L'économie mondiale risque "une décennie de performances décevantes" sans réformes globales, prévient la Banque Mondiale

La Banque Mondiale a publié le 5 janvier, sa dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales. Après une contraction de 4,3% en 2020, atténuée par le redémarrage plus solide en Chine et une contraction moins sévère que prévu dans les pays avancés, la reprise de l'économie mondiale fait face à la faiblesse persistante attendue de l’activité économique et des revenus, prévient l'organisation, qui table sur une progression de 4% en 2021, "à condition que le déploiement initial des vaccins contre la COVID-19 débouche sur des campagnes massives de vaccination tout au long de l’année".

Ainsi, le PIB américain devrait rebondir à 3,5 % en 2021. La zone euro devrait afficher une croissance de 3,6 % en 2021, après un repli de 7,4 % en 2020. Au Japon, l’activité devrait progresser de 2,5 % en 2021, après une contraction de 5,3 % en 2020. Le PIB global des marchés émergents et des économies en développement (EMDE), Chine comprise, devrait croître de 5 % en 2021, après une contraction de 2,6 % en 2020. L’économie chinoise devrait bondir de 7,9 %, contre 2 % en 2020. Hors Chine, les prévisions pour le groupe des EMDE tablent sur une hausse de 3,4 % en 2021 après un recul de 5 % en 2020. L’activité dans les économies à faible revenu devrait progresser de 3,3 % en 2021, après un repli de 0,9 % en 2020.

 La Banque Mondiale compte parmi les priorités, de favoriser un cycle d'investissement porteur d'une croissance durable et moins tributaire de la dette publique, parallèlement aux efforts pour endiguer la pandémie.

Selon David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, l'enjeu est de transformer la dynamique de reprise timide en une base de croissance solide. Les décideurs doivent "donner une impulsion décisive aux efforts visant à améliorer l’environnement des affaires, accroître la flexibilité du marché du travail et des produits et renforcer la transparence et la gouvernance.".

La Banque Mondiale a aussi prévu es scénarios plus pessimiste, avec une reprise de seulement 1,6% en 2021 si la contamination persiste en hausse et que les campagnes de vaccination ne sont pas mis en place efficacement. Dans le cas inverse, le rythme de croissance pourrait frôler les 5%, souligne toutefois le rapport.

Ayhan Kose, vice-président par intérim de la Banque mondiale pour la division Croissance équitable, finance et institutions, a mis l'accent sur la vulnérabilité des économies émergentes et en développement, face au risque d'une croissance atone qui pourrait exacerber davantage le fardeau de la dette et d’éroder la capacité des pays emprunteurs à en assurer le remboursement.

En conclusion, la Banque Mondiale estime que l'économie mondiale risque d'entamer une décennie de performances décevantes sans réformes globales.  Les réformes institutionnelles pour stimuler une croissance organique seront particulièrement cruciales dans ce contexte de précarité budgétaire et de risque de surendettement.

La Banque Mondiale a par ailleurs mis en garde contre la poursuite du recours par les banques centrales aux programmes d’achats d’actifs, qui pourraient, à la longue, s'apparenter à un mode de financement des déficits budgétaires, et risquent dans ce cas "d’éroder l’indépendance opérationnelle de la banque centrale, d’affaiblir la monnaie avec, à la clé, un possible désencrage des anticipations d’inflation, et d’accroître les inquiétudes entourant la viabilité de la dette.".

 

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