Une table ronde s'est tenue hier, 10 février 2016, au siège de l'IACE à l'initiative de l'AIB et de l'Institut de Formation de la Bourse de Tunis (IFBT), consacrée aux OPCVM monétaires et les opportunités de développement des marchés de capitaux. Après le mot de bienvenue du président de l'AIB, Adel Grar, le Directeur Général de Tunisie Clearing, Maher Zouari, a pris la parole pour dresser un état des lieux du portefeuille des OPCVM au terme de l'année 2015 et les mouvements enregistrés tout au long de l'année.
A fin 2015, les fonds gérés par les OPCVM s'élevaient à 4368,4 MD, soit 800 MD de moins qu'il y a 4 ans, fait remarquer Zouari. Les OPCVM obligataires représentent 89,2% des fonds gérés, contre 11,04% pour les OPCVM mixtes et 0,04% pour les OPCVM action. Leurs stocks à fin 2015 se composait à 5% d'actions, 28% d'emprunts obligataires, 39% de valeurs du trésor et 28 % de titre de créances négociables et de liquidités et équivalent de liquidité.
S'agissant des mouvements sur l'année, la part de marche des OPCVM sur le marché primaire a atteint 12%, étant intervenus en 2015 à hauteur de 400 MD, dont la majeure partie à été allouée aux emprunts obligatoires, soit 284 MD, devant les émissions de bons du trésors, 102 MD, et les titres de capital, 13 MD. Sur la cote de la Bourse, les OPCVM représentent 9% de part de marché en matière de transactions, à hauteur de 369 MD sur l'année 2015. Sur le secondaire de gré à gré, les OPCVM ont concentré 31% du volume, à 733,8 MD.
C'est ensuite Mohamed Salah Souilem, Directeur Général de la politique monétaire au sein de la Banque Centrale qui est intervenu, pour exposer la situation du marché des titres de créances négociables, qui comme tous les marchés en Tunisie, manque de profondeur et se trouve marqué par des anomalies et des distorsions, notamment au niveau des rémunérations offertes pouvant dépasser 300 points de base sur des maturités inférieures à une année.
Pour dynamiser le marché, on peut entre autres imaginer une réduction des montants minimums pour les certificats de dépôt, actuellement de 500 mille dinars, remarque Souilem. Parmi les freins au développement du marché, Mohamed Salah Souilem site la retenue à la source et l'interdiction de rachat par les émetteurs, ainsi que l'absence d'informations et de prospectus. L'absence d'un taux de référence et d'un système de règlement-livraison sécurisé constituent également des obstacles au développement du marché, en plus du fait que les titres ne sont pas négociables sur la côte de la BVMT. Le marché des certificats de dépôts à connu une ruée à un moment, bénéficiant du plafonnement des rémunérations des dépôts à termes en 2011, plafonnement abandonné en mars 2013 engendrant un retour à la normale. A cela s'ajoute le fait que la réglementation des titres de créances négociables ne puise pas son fondement dans la texte de loi, contrairement à la France ou au Maroc, ce qui est au centre de la réflexion engagée par la BCT, indique Souilem.
L'intervention de Sébastien Bietho, CEO du cabinet de conseil Alcognis, a porté sur la configuration actuelle du marche des fonds monétaires dans le monde et en France, et les conditions préalables à leusr créations. Les fonds monétaires représentent 16% de la gestion collective mondiale, un poids qui démontre qu'il y a un vrai besoin, que ce soit pour les institutionnels, pour les banques, etc. En France, 50% des fonds dont la taille dépasse le milliard d'euros, sont des fonds monétaires, dont 9 figurent parmi les 10 plus grands fonds du pays. Pour que les fonds monétaires marchent il faudra rassurer les porteurs, et pour cela il faut qu'il y ait un marché secondaire, aujourd'hui absent en Tunisie en raison de la valorisation au coût historique. Il faut aussi une réglementation à même d'encadrer l'activité des gérants, de définir les règles d'investissements et de valorisation, et de renforcer la transparence, à ce niveau. Sébastien Bietho a insisté sur l'importance de la documentation financière, ou l'équivalent d'un prospectus pour les fonds monétaires, invitant la BCT à travailler sur cet aspect.
Rebondissant sur la question de la transparence, Ahmed Ben Jemaa, DG de Smart Finance, a relevé plusieurs anomalies à ce niveau, comme la non publication des prix ou des transactions sur les certificats de dépôts, considérant par ailleurs qu'il sera difficile d'aboutir à un marché monétaire avec la configuration actuelle.
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