Le contexte semble être de mauvais augure pour la bourse de Tunis en 2018 avec les augmentations prévues dans la loi de finances (Impôt sur les dividendes, TVA, droit de consommation,..) et la dernière hausse du taux minimum de rémunération de l'épargne atteignant les 5%. Cette dernière décision aurait, en effet, un impact négatif sur la bourse qui inciterait certains investisseurs à se détourner du marché des actions pour se placer sur des produits ayant un meilleur rapport rentabilité/risque.
Quelles sont les retombées de la LF 2018 sur la BVMT?
1. Le secteur bancaire :
La performance du secteur en 2018 serait dans la continuité des années précédentes et plus particulièrement pour la BIAT, la BT, Attijari et la BNA. De son côté, le cercle vicieux des investissements bancaires en BTA ne semble pas prêt à se rompre. D’ailleurs, le volume de refinancement des banques ne cesse de battre des records. En outre, la hausse des prix en 2018 pousserait les tunisiens à user de leurs facilités de caisse ou d'opter pour des crédits à la consommation. Ceci représenterait une véritable aubaine pour les banques. Par ailleurs, les difficultés, que certaines entreprises auraient à confronter, impacteraient négativement le bilan des banques par une hausse des dettes et des provisions.
2. Le secteur des BTP :
Les sociétés immobilières subiraient en 2018 une double peine entre, d’une part, une hausse de la TVA de 0 à 13 %, les hausses directes ou indirectes des matériaux de constructions, et, d’autre part, la charge des dettes qui plombent leurs résultats. A cela s’ajoutent les hausses attendues du TMM, pour contrer l’inflation, ce qui rendrait le coût du crédit immobilier prohibitif. Par conséquent, il semble peu probable que la tendance des performances constatées ces dernières années changerait de direction. Cette tendance pourrait être relativisée avec une forte dépréciation du TND qui rendrait l’acquisition des biens immobiliers attractifs pour les TRE ou les étrangers.
Pour les cimentiers, l’imminente vente des parts de Carthage Cement par l’Etat pourrait créer une dynamique temporaire sur le marché du Tunindex. En revanche, la baisse des marges de gains constatée en 2017 devrait s’accentuer en 2018 avec la hausse des charges. Les sociétés de matériaux de constructions devraient ainsi subir le même sort. Le salut viendrait par l’export comme c’était le cas en 2017 pour SOTUVER ou TPR.
3. Le secteur automobile et de transport :
Bien que la LF 2018 prévoie une augmentation de l’impôt sur les sociétés pour les concessionnaires à partir de 2019, elle ne les épargne pas en 2018 avec une réduction des quotas des voitures importées et une augmentation des droits de consommation appliqués dessus. Ces changements combinés avec la hausse des prix du carburant, la hausse prévue sur les tarifs des assurances ou encore la dépréciation du TND rendraient le consommateur réticent pour changer ou acheter une nouvelle voiture et le pousserait à opter pour le marché parallèle qui deviendrait encore plus florissant grâce au système des franchises partielles des droits et des taxes dus.
Pour le transporteur aérien national dont les cours ont touché un plus bas historique en 2017, les cours des hydrocarbures sur le marché des contrats futures ne semblent pas lui préparer une bonne surprise en 2018 avec un prix supérieur de 10 % en moyenne par rapport à ceux constatés en 2017. L’entrée en vigueur de l’Open Sky dès 2018 compliquerait la vie de la société qui est loin d’être prête pour concurrencer les low cost européennes.
4. Secteur de la distribution et de l’agroalimentaire :
La hausse des prix des produits alimentaires pourrait, non seulement, faire chuter la consommation de moindre priorité pour le consommateur, mais elle l’inciterait aussi à opter pour une politique de consommation plus efficiente. Le consommateur s’orienterait, inévitablement, vers les enseignes de la grande distribution ce qui se traduirait par une augmentation de leurs chiffres d’affaires.
L’entrée en vigueur de la loi de finances 2018 laisserait son empreinte sur la bourse de Tunis avec beaucoup de secteurs impactés. Néanmoins, certains tireraient leurs épingles du jeu grâce notamment à l’export et à leur capacité d’adaptation au nouveau contexte économique. Cette première sélection de secteurs touchés en 2018 pourrait être suivie par une stratégie d’allocations de titres pour construire un portefeuille à haut potentiel.
Salah AYARI
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