Les actionnaires de Telnet Holding se sont réunis aujourd'hui, 30 juin 2017, au Telnet Technocentre, à l'occasion de l'assemblée générale Ordinaire relative à l'exercice 2016. L'année s'est soldée, rappelons-le par un bénéfice de 1,177 MD pour la S.A et un résultat net part du groupe de  2,9 MD au niveau consolidé, contre un déficit de 18,5 MD l'année précédente. Un peu moins de 47% du capital était présent ou représenté.

D'emblée, Mohamed Frikha s'est félicité de la relance enregistrée par Telnet après la période difficile et l'affaire Syphax Airlines, le DG a rappelé à ce titre les deux événements majeures de 2016 et du début 2017, à savoir la signature avec Airbus Safran Lunchers du mémorandum Of understanding fin novembre dernier, et qui porte sur un projet de développement d'une filière spatiale, à travers la conception et la réalisation d’une capacité d’assemblage, d’intégration et de test de nanosatellites (AITC : Assembly, Integration and Test Center). Ce projet est d'une très grande importance, rappelle Frikha, à tel point que l'Etat tunisien a mis en place un comité de pilotage présidé par la FIPA.

Le secteur est appelé à connaître un développement très important dans les années à venir grâce aux avantages de la miniaturisation des composants. Les dernières prévisions présentées lors du salon du bourget en présence du président français Macron tablent sur 13 mille nanosatellites de moins de 50 kg lancés d'ici 2020, contre 7000 prévus il y a quelques mois destinés à plusieurs applications scientifiques, commerciales, sociales, agricoles etc. Le comité de pilotage a tenu sa troisième réunion au mois d'avril et les modalités du projets sont encore à l'étude et seront présentées prochainement, souligne le DG qui ajoute que  seules la Tunisie et l'Afrique du sud ont été admis dans cet écosystème avancé. Une coopération avec Ariane group est nécessaire pour le lancement des  nanosatellites portés par des fusées à partir de la Norvège. Les coûts de lancement deviennent de plus en plus compétitifs. La Tunisie n'a plus le choix que de s'embarquer dans les systèmes aérospatiaux et autres technologies avancées et capitaliser sur ses jeunes compétences dont beaucoup sont recrutées dès leurs PFE  par des firmes étrangères faute de structures adéquates. Une hémorragie qui s'est accentuée au fil des années et que l'actuel gouvernement semble s'en préoccuper.  Frikha insiste sur la stratégie de son groupe baptisé à ce juste titre "genius of technology" à retenir des chercheurs et des doctorants dans ses technocentres et laboratoires d'innovation. Telnet a scellé des partenariats publique-privé avec le technopôle El Ghazala, le ministère tunisien des technologies d'information, le fameux CNRS français etc pour développer l'axe innovation.

L'autre fait marquant de ce début d'année, la signature du closing avec le groupe Altran, qui a acquis 7% du capital de Telnet et sera un partenaire commercial et  technologique de premier choix insiste Frikha. Le leader mondial français de l'informatique scientifique et technique transférera ses activités Défense/Sécurité et Automobile dans la société commune Altran Telnet Corporation (ATC). Il détiendra 70% de cette JV contre 30% pour la partie tunisienne. Le groupe prévoit également des synergies avec Altran Maroc, étant plus porté sur le volet mécanique alors que ATC sera portée sur les logiciels embarqués...Mohamed Frikha a longuement insisté sur le fait que Telnet restera une société tunisienne,  d'ailleurs Altran n'aura même pas de siège au conseil d'administration.

Pour en revenir à l'année 2016, le groupe a enregistré une hausse de 8,3% du chiffre d'affaires R&DIP, qui représente son activité source et génère 79,66% des revenus. L'année 2016 a surtout connu une importante évolution au niveau de l'activité monétique, tirée par le renforcement du partenariat avec Ingenico, une centaine d'ingénieurs seront prochainement recrutés dans ce cadre a annoncé le DG. A l'opposée, l'activité Télécom et intégration des réseaux a connu un fléchissement de 42% des revenus, les retards d'attribution des appels d'offres nationaux et la non reconduction du contrat avec Algérie Télécom, expliquent cette évolution qui a rabaissé la contribution de ce pôle dans le CA consolidé à 9,5% fin 2016 vs 16,75% en 2015. Mohamed Frikha a indiqué que le groupe entend repositionner cette activité à l'export, notamment en France où Telnet est d'ores et déjà référencée, notamment avec Orange. Pour le pôle Service PlLM, géré par la filiale PLM-SYSTEMS, les revenus ont augmenté de 36,22% comparés à 2015. 

À noter qu'à la lecture du rapport du CAC, ce dernier, en la personne de Slaheddine Zahaf, a recommandé la constatation d'une provision de 0,600 MD en couverture des risques inhérents à l'activité du groupe. 

Un des actionnaires présents a interpellé Mohamed Frikha sur le dossier Syphax dont les dettes envers Telnet s'élèvent à 18 MD, le DG a profité de cette intervention pour revenir sur les entraves et les blocages qu'il a subit selon ses termes et qui expliquent en grande partie la situation de la compagnie. Le CAC est à son tour intervenu pour pointer du doigt le ministre de l'époque, et même le syndicat de Tunisair qui ont joué un rôle prépondérant et pesé sur le sort de la compagnie. A cela s'ajoute l'environnement Général du pays et les spécificités du secteur où les 3 premières années sont toujours difficiles. La tentative de rapprochement à la recherche de synergies entre les deux entités n'a pas fonctionné, a rappelé le DG, il n'en demeure pas moins que l'intention était bonne et dans l'intérêt de Telnet. Frikha a assuré que les prochaines semaines apporteront de bonnes nouvelles pour Syphax qui honorera ses engagements envers Telnet et les autres créanciers. Sur le contentieux avec Attijari Bank, Frikha a assuré que le litige sera réglé dans de bonnes conditions, le CAC Slaheddine Zahaf a expliqué que l'affaire n'a pas fait l'objet de réserves ou de recommandation de provisionnement, puisque Mohamed Frikha s'est engagé par écrit à régler le montant  le cas échéant contre une main levée au profit de Telnet. Le même actionnaire a relevé la présence de Adel Grar au sein du conseil d'administration en tant que représentant des petits porteurs, ce à quoi Mohamed Frikha a répondu qu'une Assemblée sera tenue pour la désignation d'un nouvel administrateur à ce poste, Adel Grar, que la direction n'a pas réussi à joindre, s'étant engagé de son propre gré à présenter sa démission en vertu de ses nouvelles fonctions. Voulant se renseigner sur la sortie de la CTKD, frikha a fait remarquer que les koweitiens ont toujours soutenu la Tunisie depuis l'ère Bourguiba. Ils ont voulu agir en investisseurs financiers sans plus. Les petits porteurs n'ont rien pu obtenir sur le pacte qui liera désormais les gros actionnaires de Telnet. Une chose est sure, le public qui représente plus de 40% du capital sera garanti de la stabilité de l'actionnariat majoritaire même si Beaucoup d'éléments restent confidentiels, selon les propres propos du DG. Telnet est considéré comme un joyau technologique national unique dans son genre et qui soit d'un intérêt stratégique, ce qui pousse les actionnaires à pardonner à son fondateur ses errements dans le dossier Syphax et à lui rester fidèle. Comme lors de la communication financière, Frikha a rassuré les présents que Telnet ne sera pas délesté de ses activités innovantes a fortes marges puisqu'elle continuera à travailler en toute autonomie avec les leaders mondiaux sur ses autres lignes de métiers. Le groupe emploie 467 ingénieurs en 2016 contre 388 en 2015.

Un autre actionnaire a interrogé la direction sur les filiales Telnet Consulting, le groupe se concentrera sur ses entités en France et en Allemagne, et mettra  en veille celles de Dubai et des États Unis, a indiqué Frikha. Pour ce qui est des actifs immobiliers, les travaux d'évaluation ont été finalisés et attendent l'approbation du juge pour le rapport final. Frikha a tenu à préciser que par souci de transparence envers les actionnaires, il a tenu lors de l'introduction de Telnet en bourse a ne pas exclure les actifs immobiliers qui ont une valeur substantielle de la holding malgré la recommandation de ses conseillers à l'époque.

 Sur le volet prévisionnel, Mohamed Frikha s'attend à un dépassement des prévisions pour 2017, prévisions qui tablent sur un chiffre d'affaires consolidé de 45,5 MD, un EBITDA de 5,873 MD, et un résultat net de 3,6 MD. Pour 2018 et 2019, Zahaf a conseillé au management d'attendre à ce que les choses se clarifient davantage avant d'avancer des plans d'affaires ou de se prononcer sur des dividendes exceptionnels.

Un dividende de 200 millimes sera distribué à partir du 4 août.