Hatem Zaara, directeur de la salle des marchés chez Amen Bank, est revenu ce matin sur la dernière réunion du conseil d'administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) en date du 29 février, et qui a notamment maintenu inchangé son taux directeur, malgré certaines pressions pour une réduction à la lumière des derniers indicateurs, selon l’expert, la banque centrale prend toutefois davantage en compte le taux d’inflation, stable, que l’indice des prix à la consommation, qui lui est en repli, fait remarquer Hatem Zaara.
On peut s'attendre à une réduction du taux d'intérêt directeur de la BCT dans les prochains mois, si la tendance baissière devient structurelle au niveau de l'inflation, indique Hatem Zaara, contacté par Express Fm, mais qui aurait tout de même préféré une manouvre anticipative de la part de la Banque Centrale qui semble pour le moment perplexe quant à l’effet d’un éventuel abaissement sur l’investissement. On surveillera le prochain chiffre de l’INS sur l’inflation qui pourrait ouvrir la voix à une réduction du taux directeur, en espérant que la BCT ne se trompe pas de timing, a-t-il ajouté.
L’expert reprend les chiffres de la dernière note de conjoncture de la BCT, qui font apparaitre une amélioration de la conjoncture mondiale, notamment une hausse du taux de croissance en zone euro au 4éme trimestre 2015, une baisse de l'indice des prix des matières premières et la stabilité au niveau des taux de changes. Sur le plan national, le quatrième trimestre a permis de sortir de la récession et d’enregistrer un taux de croissance annuel estimé à 0,8%, rappelle Zaara, qui déplore à l’occasion les retards au niveau de certains chiffres, comme pour le secteur des énergies et des mines, pour lequel on ne dispose que des chiffres à fin novembre 2015, ainsi que pour les avoirs en devises, dont le rapport site le solde à fin janvier, alors qu’une baisse préoccupante de 1,5 milliard de dinars est survenue en février.
Le rapport a également omis certains indicateurs importants, souligne l’expert, à l’image de la hausse enregistrée au niveau des investissements dans le secteur électromécanique, de 286%, représentant 73 MD en un mois, et dont la moitié émanant d’investissements étrangers. L'élément le plus préoccupant pour Hatem Zaara vient du secteur bancaire, qui stagne tant au niveau des dépôts qu'à celui des crédits, c'est à se demander s'il y a un pilote dans l'avion, s'exclame l'expert. Dans ce contexte, il faudrait que le gouvernement prenne les mesures contracycliques en relançant l'investissement public pour qu’il joue le rôle de locomotive.