Tunisie Telecom a organisé le 5 novembre2020, le webinaire TechTrends dans sa première édition, traitant le sujet de l’inclusion digitale en tant que levier économique et social. Trois panels se sont succédés pour aborder ce thème et évaluer la situation de la Tunisie et son avancement dans la transformation digitale. Cet évènement qui se veut le premier d’une longue série de rencontres, s’est déroulé sous la bannière de l’opérateur national et des représentants de certains de ses partenaires dont l’UNICEF, l’UNESCO, Ericsson…
En tout, une dizaine d’intervenants ont apporté leur vision sur l’inclusion digitale et son rôle dans la nouvelle ère économique mondiale, à commencer par Tawfik Jelassi, universitaire et ancien ministre des TIC. Pour ce dernier, l’Etat doit jouer son rôle de locomotive, et faire de l’inclusion digitale un axe primordial de ses plans de développement périodiques. Il s’agira principalement de réduire la fracture numérique en généralisant l’accès à Internet et en réduisant les « zones blanches », avec des mesures d’encouragement et d’incitation fiscale pour les initiatives numériques.
La parole est ensuite passée à Christopher Fabian, qui a présenté le projet GIGA relevant de l'UNICEF et dont le but est de connecter toutes les écoles du monde à Internet. Il s’agit d’un projet colossal de 500 milliards de dollars, qui met en pratique le triangle financement-produit-infrastructure à une échelle globale, avec le concours du géant Ericsson, qui procède au mapping des besoins par pays. La directrice du programme connect to learn chez Ericsson, Zohra Yermeche, a enchainé justement, sur le rôle du secteur privé dans ses plans internationaux, apportant leur expertise et leur concours aux gouvernements pour cataloguer les besoins, mettre en place des programmes éducatifs adaptés et jouer le rôle de mentors pour assister les jeunes et les enseignants dans l'apprentissage de l'outil digital. La finalité sera de préparer les jeunes aux exigences nouvelles du marché du travail et donner à tous des chances égales devant les transformations que connait le monde.
De son coté, Borhen Chakroun, Directeur de l’éducation et de la formation chez l’UNESCO a rappelé que la moitié des ménage tunisiens n’ont pas accès à Internet, une fracture numérique actuellement aggravée par la crise sanitaire et les inégalités sociales. Dans le monde 1,6 milliards d’élèves sont dans l’obligation de poursuivre leur cours à distance, la moitié n’est pas connectée a fait savoir le responsable. Pour ne pas courir le risque d’une génération perdue, Il est primordial de conjuguer les efforts de tous a insisté Chakroun, des opérateurs comme Tunisie Telecom, en passant par la société civile, les investisseurs et les chercheurs. La coalition mondiale pour l’éducation a été lancée justement pour impulser le partenariat à l’échelle globale. Chakroun a insisté sur la nécessité de travailler sur la valeur ajoutée de la connectivité plus que la connectivité proprement dite, des initiatives telles que le campus international des compétences, ont pour but d’orienter les efforts vers l'employabilité, avec des partenaires comme huwaei, microsoft, profuturo, telefonica, eriksson…
Un pays comme la Tunisie peut soit devenir consommateur dans le « supermarket digital » selon les propos de Borhen Chakroun, ou créer un écosystème national qui contribue à la production mondiale.
Pour MOEZ Kamoun, consultant chez PWC, il existe en Tunisie plusieurs éléments susceptible d’être convertis en levier de croissance pour la transformation digitale, un taux de pénétration très élevé pour la téléphonie mobile, un réseaux bancaire et postal qui maillent la structure d’accueil, un taux de bancarisation encore relativement faible qui offre un important potentiel d’extension , mais aussi des facteurs d’exclusion digitale, rural/urbain, homme/femme et formel/informel. Autant d’éléments qui peuvent servir d’accélérateurs, d’autant plus qu’une stratégie nationale pour l’inclusion financière existe, avec des instances de supervisions, les initiatives de la banque centrale de Tunisie (bct lab, stand box réglementaire..) et les programmes nationaux comme le startup act avec plus de 300 structures labélisées...Moez Kamoun voit donc un socle idéal pour un travail en profondeur en faveur de l’inclusion digitale. Pour cela, il faudra des actions d’envergure, comme l’harmonisation du cadre réglementaire et la mise en place d’avantages, la facilitation les conditions bancaires, la création de synergies entre opérateur Telecom, institutions financières et régulateurs, l’ensemble opérant dans une logique de complémentarité. Il faudra aussi travailler sur le déficit d'indicateurs économiques spécifiques pour le pilotage de la transformation digitale et évaluation du degré d'avancement
RYM Jarou, CEO de SMART est revenue sur les récents évènements liés à la crise sanitaire, où le pays a connu une « ouverture win-win » sur l'écosystème technologique », avec 261 initiatives dont 32 ont été validées et une dizaine déployées, toutefois sans contrainte car basées avant tout sur le volontariat. Il s’agit désormais d’assurer de bonnes conditions d’avancements et adapter le cadre de travail pour être plus réactif et plus agile dans un contexte hors crise, sans toucher aux règles de transparence et de compétitivité et en suivant le rythme de la technologie
Pour le mot de la fin, le PDG de Tunisie Telecom, Samir Saied a pris la parole. L’ancien PDG de la STB a fait remarquer que la Tunisie se trouve devant une opportunité très importante pour se relancer à l’échelle mondiale, après avoir raté le coche dans les années 90 et s’être vue freinée dans la montée en valeur. L’économie tunisienne est restée une économie basée sur la main d’œuvre bon marché, et peut aujourd’hui, grâce au digital rattraper son retard. Selon le PDG, il est temps d’offrir aux PME tunisiennes le moyen de monter graduellement dans l'échelle de maturité digitale, et que la digitalisation soit un moyen de lever les masses. Pour Saied, dans un monde agile le système anglo-saxon devrait remplacer le droit écrit à la française, un système de jurisprudence qui permettrait de libérer la Tunisie des tonnes de lois qui la paralyse. Samir Saied a à ce propos souligné le cadre réglementaire relativement complexe dans lequel l’opérateur national traite avec les startups, les mêmes difficultés qu’il a observées en tant que PDG de la STB, notamment pour les partenariats avec les Fintechs.
La première édition de TechTrends bien Tunisie Telecom s’est ainsi achevé, le prochain rendez-vous est dans 3 mois a signalé Samir Saied, il tournera autour de l'Intelligence Artificielle et de l'industrie 4.0.
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