La bourse a célébré le mardi 18 juin 2019 son 50ème anniversaire en organisant une rencontre qui a été honorée par la présence du chef du gouvernement, des ministres des Finances et de l’Industrie, de l’ambassadrice de Grande Bretagne en Tunisie, du représentant de la Fondation Konrad Adenaeur et de plusieurs personnalités du monde de la Finance et des affaires d’une manière générale.
Cette manifestation a aussi été l’occasion d’honorer plusieurs anciens présidents et dirigeants du marché financier qui ont occupé des responsabilités au CMF, à Tunisie Clearing ou à la Bourse de Tunis. Il y a eu également pendant cette rencontre la présentation faite par l’Institut Laamouri sur la perception de la Bourse qui a notamment mis en évidence les grandes faiblesses de la bourse telles que perçues aussi bien par les investisseurs que par les émetteurs. Le discours du Ministre des finances , après avoir mis en exergue les progrès de la Bourse essentiellement au cours des 25 dernières années, n’a pas manqué de relever ses difficultés à se hisser au niveau des attentes des autorités du pays. Ainsi sa contribution dans le financement de l’investissement privé est restée modeste à 6,5% contre un objectif de 20%. Il a aussi déploré que la bourse ne soit pas représentée par des sociétés appartenant à des secteurs clés de l’économie comme les Télécoms, l’énergie et le Tourisme. Il a aussi mentionné le faible nombre de sociétés cotées qui est à 82 et notamment l’échec du marché alternatif qui n’a réussi qu’à attirer 13 sociétés. Des problématiques plus techniques ont été également signalées comme l’illiquidité totale du marché secondaire obligataire et son corollaire sa faible attractivité auprès des particuliers.
Le 1er panel sur le financement de l’économie a soulevé les questions relatives à l’incapacité de la bourse à se substituer au financement bancaire et à doter les entreprises de plus de financements directs. La faible profondeur de la bourse, les difficultés macro-économiques, la hausse des taux, le durcissement des réglementations prudentielles ont été souvent évoquées comme la raison principale de cette situation. Réviser les réglementations obsolètes, améliorer la gouvernance du marché, instituer des solutions plus innovantes et introduire des régulations unifiées par compartiment du marché et non par secteur ont été les recommandations proposées pour améliorer le financement direct de l’économie.
Le 2ème panel sur le financement de la PME a plus porté sur les problématiques spécifiques de la PME. Le ministre de l’industrie a évoqué toutes les initiatives gouvernementales visant à faciliter le financement de la PME et les programmes initiés pour identifier des PME cibles pour des financements directs dans le cadre du programme Investia PME. La représentante de la CDC a évoqué le rôle de la CDC dans l’accompagnement de certaines PME dans leurs programmes d’investissement que ce soit en direct ou via les fonds dans lesquels cette institution participe. Fadhel Abdelkefi a, pour sa part, livré aussi un discours franc sur l’inadéquation entre les discours officiels et la réalité des difficultés du financement de la PME en évoquant les débats idéologiques et autres politiques qui entravent la mise en place de nouveaux modèles de financement.
Enfin dans son discours de clôture, le chef du gouvernement a annoncé que certaines mesures telles qu’un nouveau cadre légal plus conforme aux évolutions récentes, la création de CEA entreprises, encore à l’étude, ou l’introduction de sociétés publiques à forte capitalisation pourraient permettre de redynamiser le marché financier.
En conclusion, cette initiative bien que louable et ayant de nouveau braqué les projecteurs sur la bourse pendant quelques heures, ne parviendra probablement pas à la sortir de sa torpeur car il n’y a encore aucun catalyseur d’envergure pour créer une nouvelle dynamique propice au marché financier : Incertitude politique, croissance en berne, hausse des taux et difficultés des entreprises ont de tout temps été les principaux facteurs d’aversion à l’investissement boursier. Paradoxalement, c’est en temps de crise, en accélérant les réformes et en améliorant la gouvernance du secteur, qu’on peut préparer la reprise dans les meilleures conditions.
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