Le siège de l’IACE a abrité les AGO et AGE très attendues de TUNISAIR, les actionnaires sont venus en nombre discuter avec le management de l’exercice 2008 marqué par une contraction au niveau de l’exploitation pour la société mère et des chiffres inquiétants pour la filiale Mauritanienne, Mauritania airways. Mr Nabil Chettaoui a présidé la session secondé par son directeur financier.
Les premiers mots de Mr Chettaoui ont renvoyé sans surprise au contexte difficile dans lequel a évolué le secteur tout entier, la volatilité exceptionnelle des cours du brut et le déclenchement de la crise ont affecté même les grosses pointures au niveau international, Mr Chettaoui citant l’exemple de British Airways actuellement aux prises avec des problèmes sociaux. Sur certains points Tunisair a résisté relativement bien.
Le coefficient de remplissages tous vols confondus s'est situé à 70% et le nombre de voyageurs transportés par TUNISAIR à atteint 3,8 millions, soit une hausse globale de 6% de son trafic. La compagnie a pour la première fois franchi le cap du milliard de dinars en produits d’exploitation, à 1116,716 MD, en hausse de 16,2% par rapport à 2007. La baisse de 18% du résultat d’exploitation, à 28,781 MD découle principalement des dépenses carburant qui sont ressorties en hausse de 48% à 321 MD, relativement en ligne avec la hausse du prix moyen du kérosène (+43%). Les opérations de Hedging ont abouti à une perte nette de 4,9 MD, un moindre mal pour Mr Chettaoui qui préfère un surcoût sur les opérations de couverture plus tôt qu’une exposition aux aléas du marché du Kérosène. Rappelons que rarement les cours du brut n’ont évolué dans une fourchette aussi large qu’en 2008, avec un plus bas sous les 40$ en décembre pour le baril et un maximum à 147$ au mois de juillet. Le rapport d’activité mentionne par ailleurs le programme de maitrise de la consommation qui a permis d’alléger l’impact de la hausse du prix du kérosène avec une économie de 2,5% de la consommation représentant 8 MD.
Un autre point soulevé par les actionnaires, celui des redevances qui au 31 décembre 2008 affichaient une croissance de 10% sur une année glissante, à 261,7 MD, une situation qui échappe au contrôle de TUNISAIR selon le management qui déplore le renchérissement perpétuel que subissent toute les compagnies du monde.
On notera également le repli des charges financières de 24,6% à 15,9 MD suite à la baisse de 25% du Libor et la baisse des encours de 23%. La compagnie n’a pu stabiliser son résultat que grâce à une forte hausse des dividendes perçus de sa filiale Tunisair Handling, qui passe de 2,4 à 24 MD. TUNISAIRa dégagé un résultat net de 32,790 MD.
Pour ce qui est du groupe, les actionnaires et analystes présents n’en avaient que pour Mauritania Airways, une compagnie dont le déficit s’est sensiblement creusé pour cumuler 25,198 MD sur ses deux exercices d’activité, et dont la part du groupe est revenue en 2008 à 11,3 MD ce qui a fortement impacté sa profitabilité. Mr Chettaoui attribue cette piètre performance à la facture énergétique amplifiée en Mauritanie par des problèmes d’ordre logistique.
A l’image de la société mère TUNISAIRr SA, les achats consommés du groupe sont en forte croissance de 40,14% à 407,565 MD d’où des charges d’exploitation en hausse de 38,9% à 1351,536 MD. Les produits d’exploitations ont progressé moins vite, de 32,7%. Il en ressort une baisse significative de 45,13% du résultat d’exploitation à 41,922 MD.
Outre la baisse du résultat de la société mère on notera la situation opérationnelle de Tunisair Handling, bien que restant rentable, avec un ralentissement, dû à un événement exceptionnel, conduisant à une baisse du résultat net revenant au groupe de 25,893 à 11,357 MD. En effet, cette filiale s’est vu notifier par l’administration fiscale une amende de l’ordre de 9,031 MD, qui a été totalement provisionnée en 2008. SEVENAIR a aussi subi les aléas de la conjoncture économique, enregistrant une perte nette de 700 mille DT dans les comptes du groupe contre un bénéfice de 708 mille DT en 2007. Tunisair Technics figure quant à elle parmi les bons élèves avec un résultat intégré de 5,156 MD contre 3,703 MD un an plus tôt. Ainsi le résultat net part du groupe ressort en forte chute de 64,754 MD à 21,865 MD. Le groupe a subi, une augmentation sensible de son impôt exigible de 12,1 MD à 15,1 MD malgré un résultat courant avant impôt des sociétés intégrées largement inférieur à celui de l’année dernière, un point imputé à la résorption totale des reports déficitaires, d’après les explications du CAC.
En réplique aux demandes de certains présents, le directeur financier de la compagnie annonce qu’il sera difficile d’en découdre à court terme avec les créances litigieuses en cours d’apurement et que la réserve du commissaire au compte reviendra probablement. Rappelons que certains comptes clients sont provisionnés à hauteur de 32,377 MD.
Abordant les perspectives de TUNISAIRS.A et de ses filiales, Mr Chettaoui annonce d’emblée un résultat net attendu autour de celui de 2008, soit 32 MD pour la compagnie nationale qui entamera une légère correction de sa politique commerciale en mettant l’accent sur les marchés africains et moyen orientaux. Le recentrage sur l’activité régulière se poursuivra, avec un abandon des lignes déficitaires et non stratégiques. La compagnie tentera de dénicher toute les possibilités de compression des charges hors énergie, les opérations de Hedging étant à l’arrêt vu les conditions actuelles du marché, mais aussi, croyons-nous savoir, à la perte nette subie sur les diverses positions. Tunisair a acheté jusqu’à maintenant à un prix moyen de 80 dollars le baril, et le recours à d’éventuelle opérations de couverture dépendra de l’évolution des cours.
Pour le plan de flotte arrêté par Tunsair, pas de nouveautés en vue, le financement se fera avion par avion, et par appel d’offre, six mois avant chaque acquisition. 11 appareils de la flotte actuelle seront remplacés progressivement et sortiront selon le rythme qu’imposera l’activité au fur et à mesure des livraisons des nouvelles machines, la première rappelons-le est prévue pour 2010. Mr Chettaoui a également annoncé que suite au passage à la méthode d’amortissement par composante, ce dernier s’étalera sur une période de 14 à 15 ans, une période détendue pour TUNISAIR habitué à un amortissement plus accéléré, mais qui reste en deçà de la moyenne de la profession qui va jusqu’à 20 ans.
Interpelé à plusieurs reprises sur le sort de Mauritania Airways, Mr Chettaoui a tenté de rassurer les intervenants annonçant la réduction à 3 MD du déficit de la compagnie au terme de l’année en cours, est l’équilibre en 2010 selon les prévisions.
Enfin, l’AGO a approuvé dans sa cinquième résolution la mise en paiement à partir du 17 juillet 2009 d’un dividende de 0,050 DT par action. Cette même date à été fixée par l’AGE pour le détachement du coupon relatif à l’attribution gratuite 1/11 qui portera le capital à 106 199 280 DT. La jouissance des actions nouvelles a été avancée au 1er janvier contre une proposition initiale au 1er juillet 2009.
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