer la Tunisie dans la catégorie C à la fin du mois de juin, un scénario très dangereux pour l'économie tunisienne.
L'intervention d'El Abassi a aussi porté sur l'état des entreprises publiques, et le rôle de la BCT dans le financement du Budget de l'Etat et sa politique monétaire. Les entreprises publiques contribuaient auparavant au financement des ressources de l'Etat, elles sont aujourd'hui obligées de s'adresser à la BCT pour régler les salaires des fonctionnaires, citant entre autres, le Groupe Chimique et l'ETAP.
El Abssi a aussi insisté sur la nécessité de faire face à l'inflation, considérée aujourd'hui comme le risque majeur auquel est confrontée la Tunisie. Concernant le financement monétaire, auquel Marounae El Abassi s'oppose en raison de son impact sur l'inflation, le Gouverneur de la BCT a rappelé que l'institut d'émission appartient à tous les tunisiens, il a rappelé que les discussions avec la commission des finances étaient constructives. El Abassi a rappelé que l'indépendance a été accordée par la loi 2016 et qu'il n'était pas contre la dicussion sur bien-fondé.
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