Dans une interview accordée à Mr Jean da Luz de Tour
magazine, Mr Youssef Néji s’est exprimé sur la situation et les perspectives de
TUNISAIR.
TUNISAIR est aussi surnommée la Compagnie "zéro-morts". En effet, depuis sa
création en 1948, elle n'a jamais eu à déplorer le moindre accident mortel.
Pourtant, le dernier avatar de TUNINTER qui s'est écrasé au large de la Sicile,
a braqué les projecteurs sur la compagnie nationale, actionnaire majoritaire.
Youssef Néji, président de la Compagnie nationale s'en explique.
Jean da Luz de Tour magazine : Depuis sa création en
1948,
TUNISAIR n’a jamais connu d’accident. En revanche votre filiale charter
TUNINTER a eu récemment un gros problème en Sicile et est interdite en Italie.
TUNINTER ne bénéficie-t-elle pas des mêmes niveaux de sécurité que sa grande
soeur ?
Youssef Néji : "Votre question me donne l’occasion
de rappeler qu’en 1992, lors de la création de TUNINTER,
TUNISAIR ne détenait qu’une part minoritaire du capital. Ainsi TUNINTER a
développé tous ses services sur la base d’une autonomie totale. Depuis, la
participation de
TUNISAIR au capital de TUNINTER n’a cessé d’augmenter, mais sans engendrer
une ingérence quelconque dans l’exploitation.
TUNISAIR et TUNINTER sont donc deux compagnies totalement indépendantes
aussi bien sur le plan technique, qu’administratif et commercial. Nous nous
devons quand même de rappeler que TUNINTER est une compagnie régulière et non
charter de lignes intérieures tunisiennes, assurant certaines liaisons
régulières et charter de voisinage, et qu’elle a à son actif 95.000 décollages
sans aucun incident.
Toujours est-il, qu’effectivement, depuis le malheureux
accident qu’a connu TUNINTER en Sicile, nous avons engagé une profonde réflexion
sur nos relations qui a abouti à mettre à sa disposition tout notre savoir faire
dont la notoriété n’est plus à démontrer."
Jean da Luz de Tour magazine : Pouvez-vous mieux
nous préciser les rapports entre les 2 compagnies ?
Youssef Néji : "Je me dois de lever, je l’espère
définitivement, cette confusion. Comme je viens de vous l’expliquer, TUNINTER
n’est pas la filiale charter de
TUNISAIR. TUNINTER est une compagnie régulière spécialisée dans le transport
domestique et qui a sa propre activité charter, relativement secondaire, qui
concerne uniquement le Sud de l’Italie.
Quant à
TUNISAIR, elle assure elle-même, par ses propres avions, son activité
charter qui représente d’ailleurs 40% de son chiffre d’affaires. Il n’y a donc
absolument aucune dualité."
Jean da Luz de Tour magazine :
TUNISAIR est bardée (JAR, ISO, PART 145……) de normes et certifications
attestant de l’importance que vous accordez à la sécurité de vos passagers. Que
pensez-vous de la Liste noire française et de celle (en projet) européenne ?
Youssef Néji : "Le technique et le personnel sont
deux éléments déterminants de la sécurité aérienne. Nous savons pertinemment
qu’un appareil mal entretenu coûte plus cher à opérer, et en cas d’accident, le
transporteur peut tout perdre.
TUNISAIR investit donc massivement dans la formation et l’entretien, ce qui
lui a permis, comme vous le dites si bien, d’être bardée de normes et de
certifications internationales.
Je peux même ajouter, qu’avant la fin de cette année,
TUNISAIR subira la dernière phase lui permettant de prouver sa conformité au
JAR-OPS et que l’année 2006 sera l’année de la certification IOSA développée par
l’IATA. La sécurité est pour nous, une priorité absolue et nous oeuvrons en
permanence pour franchir les paliers supérieurs.
Nous pensons d’ailleurs, que la « liste noire », qu’elle
soit française ou européenne est une bonne chose en matière d’information,
encore faudrait-il qu’elle soit conforme à des normes clairement établies et
qu’il y ait, pour la « liste noire européenne » une harmonisation complète des
critères entre les différents pays de manière à ne pas laisser place à certains
paradoxes...
Je voudrais aussi ajouter que si des listes noires
scrupuleusement établies seraient utiles pour renforcer la sécurité aérienne
internationale, le concept de « listes bleues » des compagnies aériennes
répondant aux normes de sécurité, proposées par la France mérite d’être
approfondie."
Jean da Luz de Tour magazine : On parle beaucoup en
Afrique d’open sky. Le Maroc en a donné l’exemple. Pensez-vous que ce type de
mesure serait aussi bénéfique au développement du tourisme en Tunisie ?
M. Youssef Néji : "De part sa position géographique
et ses relations historiques avec l’Europe, l’Afrique et le Monde Arabe, la
Tunisie est concernée par plusieurs programmes régionaux de libéralisation des
services de transport aérien. Toutes les démarches suivies se caractérisent par
une ouverture progressive du ciel.
A ce sujet, je dois rappeler la décision présidentielle du
26 Juin dernier qui ouvre les aéroports de Tozeur et de Tabarka à l’ensemble du
trafic international sans aucune restriction, à part le respect des normes de
sécurité et de sûreté.
Dans ce contexte,
TUNISAIR suit depuis toujours toutes les initiatives nationales et
internationales de libéralisation tout en se préparant aux futures échéances
avec beaucoup de sérénité, puisque depuis plusieurs années les aéroports
tunisiens accueillent chaque saison plus de cent compagnies aériennes charter."
Jean da Luz de Tour magazine : Comment se porte
TUNISAIR et comment voyez vous évoluer le transport aérien face à la hausse
constante du carburant ?
Youssef Néji : "TUNISAIR
se porte bien dans un contexte actuel particulièrement difficile pour le secteur
aérien, compte tenu de la flambée des cours du pétrole. Pour y parer, la
compagnie a opté pour une approche articulée autour de trois axes :
• Mise en place d’une politique adéquate de couverture du
risque de la hausse des cours Pétroliers;
• Amélioration des indices de la productivité commerciale
de la compagnie par une révision à la hausse de l’objectif du coefficient annuel
de remplissage des vols et par l’optimisation de l’affectation des moyens
humains et matériels ;
• Répercussion partielle de la hausse du brut sur le prix
des billets, par le biais de la surcharge carburant. Hausse modulable en
fonction de la stratégie concurrentielle et des spécificités de chaque marché.
Ces mesures devraient nous permettre d’enrayer, ne
serait-ce que partiellement, l’augmentation du prix du carburant et d’évoluer
positivement dans un contexte aérien particulièrement perturbé."
TUNISAIR en quelques chiffres :
5500 salaries
3 625 000 passagers en 2004, prévisions 2005 : 3 843 000
passagers soit 6% d’augmentation
29 avions d’une moyenne d’age de 7 ans
67% coefficient de remplissage en 2004, prévisions 2005 71%
de cr
700 vols par semaine en 2004, prévisions 2005 : 730 vols
par semaine
14.487 tonnes de fret 2004, prévisions 2005 : 14 602 tonnes
de fret
643 millions de dollars de chiffre d’affaires
Propos recueillis par jean da
luz – Tour Magazine 28/09/2005
Amen Invest.