Alphamena publie une note d'analyse consacrée à l'état de santé d'un panel de sociétés cotées à la Bourse de Tunis, et détenues directement et/ou indirectement par l’Etat tunisien, un document au titre plus que révélateur, puisque les analystes d'Aphamena ont choisi de l'intituler "Quand le Zombie Mange sa Propre Chair".
Pour cause, le groupe de sociétés concernées a constamment perdu de l’argent durant les cinq dernières années, souligne Alphamena, et devrait essuyer une perte globale de 34 MTND en 2015 contre un bénéfice de 174 MTND en 2010. Les sociétés étatiques constituent à ce titre, le maillon faible de la Bourse de Tunis, fait remarquer Alphamena. Sur la cote, la révolution a pesé sur les "actions" de l’Etat tunisien (-52% à la fin de 2014 comparé au 31/12/2010) avec plus de 1,130 MdTND (103 TND par habitant!) de capitalisation boursière évaporée, l’équivalent de 6,3% du budget de l’Etat 2014
Alphamena ajoute qu'avec sa politique sociale, le gouvernement tunisien semble être nostalgique à une utopie socialiste digne de l’Union Soviétique des années soixante. Le portefeuille multisectoriel traduisant le fait que l’Etat tunisien reste un acteur important de l’économie du pays, mais malheureusement pas en termes de création de valeur. Depuis 2009, les entreprises de l’Etat ont payé un salaire moyen plus élevé que celui du secteur privé, en 2014, le salaire moyen des entreprises publiques s’est élevé à 48 KTND vs. 41 KTND dans le secteur privé, note le document. Même pour les années à venir, le tableau ne devrait pas changer avec un salaire moyen de 50 KTND prévu pour les acteurs étatiques en 2016 vs. 44 KTND pour les entreprises privées.
Générant traditionnellement des marges plus élevées, les entreprises publiques ont vu leurs marges d’EBITDA s'effondrer à 19%, calcule Alphamena, reléguée loin derrière les sociétés privées qui affichent 24%. Alphamena souligne les recrutements massifs "pour calmer la foule", ajoutant que 25% des revenus réalisés par les sociétés de l’Etat ont été absorbés par la masse salariale.
L'étude s'est ensuite basée sur une simulation d'un scénario où les entreprises publiques réduiraient leur ratio Charges de personnel/CA en 2016 de 27% (actuellement prévu par AlphaMena) à 14%, soit le niveau attendu pour les entreprises privées, dont le résultat serait une économie de 417 MTND, de nature à renforcer les marges. Ainsi, la marge d’EBITDA pourrait s’améliorer à 38% (contre 24% pour le secteur privé), la marge nette passerait de 0,07% à 10,6% et le ROE augmenterait de 0,08% à environ 11% (contre 14% pour le secteur privé). Environ 8 200 employés devraient être licenciés au sein des entreprises de l’Etat pour s’aligner avec le secteur privé en termes du ratio Charges de personnel/CA (environ 13,8%), selon l'étude.
S’agissant du secteur bancaire, et à partir de 2011, la situation des banques publiques s’est détériorée, souligne le bureau d’études. Ces derniers sont désormais moins solides que les établissements privés, nécessitant la mise en place de plans de recapitalisation. En outre, les provisions additionnelles imposées par la BCT en 2013 ont contribué à l’affaissement du ratio Tier 1 des banques tunisiennes, où les établissements détenus par l’Etat ont été les plus matraqués.
Reprenant les résultats d'une revue du secteur bancaire européen, couvert par son partenaire AlphaValue, et qui met en évidence le fait que les banques européennes ont, tout au long de ces dernières années, augmenté leur Tier 1, Alphamena réaffirme la nécessité pour les banques tunisiennes d’augmenter leurs fonds propres. Par exemple, si STB était une banque dans la zone euro, elle aurait déclaré faillite avec des fonds propres négatifs (324 MTND en 2013).
Durant ces six dernières années, les banques publiques ont vu leur contribution au total actifs des établissements bancaires, diminuer de 6%. Cependant, leur poids dans le total des actifs pondérés par risque a augmenté, traduisant la dégradation de la qualité des actifs des banques de l’Etat. L'étude souligne d'autre part la flambée de la part des banques publiques dans les prêts non-performants. Parallèlement, et en se comparant à d’autres pays de la région MENA (22 banques couvertes par AlphaMena), les banques tunisiennes présentent le plus mauvais ratio Crédit/Dépôts en 2014. Pour combler ce gap, les banques tunisiennes ont cherché des ressources plus coûteuses, mettant, ainsi, leur marge d’intérêt sous pression. A partir de 2009, et en tenant compte des gains (pertes) en capital, des dividendes perçus et des augmentations de capital, les actionnaires des trois banques publiques, dont l’Etat, ont perdu environ 300 MTND (au 21/12/2015), selon Alphamena, et ce malgré la bonne performance boursière enregistrée par ces banques en 2015 (44% en moyenne).
Télécharger la note d’analyse d’Alphamena : Quand le Zombie Mange sa Propre Chair
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