Malgré un arsenal juridique, technique et réglementaire
conforme aux meilleurs standards internationaux, le marché boursier tunisien,
comparé à d'autres places financières arabes (Egypte, Jordanie, Maroc, Emirats
arabes Unis), est encore de petite taille, dominé par le secteur bancaire (56 %
du marché) et caractérisé par une faible liquidité.
Sur 49 sociétés cotées en bourse, seules 17 font
effectivement objet de transactions et sont considérées comme « liquides ».
Pour identifier d'autres voies pour le financement de
l'économie tunisienne et renforcer la contribution du marché financier à la
réalisation des objectifs du développement, un atelier de travail a été
organisé, vendredi, à Tunis sur le thème «les alternatives au financement
bancaire» par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) et le Centre
International de l'Entreprise Privée (CIEP).
Selon le directeur général de «Tunisie valeurs », M. Fadhel
Abdelkafi, le marché boursier tunisien a connu un regain d'activité en 2006,
mais il s'agit de lentes avancées encore en décalage avec la dynamique du monde
des affaires.
Intervenant sur l'état des lieux et les perspectives
d'avenir du marché boursier, le conférencier a estimé que la bourse de Tunis,
détenue à hauteur de 29 % par les investisseurs étrangers, ne joue pas un grand
rôle de financement de l'économie dans la mesure ou elle ne finance que 8 % de
la FBCF privée (formation brute de capital fixe ou investissements des
entreprises productives), un pourcentage encore très loin de l'objectif fixé
pour l'an 2009, soit une contribution de 20 %.
La loi de finances 2007 apporte une grande avancée à
travers les nouvelles incitations fiscales (exonération des plus values de
cession des actions et parts sociales et autres), mais selon le DG de "Tunisie
Valeurs" il faut d'abord inculquer une culture boursière, équilibrer le marché
par la présence d'autres intermédiaires, consolider la présence des
investisseurs institutionnels quasi-absents et assouplir et adapter la
réglementation aux tendances du marché.
L'expert recommande, également, la levée des restrictions à
l'investissement étranger à l'image d'autres marchés émergents tels que le
Maroc, d'autant plus que les étrangers apprécient le niveau de valorisation
encore attrayant de la bourse de Tunis ainsi que le renforcement du rôle des
SICAR et l'augmentation de la participation des investisseurs institutionnels
(assurances et sécurité sociale).
M. Hechmi Djilani, directeur général d'" Hannibal Lease" a
fait remarquer que compte tenu de l'évolution du monde des affaires, la Tunisie
est appelée à élargir la palette des produits financiers et à identifier
d'autres partenaires au secteur bancaire qui demeure le financier majoritaire de
l'économie nationale. Le marché boursier est, à cet effet, un parfait candidat à
ce partenariat, a- t-il affirmé.
Outre le renforcement du rôle des SICAR, la régularisation
de l'endettement des entreprises et l'amélioration des méthodes de gestion, le
conférencier estime que les atouts pour relancer le marché boursier et améliorer
la compétitivité des entreprises résident en « la transparence comme esprit et
les fonds propres pour moyens ».
M. Chokri Mamoghli, représentant de l'IACE, considère que
la taille de l'économie tunisienne ne favorise pas l'émergence d'un marché
financer très dynamique et pourtant des entreprises publiques comme la STEG, la
SONEDE et l'ONAS gagneraient beaucoup à être totalement ou partiellement
privatisées et ensuite cotées en bourse, elles donneraient le meilleur exemple
aux privés pour encourager le recours au marché boursier.