Depuis la première réunion d’information de juin dernier, l’équipe de
l’administrateur judiciaire de
Tunisie Lait, s’est attelée à rapprocher les points de vues entre les
différentes parties, bailleurs de fonds, petits et gros actionnaires et anciens
et nouveaux -potentiels- investisseurs compris, pour valider et donner corps à
l’un des scénarii de sauvetage proposés initialement.
Un plan de redressement sous une composante statique bien élaborée a pu ainsi
être établi pour équilibrer la structure du passif de la société et la remettre
sur les rails. Ainsi, il a été convenu que la société réduise son capital social
de 60% seulement au lieu des 100% proposés au départ, et ce pour ne pas léser
les petits porteurs et les actionnaires historiques qui l’ont accompagnée tout
au long de son parcours. Cette réduction servira à résorber une partie des
pertes cumulées qui pourront s’élever à 22MDT fin 2005 compte tenu de la perte
prévue pour cette année et estimée à 6MDT. Le coup d’accordéon prévu comportera,
outre cette réduction et comme veut l’usage, l’injection d’argent frais, qui
sera d’un montant équivalent à 8,1MDT. Les fonds propres s’élèveront, du coup, à
28,8 MDT contre -0,2MDT avant l’opération d’assainissement. Plus intéressant
encore, ce plan de redressement s'appuie sur l'engagement tacite -c’est fait-
des principaux créanciers de
TLAIT, notamment la
BNA, la
BH et la
STB, d’abandonner une partie de leurs dettes pour un montant de 10,5 MDT
(30% du total dettes LT) et de convertir un montant équivalent en capital. En
outre,
TLAIT se désengagera de certains actifs non stratégiques pour l’équivalent
de 3,4MDT pour le compte de la
BNA en contrepartie d’un abandon de créances supplémentaires. Les trois
actions combinées ramèneront les dettes bancaires LT de la société de 38,4MDT à
14MDT. La société se retrouvera, ainsi, avec un passif moins contraignant au
niveau de ses comptes d’exploitation et une meilleure assise financière avec des
ressources permanentes en adéquation avec les actifs immobilisés. Ces derniers
s’élèvent, rappelons-le, à 30,7MDT et constituent la véritable richesse de la
société.
En somme, la société devrait avoir, après une telle restructuration, une fière
allure. Toutefois, les chances de réussite de cette entreprise restent
conditionnées par la capacité du nouvel investisseur à redresser l’exploitation
et à rentabiliser le matériel de production de
TLAIT qui demeure largement sous-exploité. La
BNA, chef de file de l’opération d’assainissement en sa qualité de premier
actionnaire et premier créancier de
TLAIT, est en train de recevoir et d’étudier les intentions d’investissement
émanant de certains groupes privés intéressés par une présence stratégique dans
l’affaire. Ceci paraît encourageant après l’échec des deux précédentes
tentatives de privatisation de la firme de Sidi Bou Ali.
Il est à noter enfin que la mise de fonds du nouvel investisseur servira à
financer les investissements de la société, notamment, en matériel de transport,
en logistique de distribution et en marketing et à soutenir les composantes
cycliques du besoin en fonds de roulement. Une garantie est accordée au nouvel
investisseur pour qu’il monte de 32% à plus de 50% dans le nouveau capital. Cela
pourrait s’effectuer à travers un Compte Courant Associés (CCA) ou via la
rétrocession des participations bancaires dans le cadre d’un contrat de portage
dont les termes et les conditions de sortie restent négociables. Dans les deux
cas de figure, le nouvel actionnaire s’assurera le contrôle de l’entité (jusqu’à
74% du capital). Une sorte de clause de préemption qui lui est octroyée à la
hauteur du risque qu’il devrait prendre. En conclusion, ce plan concocté et fait
sur mesure pour sauver
TLAIT n’a pas omis de réunir tous les facteurs de succès pour inciter les
investisseurs qui étaient jusque là récalcitrants à s’aventurer dans l’industrie
laitière tunisienne qui recèle malgré les difficultés récentes un très fort
potentiel....(Suite)
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