Tunisie : Le plein d’énergie.[Suite]

Alors que l’économie tunisienne connaît une période de
croissance et que la demande énergétique est à la hausse, le pays s’efforce de
trouver des ressources d’énergies pour un développement durable à long terme.

La Tunisie dispose de réserves prouvées de pétrole estimées
à 308 millions de barils, ce qui est relativement faible comparé à l’Algérie et
à la Libye, qui possèdent respectivement 11,8 milliards et 39 milliards. Quant à
ses réserves de gaz naturel, qui s’élèvent à 2,8 trillions de pieds cubes, elles
sont très modestes si on les compare à celles de ses voisins algérien et libyen,
qui détiennent respectivement 160,5 trillions et 53 trillions.

La consommation pétrolière nationale s’est envolée ces
dernières années, pour atteindre le niveau record de 53,7 millions de barils en
2005, tandis que la production s’élevait à 50 millions de barils. En 2005, le
déficit généré par l’importation pétrolière a coûté au pays 63 millions de
dollars supplémentaires par rapport à l’année précédente. Le gouvernement n’a eu
d’autre choix que de combler le déficit budgétaire et l’inflation qui résultent
de la facture énergétique, grâce à de généreuses subventions – selon la presse
locale, les dépenses pour 2005 ont représenté plus de 389 millions de dollars.

Pendant ce temps, le prix de l’essence à la pompe ne cesse
d’augmenter. Cette année, le prix est passé de 0,62 dollars le litre à 0,85
dollars le litre. En outre, étant donné la croissance du pays, la reprise de
l’activité industrielle et la construction de nouvelles zones résidentielles, la
consommation nationale est amenée à poursuivre son ascension vertigineuse. Par
conséquent, afin de pallier aux besoins à venir, il est essentiel pour le pays
de diversifier son approvisionnement énergétique. Plusieurs stratégies ont été
adoptées simultanément afin de relever le défi.

L’objectif principal est de maintenir, voire augmenter, la
capacité de production d’hydrocarbures actuelle. Les principaux gisements de
production tels que El Borma et Ashart, qui fournissent l’essentiel de l’énergie
domestique, montrent des signes de déclin. British Gas a réalisé d’importants
investissements afin de moderniser le champ gazier de Miskar et de prolonger sa
durée de production actuelle.  La production de Miskar, qui s’élève à environ
5,56 millions de m3/jour, représente à peu près la moitié des besoins en énergie
domestiques. Le groupe entend officiellement conserver sa place de principal
fournisseur de la Tunisie en gaz naturel. Derek Fisher, Président de British Gas,
a déclaré à OBG : « Nous avons jusqu’à présent investi 1,2 milliards de dollars
en Tunisie et nous sommes sur le point de doubler ce montant ».Le démarrage de
la production de gaz à partir de la nouvelle plateforme de Hasdrubal (située
dans le Golfe de Gabès) est prévu pour 2009. A terme, ce champ gazier pourrait
satisfaire jusqu’à 20-25% des approvisionnements domestiques en gaz, ainsi qu’un
minimum de 20% de ses besoins en GPL. Du pétrole léger a également été trouvé
dans ce champ.     

Le gouvernement a pris les mesures législatives et
financières nécessaires pour encourager les efforts d’exploration. Une loi
passée en novembre 2006 a permis à la société nationale ETAP d’obtenir un statut
d’opérateur, ce qui l’autorise à entreprendre des activités d’exploration en
Tunisie et à l’étranger. En 2006, une enveloppe de 155 millions de dollars a été
allouée à ces activités d’exploration, ce qui représente une augmentation
importante par rapport aux années précédentes. Ce sont 16 nouveaux projets
d’exploration qui ont été enregistrés en 2006, amenant le chiffre total à 52.
British Gas s’est engagé à augmenter ses activités d’exploration au large du
Golfe de Gabès, et si les résultats s’avèrent concluants, de nouveaux projets
pourraient voir le jour dès 2013 ou 2014. Shell, après 16 années d’inaction, a
remporté l’exploitation de deux blocs offshore au large de la Méditerranée parmi
d’autres opérateurs en activité. 

Cette stratégie d’exploration commence à porter ses fruits.
Le dernier projet en date à avoir commencé sa phase de production a été inauguré
le 14 novembre. Le gisement d’Oudna est le plus grand site de forage pétrolier
offshore de la Tunisie. Situé dans le Golfe de Hammamet, il couvre une capacité
de 15 000 barils par jour. L’ensemble de ces nouveaux projets renforcera de
façon sensible les capacités indigènes du pays. Selon certains observateurs, la
Tunisie devrait voir sa production pétrolière doubler cette année, et augmenter
de 80% l’année suivante. Pour ce qui est du gaz naturel, la production des
champs de Miskar et d’Hannibal devrait augmenter de 5 à 10% avant de se
stabiliser pendant quelques temps. Dans l’ensemble, la production tunisienne
pourrait connaître une croissance de 11% en 2007, alors que la consommation
augmentera de 2%.   

Ceci étant dit, certains doutes persistent à savoir si ces
nouvelles richesses en hydrocarbures permettront de couvrir à terme
l’accroissement soutenu de la demande d’énergie de la Tunisie. Les autorités
tunisiennes ont conscience de la situation, et s’efforcent de diminuer leur
dépendance pétrolière. Pour y faire face, le gouvernement s’efforce de
promouvoir le recours à l’énergie renouvelable. La Tunisie offre un vaste
potentiel de développement de l’énergie éolienne et solaire au nord-est et au
sud du pays. La Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG) a récemment
décidé de renforcer la capacité de production d’électricité d’origine éolienne
du pays à 180MW, grâce à la construction de trois nouvelles centrales éoliennes
d’une capacité totale de 120MW. Le 30 novembre, la Tunisie a adhéré au
Partenariat pour les Energie renouvelables et la Maîtrise de l’Energie (Renewable
Energy and Energy Efficiency Partnership – REEEP), devenant ainsi le 34ème pays
signataire. REEEP apportera son soutien au gouvernement tunisien pour faciliter
la mise en place de nouvelles sources d’énergies renouvelables, en déployant les
mesures législatives, régulatrices et financières nécessaires.

Plus surprenant, la presse locale a publié un communiqué
selon lequel Président Ben Ali aurait chargé la STEG d’entamer l’élaboration des
études pour la réalisation d’une centrale nucléaire en 2020. Dotée d’une
capacité de 900MW, cette centrale augmenterait la capacité de production
électrique du pays de 20%.  Les études de faisabilité seront conduites durant
ces quatre prochaines années, et permettront d’évaluer  les enjeux techniques,
économiques et politiques autour de ce projet.

OBG

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