Réunis en AGO le 23 septembre 2011, les actionnaires de TUNISAIR ont exprimé sans retenue leur lassitude sous le regard du nouveau PDG de la compagnie, M. Mohamed Thamri et des membres du conseil d’Administrations vivement critiqués par les intervenants, et dont certains ont été priés de laisser leurs places à d’autres administrateurs plus compétents en matière de transport aérien. La session tenue avec un retard de prés de trois mois, entre autres à cause des revendications sociales qui ont entravé la marche de la compagnie selon M. Thamri, a connu des moments de tension après la lecture des rapports des commissaires aux comptes. Les actionnaires réclament la démission des membres du Conseil d’Administration qui ont assisté à la gestion calamiteuse de la société laissant libre cours à l’entourage de l’ancien président d’abuser de ses ressources. Les commissaires aux comptes actuels et ceux qui les ont précédé ont été aussi mis à l’index. A ce sujet, le management a assuré les actionnaires qu’un nouveau mode de gouvernance est à l’étude, impliquant des changements au sein du Conseil.
S’agissant des performances de la compagnie en 2010, les produits d’exploitation affichent une croissance de 4,8% à 1051,8 MD, les charges d’exploitation ont évolué plus vite, de 9,5% à 1059 MD, essentiellement à cause de la hausse de la facture carburant de 32%, des dotations aux amortissement et provision de 37%, d’où un déficit d’exploitation de 7,3 MD contre un résultat d’exploitation positif de 36,4 MD en 2009. Les éléments hors exploitation ont permis d’atténuer la perte de la société qui affiche un résultat net déficitaire de 3,4 MD contre 54,6 MD un an plus tôt. Au niveau consolidé, les états financiers font état d’un résultat net part du groupe de 15,9MD, en forte baisse de 77% par rapport à 2009.
Un des moments clé de la journée aura été la lecture du rapport du commissaire aux compte et les interminables réserves qu’il contient, allant de l’absence de provisions sur le redressement CNSS, estimé à 13,8 MD, aux dettes non provisionnées de l’OACA dont les pénalité de retard sont évaluées à 7,9 MD, auxquelles s’ajoutent des pénalités de retard sur les redevance impayées de Tunisie Catering non couvertes, et qui s’élèvent à 7,1 MD…Interpelé sur la question de Mauritania Airways, le PDG de Tunisair a affirmé que sa compagnie est en pourparlers avec le gouvernement pour sortir du capital de la filiale mauritanienne qui a dégagé en 2010 un déficit de 6,2 MD, contre 3,2 MD en 2009.
Une des questions chaudes de la séance a été celle relative aux deux avions achetés par Tunisair et mis à la disposition du clan Ben Ali-Trabelsi. Ces acquisitions ont été passées sous silence par les anciens managements et les auditeurs, ce qui a fait dire à certains actionnaires qu’ils se sentent spoliés et dupés puisque le prix de l’action a chuté de plus de 4 DT à moins de 2 DT depuis l’acquisition de cet avion ; Pour corriger le tir, le gouvernement à donné le feu vert au Conseil d’Administration de les céder. La compagnie a reçu des lettres d’intension pour le rachat aussi bien pour le 737 que pour le A340, en tout 5 offres sont sur la table et les ventes devraient se concrétiser après le versement des premiers cautionnements. A ce propos, M Thamri a également précisé, qu’une transaction de vente d’un avion aménagé de type ‘présidentiel’, nécessite généralement prés de 400 jours pour y être achevé. Le prix de cession estimatif n’a pas été divulgué, ce qui rend incertain le montant des plus values de cession escomptées ; Il a ajouté que l’investissement programmé pour 2011, qui concerne l’acquisition de deux nouveaux avions, a été reporté d’une année, ce qui réduira significativement les besoins de trésorerie de la compagnie pour prés de 40 MDT. Le management a du faire face à d’autres interrogations, entre autres concernant des transactions immobilières louches avec des proches de Ben Ali, la nomination des représentants de TAIR à l’étranger, la cession de la participation dans le capital de la banque UIB. M Thamri a répondu qu’une commission spéciale de la cour des comptes est à pied d’œuvre au sein de la société pour découvrir toutes les opérations délictueuses et que toutes les personnes responsables seront traduites en justice; Concernant les charges supplémentaires encourues suite aux transferts de plusieurs vols de Monastir à l’aéroport d’Ennfidha, le PDG affirme que la compagnie n’a fait que suivre le cahier des charges et la convention de concession signés par l’Etat Tunisien avec la TAV, qui gère les deux aéroports, précisant que les transferts ont surtout concerné les vols charter, et que Tunis Carthage restera le pavillon principal des vols réguliers de TAIR.