Fethi Zouhair Nouri, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), s’est entretenu, le 22 juillet 2024, avec une délégation de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect) conduite par son président, Aslan Berjeb.
La rencontre s'est déroulée dans un esprit constructif et a permis d'aborder des thématiques stratégiques pour l'économie tunisienne. Elle a souligné la nécessité de renforcer la collaboration entre la BCT et la Conect, en alignant leurs efforts pour promouvoir une économie tunisienne plus dynamique, innovante et inclusive.
Les deux parties se sont engagées à poursuivre le dialogue et à mettre en œuvre des actions concrètes pour faire face aux défis ; actuels et futurs ; de l’économie tunisienne. A cet effet, Nouri a réaffirmé l'engagement de la BCT, dans le cadre de ses prérogatives, à accompagner les entreprises tunisiennes et à favoriser un environnement économique propice à l'innovation et à la croissance durable. Du fait du rôle qui lui est dévolu dans la conduite de la politique monétaire et la préservation de la monnaie nationale, la BCT contribue à la compétitivité prix des entreprises « qui devraient, de leur côté, assurer la compétitivité-qualité ». Car, « c’est par la jonction de tous les efforts que l’économie tunisienne finira par se redresser », a-t-il précisé.
Inciter les entreprises à utiliser plus et mieux les lignes de financement déjà disponibles. Dans ce sens, l'un des sujets clés de la discussion a été le financement des entreprises dans un contexte marqué par l’aversion au soutien des activités à risque, notamment celles liées à la technologie et aux transitions numérique et verte.
Face aux défis posés par la conjoncture internationale et nationale, Nouri a réitéré l'engagement de la BCT à moderniser ses politiques pour favoriser un environnement plus propice à l'innovation et au développement durable. Il a salué les efforts fournis par les autorités pour diversifier les sources de financement et encourager les investissements dans les secteurs technologiques et les transitions numérique et verte. « La BCT explore avec les bailleurs de fonds et ses partenaires des mécanismes spécifiques pour faciliter le financement de ces activités stratégiques », a-t-il souligné tout en incitant les entreprises à utiliser plus et mieux les lignes de financement déjà disponibles.
Un constat partagé par Berjeb qui a, pour sa part, mis l’accent sur le besoin d’amélioration de la communication de la part des banques sur ces mécanismes et outils de financement.
Les échanges frontaliers et les zones de libre-échange ont également été au coeur des discussions lors de cette entrevue. Le focus a été mis sur les systèmes de paiements compensatoires.
A cet égard, les cadres de la BCT ont exposé les efforts de la Banque centrale pour renforcer les infrastructures de paiement transfrontalières et enrichir la panoplie des mécanismes existants, à l’instar des systèmes « Buna » (règlement inter-arabe) et « Paps » (paiement et règlement Panafricain). L’objectif étant de faciliter les échanges commerciaux et de réduire les coûts de transaction pour les entreprises tunisiennes, « faut-il que les banques et les entreprises travaillent de concert et saisissent ces opportunités », ont-ils relevé.
Pour sa part, Nouri, tout en considérant ces systèmes « déterminants » pour faciliter le commerce et réduire les coûts de transaction, a indiqué que la BCT « oeuvre à renforcer la coopération avec ses partenaires pour développer de pareils mécanismes » et qu’elle appelle « les banques de la place à adhérer davantage à ces plateformes ».
Ces efforts ont été salués par les représentants de la Conect qui ont souligné l'importance de ces initiatives pour le développement des PME et l'intégration régionale de l’économie tunisienne.
Le choix irrévocable de s’ouvrir aux technologies et à l’innovation Les deux parties ont insisté sur le rôle prépondérant et le potentiel des technologies disruptives pour améliorer l'inclusion financière et dynamiser l'économie numérique tunisienne.
Nouri a réitéré que pour la BCT « c’est un choix irrévocable de s’ouvrir aux nouvelles technologies financières » et ce, tout en insistant sur l'importance de développer, à cet effet, un cadre réglementaire clair et sécurisé. Afin de mieux cerner le sujet, la BCT a, dans ce sens, multiplié les initiatives, les études et expérimentations comme l’instauration d’une « sandbox » réglementaire en l’occurrence permettant aux fintechs de tester leurs innovations dans un cadre contrôlé. Cela a été, notamment, le cas pour les projets tendant à « stimuler la concurrence et l'innovation dans le secteur bancaire », dont notamment ceux relatifs à la réglementation des changes, à la data et à l'Open-Banking …
Pour Nouri, l’adaptation de la réglementation aux nouvelles réalités économiques et technologiques est inéluctable. « Cela tend à encourager l'innovation tout en assurant la stabilité financière. Les avancées technologiques offrent des opportunités considérables, mais nécessitent une approche attentive et bien régulée. La BCT y travaille avec ses homologues et partenaires. Elle demeure ouverte à toutes les initiatives et partenariats afin de renforcer la concurrence et stimuler l'innovation dans le secteur bancaire », a-t-il soutenu.
Incitations à la Diaspora pour encourager leurs investissements C’est dans ce cadre que le rôle de la diaspora tunisienne et les incitations pour encourager leurs investissements dans les activités numériques et stratégiques ont été abordés.
Respectivement, la BCT et la Conect ont insisté sur le besoin de capitaliser le potentiel immense de la diaspora dans le développement économique de la Tunisie et ce, non seulement en apportant des capitaux, mais aussi et surtout des compétences et des réseaux internationaux.
A cet effet, Nouri et Berjeb se sont accordés sur la nécessité de mettre en place des incitations attractives pour canaliser ces investissements vers des projets porteurs.
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