L'économiste Hechmi Alaya était invité ce matin au micro d'Express Fm pour passer en revue la situation actuelle de l'économie tunisienne, dans un entretien qui coïncide avec le démarrage aujourd’hui même des consultations pour la mise en place d'un éventuel gouvernement d'union nationale.
Hechmi Akaya avait auparavant plaidé pour des mesures jugées impopulaires, comme la baisse des salaires de 20%, la dévaluation du dinar ou l'allégement de l'administration. Force est de constater qu'après plusieurs années de politique de relance par l'endettement, la Tunisie commence à payer la facture, selon Alaya, avec notamment la glissade du dinars qui se poursuit et devrait se prolonger, après plusieurs années de baisse de la productivité, d'accentuation du déficit commercial et extérieur en général aggravé par la chute des revenus du tourisme et la baisse des transferts des tunisiens résidents à l'étrangers (TRE), etc, autant de facteurs qui ont contribué à l'effondrement de la compétitivité de l'économie nationale.
Cependant l'économiste ne voit pas tout en noir, certains indicateurs sont bel et bien en amélioration même si les médias ne semblent pas s'attarder dessus, explique Hechmi Alya, en référence aux intensions d'investissement des tunisiens, en hausse cinq mois de suite depuis janvier selon les chiffres fournis par l’APII jusqu’à fin mai, et de 26% en rythme annuel.
Cette tendance est confirmée par l'annonce par l'INS d'une hausse des importations de matériaux et biens d’équipement destinés aux investissements de plus de 10% au mois de mai. Du coté de l'investissement publique, la tendance est nettement haussière fait remarquer Alaya, avec une progression de la part des dépenses d'investissements dans le budget de l'Etat, s'élevant à 11,3% sur les quatres premiers mois de l'année, contre 7,5% en 2015 et 5,8% 2014.
S’agissant justement du Budget de l’Etat, Hechmi Alaya s’inquiète de la stagnation des recettes fiscales aux alentours de 6,3 milliards de dinars depuis 2014, alors que les dépenses sont en progression, comme sur les quatre premiers mois de l’année 2016 où elles ont crû d’un peu plus de 30% en glissement annuel, et restent hautement dominées par la masse salariale. Le service de la dette (2 milliards de dinars) absorbe quant à lui plus que la totalité des recettes touristiques (0,6 milliards de dinars) et des transferts des TRE (1,1 milliards de dinars) selon les dernières statistiques publiées par la Banque Centrale.
S’agissant du secteur touristique, aucune amélioration n’est en vue, fait remarquer Hechmi Alaya, qui s’attend à une année 2016 encore plus désastreuse que 2011, du moins jusqu’à la fin des cinq premiers mois et en comparant le nombre d’arrivées et les recettes du secteur. Hechmi Alaya va plus loin, évoquant la « clochardisation » du tourisme tunisien, la recette moyenne par touriste est d’à peine 140 DT, a-t-il expliqué, soulignant par ailleurs l’offre touristique très limitée dans notre pays.
En conclusion, Hechmi Alaya s’attend à une croissance encore faible autour de 2%, qui pourrait plus tard monter à 3% en cas de dénouement de la crise actuelle, auquel cas et le pays se doterait d’un gouvernement ayant une vision claire, sérieuse et synchronisée. La croissance faible se fera encore au prix de l’accentuation de l’endettement de l’Etat dont le cumul devra être supporté par les générations futures, insiste Alaya.
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